Partager la publication "HSCB, la banque rebelle qui annule les dettes de son quartier"
Entrer dans la Hoe Street Central Bank (HSCB, clin d’œil à la multinationale bancaire), donne l’impression de pousser les portes d’un atelier de faussaire. Des dizaines de billets sèchent, suspendus à de longs fils à linge. Ces petites coupures ne sont pas des copies, mais des œuvres d’art à vocation sociale et… bancaire puisqu’elles permettront d’annuler les dettes des habitants du quartier ! Le projet, nommé Bank Job, est mené depuis janvier par l’artiste contemporaine Hilary Powell et le réalisateur Daniel Edelstyn dans la banlieue londonienne de Walthamstow.
En s’approchant des longues rangées de billets rouges, verts, bleus ou orange, l’œil constate vite, en effet, l’absence du visage d’Elisabeth II. A la place, on trouve des figures du monde associatif de Walthamstow : Tracey Griffiths, directrice de l’école primaire Barn Croft ; Steve Barnabas et Josh, qui s’occupent de monter des projets pour les jeunes ; Saira Mir, de PL84U AL-SUFFA, une association qui accompagne les plus démunis, Gary Nash, responsable de la banque alimentaire Eat or heat. La reine a été renversée.
Lorsqu’on lui a demandé de prêter ses traits à la monnaie de la HSCB, Gary Nash n’a pas hésité : “Chaque fois qu’on allume la télévision, il y a des publicités qui disent que nous devons avoir tel ou tel produit, maintenant. Puis, on nous montre une annonce qui nous explique combien il est facile d’obtenir un prêt. La plupart des individus ne remarquent pas les petits caractères indiquant des taux d’intérêt énormes. Ce projet ouvre les yeux sur la façon dont le système est conçu.”
Et c’est précisément pour attirer l’attention des citoyens sur le fonctionnement de la dette que le couple d’artistes a mis en place la HSCB. Les fonds récoltés par la vente des billets serviront, en plus d’aider les associations locales, à racheter les dettes contractées par les habitants de ce quartier, l’un des plus pauvres de Grande-Bretagne.
20 000 livres sterling suffisent pour annuler une dette d’un million
Par ce biais, racheter la dette des habitants du quartier ne coûte plus que 20 000 livres sterling. “Nous ne sommes pas officiellement une banque, mais nous travaillons avec un avocat et une entreprise spécialisée dans le rachat de la dette. Le but est d’identifier et de racheter la dette prédatrice locale”, résume Hilary Powell.
Pourtant, Daniel Edelstyn souligne d’un ton corrosif : “Racheter la dette n’est pas une solution. Car quoi qu’on fasse, la dette va continuer. C’est pour ça que le cœur du projet était plutôt, à travers ce rachat, de montrer comment l’argent est fabriqué et à quels mécanismes obéit la dette. Notre objectif final est en fait de provoquer un débat entre les citoyens.”
C’est donc pour prolonger la réflexion que Bank Job a également tourné des séquences tout au long du projet HSCB, notamment durant les périodes d’événements et d’impression des billets qui se sont déroulés du 12 au 25 mars 2018 et du 5 au 25 juin, pour en faire un film. Le challenge était, pour Hilary et Daniel, d’arriver à rassembler 50000 livres sterling avant fin juillet. Fin juin, ils en avaient récolté 30 000. “Nous espérons ensuite partager notre expérience à travers le pays, conclut Hilary. Et expliquer comment reproduire notre initiative à l’échelle locale.”
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