Partager la publication "Ils défendent l’environnement au péril de leur vie"
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Pendant près d’un quart de siècle, Fatima Babu a peiné à mobiliser les citoyens de Tuticorin, dans le sud de l’État indien du Tamil Nadu, contre la menace toxique causée par la fonderie de cuivre Sterlite. Après la construction de cette gigantesque usine en 1994, cette prof d’anglais a intenté des actions en justice, organisé des ateliers et donné des entretiens pour alerter l’opinion face aux risques de cancers et de maladies respiratoires. Souvent seule.
“J’ai traversé des moments difficiles, raconte cette femme de 67 ans, aujourd’hui à la retraite. L’entreprise m’a toujours désignée comme l’ennemi.” Ses adversaires ont tenté d’entacher sa réputation, de diviser sa famille et d’utiliser sa religion chrétienne pour la désigner comme antisociale ou anti-indienne.
Ce n’est qu’en 2018 que son combat a commencé à trouver un écho, lorsque l’entreprise a annoncé son projet de doubler la taille de la fonderie. Les 22 mai de cette même année, 20 000 manifestants sont descendus dans les rues de Tuticorin pour s’opposer au projet. Mais ce jour-là, la police a tiré sur eux à balles réelles. Bilan du massacre, 13 morts.
Quelques jours plus tard, le gouvernement du Tamil Nadu fait fermer la fonderie. Mais Fatima Babu n’est pas d’humeur à célébrer la victoire. Le coût humain a été terrible, et elle craint que la mesure ne soit que temporaire. En février, les milieux économiques indiens se plaignaient de la chute des exportations de cuivre causée par la fermeture de Sterlite…
Ce 5 février 2018, la balle qui a tué son compagnon a failli prendre également la vie de Samuel Loware. Le garde forestier ougandais s’en est tiré avec une blessure à l’épaule.
Après cet épisode meurtrier, sa famille l’a logiquement supplié d’arrêter son travail. Mais en vain. Il en a vu d’autres, tant les affrontements opposant gardes forestiers ougandais et braconniers venus du Soudan du sud sont réguliers dans le parc national de la vallée de la Kidepo. Située à la frontière entre les deux pays, cette enclave où vivent éléphants, girafes, zèbres et buffles est loin de n’être qu’un paradis de verdure.
Pour Samuel Loware, la pire période a été celle de 2009-2011, lorsqu’il a été témoin de deux raids meurtriers de braconniers. “Ce fut un moment terrible, se souvient-il. J’étais traumatisé. J’ai pensé à arrêter.“
Son métier, qui comprend la surveillance écologique, la prévention des incendies et la mise à jour de la base de données sur la faune, est l’un des plus dangereux au monde : selon l’ONG spécialisée Thin Green Line, près d’une centaine de gardes sont tués chaque année dans le monde depuis 2010 – la plupart en Afrique orientale et centrale.
Malgré ces risques élevés et un maigre salaire (l’équivalent de 160 euros par mois), Samuel Loware ne s’est pas arrêté. Une autre génération pourrait même suivre ses pas : il parle souvent à ses sept enfants de son travail et de l’importance de la protection de l’environnement pour l’Ouganda, et le monde.
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