Partager la publication "Facebook veut une “Cour suprême” pour modérer ses contenus"
La volonté de lancer une instance chargée de trancher les litiges liés aux contenus modérés sur Facebook a été évoquée dès 2018 par la firme, puis développée jeudi 27 juin dans un rapport de 44 pages à l’issue de moult réunions réunissant des experts du monde entier.
Propos malveillants, interférences politiques, images violentes en live…. Une meilleure modération des contenus du réseau social est réclamée depuis longtemps à Facebook. La multinationale a déjà recruté 30 000 modérateurs, mais des cas restent problématiques, par exemple des publications supprimées abusivement.
D’où l’idée d’instaurer une sorte de cour d’appel internationale pour trancher ces litiges. Une cour dont les pouvoirs et l’organisation interrogent.
Un pouvoir supranational ?
Surtout, il y a confusion sur les termes employés par la multinationale. Alors que Mark Zuckerberg évoquait une sorte de “Cour Suprême” au média Vox en 2008, dans ce rapport, l’instance juridique est présentée comme un simple “conseil de surveillance” – Oversight board” en anglais. Plus loin, on apprend pourtant que l’organe pourrait délivrer un “jugement final sur ce que devrait être un discours acceptable”.
Alors, qui du comité Facebook ou de la justice nationale aura le dernier mot en cas de conflit ? Le réseau social, acteur privé, bénéficiera-t-il indirectement d’un pouvoir supranational ?
Régulateur ou modérateur ?
Isabelle Falque Pierrotin, Conseillère d’État et ancienne présidente de la CNIL, elle, parle d’une “ambiguïté coupable” ou “volontaire” de la part de Marck Zuckerberg, qui décrit le dispositif comme une “Cour de Justice” alors qu’il s’agirait plutôt, selon elle, d’un système de “co-régulation” entre des juges “régulateurs” et les agents Facebook “modérateurs“.
Selon le New York Times , des précisions sur ce conseil de surveillance devraient être communiquées au mois d’août.