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Guila Clara Kessous, le nouveau visage de la diplomatie féministe

Guila Clara Kessous se définit comme une “artiviste”. Crédit : Marc-Antoine Coulon.

Qu’est-ce que la diplomatie féministe ? Cette nouvelle expression à la mode semble ne correspondre qu’à une volonté de plus d’imposer des quotas dans le monde politique sans pour autant avoir d’épine dorsale solide ou de vrai leader charismatique pour en porter les valeurs.

C’est chose faite à présent grâce à une initiative d’”entreprenariat diplomatique” que l’on doit à Guila Clara Kessous. Cette jeune femme a choisi de faire la démarche de créer une version “féminisée” des Accords d’Abraham qu’elle a intitulée “Les Accords de Sarah et Hajar”. Elle a ainsi toqué aux portes des gouvernements du Maroc, du Barhein, des Emirats Arabes Unis et d’Israël pour leur demander de proposer une femme politique qui puisse signer cette déclaration historique sur les droits des femmes le 27 avril dernier.

L’art comme thérapie pour les femmes victimes de violence

Cet “exploit” diplomatique est d’autant plus intéressant qu’il n’est pas à l’initiative d’un gouvernement quelconque comme l’ont pu l’être les Accords d’Abraham avec le rôle des Etats-Unis. Si Guila Clara Kessous a eu le courage de pouvoir faire cette démarche, ce n’est pas un coup d’essai pour elle quant à la familiarité qu’elle a avec les problématiques liées à la parité et l’égalité.

Elève du Prix Nobel de la Paix Elie Wiesel et du célèbre négociateur de l’Université de Harvard William Ury, Guila Clara Kessous fait d’abord ses classes au Conservatoire d’Art Dramatique puis choisit d’user du théâtre en tant qu’art thérapie pour aider notamment les femmes victimes de violence. Elle viendra en aide à des milliers de victimes de syndromes post traumatiques notamment aux côtés du Dr. Mukwege en République Démocratique du Congo.

Aider les femmes à affirmer leur leadership

Elle est nommée Artiste de l’UNESCO pour la Paix en 2012 au regard de ces engagements et créera “Femina Vox”, un forum pour faire entendre les droits des femmes dans le cadre de la journée internationale des droits des femmes à l’UNESCO. C’est à l’Université de Harvard, où elle enseigne un cours sur « Théâtre et Droits Humains », qu’elle se forme au coaching sur les conseils du professeur Tal Ben Shahar, spécialiste de psychologie positive.

Elle devient coach professionnel et aide, grâce aux techniques théâtrales, de nombreux dirigeants et en particulier des femmes ayant de très hautes responsabilités de diplomatie et de négociation à trouver leur style de leadership incarné. C’est dans ce cadre qu’elle croise de nombreuses femmes politiques de toutes nationalités et que germe l’idée des “Accords de Sarah et Hajar”.

La diplomatie féministe à l’épreuve du syndrome de l’imposteur

“J’étais frappée de voir combien à un tel haut niveau de gouvernance, les femmes restent encore en proie au syndrome de l’imposteur car elles se sentent profondément seules, plusieurs d’entre elles ayant été mises à ces postes grâce à des qualités indéniables mais également pour une question d’image des gouvernements ou des entreprises… Il manque une alliance diplomatique profonde entre ces femmes et c’est ce que j’ai choisi de réaliser.”

Elle commence donc avec cet accord et a été suivie par Son Excellence Nancy Khedoury, membre du Conseil de la Shura, vice-présidente de la Commission des affaires étrangères, de la défense et de la sécurité nationale et de la Commission des droits de l’homme de Barhain ; Maître Maria Belafia, élue de la région de Rabat, Présidente de la Commission économique de la région de Rabat et Membre Fondateur du Centre Marocain d’Etudes Juridiques ; Mme Ruth Wasserman Lande, coprésidente du Caucus de la Knesset pour la promotion des accords d’Abraham, ancienne membre de la Knesset en Israël ; et Son Excellence Afra Mahest Al Hameli, Directrice du Département des Communications Stratégiques au Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale des Emirats Arabes Unis.

Inciter les femmes à s’engager en politique, notamment en Afrique

Le but de ces accords est de dialoguer sur les problématiques liées aux violences faites aux femmes, à l’éducation des filles en vue d’une autonomie plus grande des femmes de cette région ainsi qu’inciter les femmes à participer au monde politique et à la table des négociations.

Et ce n’est que le début ! Car Guila Clara Kessous crée “The Women in Diplomacy Project” et souhaite faire dialoguer 54 femmes participant aux gouvernements des 54 pays d’Afrique….

Diplomatie féministe et bien commun

“Les seules fois où les femmes représentent des pays, rappelle-t-elle, c’est dans le cadre de concours de beauté. Il serait peut-être temps de créer un vrai projet plus vaste permettant un nouvel angle d’approche féminin de la politique. Faire de la diplomatie féministe mais sans usage d’un ‘féminisme’ qui serait excluant ou combatif. Le but n’est pas d’exclure les hommes, mais bien de proposer que nous puissions tous dialoguer côte à côte en vue du bien commun, pour mieux servir le collectif représenté, au nom de la dignité humaine.”

Dr. Shirin Ebadi, première femme Prix Nobel de la Paix des pays islamiques, l’iranienne a salué l’initative de la jeune femme, saluant “sa force et son courage en tant qu’entrepreneuse diplomatique”. La diplomatie féministe a enfin son nouveau visage…

Plus d’information sur les accords sur le site www.thesarahandhajaraccords.com

Cette tribune a été rédigée par Rachida El Ghazali, journaliste au Time Magazine.

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