Engie (ex-GDF) va dire adieu au charbon, annonce Ségolène Royal

La ministre de l’Écologie et de l’Énergie Ségolène Royal a annoncé mercredi 14 octobre que le groupe français Engie (ex GDF-Suez), détenu à 33 % par l’État, allait cesser ses investissements dans le charbon : “L’État, à la suite de la décision du Président de la République, arrête de subventionner les investissements dans le charbon”, a annoncé la ministre sur RMC et BFM TV.

“Les entreprises françaises vont retirer leurs investissements dans le charbon, et Engie s’y est d’ailleurs engagé”, a indiqué Ségolène Royal, qui a déclaré que l’entreprise “va programmer la fin des investissements dans le charbon”.“Il faut être logique”, a plaidé la ministre : 
 

“On ne peut pas d’un côté déplorer les effets catastrophiques du dérèglement climatique et de l’autre continuer à investir dans les énergies fossiles. Il faut de la rigueur et un bon ordre des choses”.

Une déclaration qui a conduit les ONG environnementales à réclamer des “garanties” de la part de l’industriel. “L’annonce de Ségolène Royal doit être accueillie avec prudence”, a réagi Malika Peyraut des Amis de la Terre  dans un communiqué commun à plusieurs ONG. “Nous attendons des garanties : un plan de sortie du charbon d’Engie à horizon 2020, qui soit à la hauteur de l’enjeu climatique et social”, a-t-elle ajouté.

Plus de centrales à charbon en Turquie et en Afrique du Sud

Mais du côté de l’entreprise, qui a confirmé l’information dans l’après-midi, un tel plan n’a pas été mentionné pour l’instant. 

“Nous avons pris la décision de ne pas lancer de nouveaux projets dans le charbon”, a annoncé à son tour à l’AFP une porte-parole du groupe, précisant que la décision avait été prise lors du conseil d’administration du groupe qui s’est tenu les 12 et 13 octobre.

“C’est une décision mûrement réfléchie”, a souligné la porte-parole d’Engie, motivée à la fois par les préoccupations écologiques et par les doutes sur la rentabilité de ces projets. Cela signifie que les projets d’investissement d’Engie dans des centrales à charbon en Turquie et en Afrique du Sud “ne se feront pas”, a explicité la porte-parole. En revanche, “les engagements dans les projets en cours sont maintenus”, tel que celui d’une centrale à charbon en Mongolie, et les centrales fonctionnant déjà ne seront pas fermées.

Engie, entreprise partenaire de la conférence mondiale sur le climat organisée à Paris du 30 novembre au 11 décembre (COP 21), détient actuellement une trentaine de centrales à charbon qui émettent 81 millions de tonnes de CO2, selon Les Amis de la terre, soit l’équivalent des émissions d’un pays comme les Philippines.

Gaz et renouvelable

Plusieurs ONG environnementales ont écrit le 7 octobre une lettre ouverte au Président de la République François Hollande pour lui demander de prendre position contre les investissements français dans le charbon à l’étranger par les entreprises dont l’État est actionnaire principal, et notamment de mettre fin au projet de la centrale à charbon en Turquie mené par Engie.

Le groupe faisait toutefois valoir fin septembre auprès de l’AFP que le charbon représentait 15 % de ses capacités de production d’électricité, contre 20 % pour les énergies renouvelables, et que les projets en développement se faisaient essentiellement à partir du gaz et du renouvelable.

[Article actualisé à 18h15]

Lara Charmeil (avec AFP)
@LaraCharmeil

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