Instagram supprime le compteur à “likes” : quel avenir pour les influenceurs ?

“On veut que vos amis se concentrent sur les photos et vidéos que vous partagez, pas sur le nombre de ‘j’aime’ qu’elles obtiennent.” Avec cette annonce, c’est une petite révolution qui prend forme sur Instagram. 

Le réseau social teste actuellement une nouveauté : ne plus montrer le nombre de “likes” sous les contenus publiés. 

Le test avait discrètement commencé en mai dernier au Canada et vient d’être étendu à six nouveaux pays (Australie, Nouvelle-Zélande, Brésil, Japon, Irlande et Italie) le 18 juillet.

Certains utilisateurs, choisis aléatoirement, ne voient désormais plus combien de “j’aime” ont récolté leurs amis sous leur dernier selfie, et inversement. Chacun peut cependant toujours savoir qui a aimé sa propre photo, via un bouton “voir les likes”.

Mettre fin à la dictature du “like”

Avec cette nouvelle fonctionnalité, Instagram espère créer un environnement plus sain pour ses utilisateurs, comme l’avait expliqué le patron de l’application Adam Mosseri à CBS en juin 2019 :

“On ne veut pas qu’Instagram devienne une compétition. On veut que ce soit un endroit où les gens se servent de leur énergie pour se connecter avec ceux qu’ils aiment, avec les choses qui leur tiennent à coeur.”

La suppression du compteur à “likes” s’inscrit dans une politique plus large de modération du harcèlement et des commentaires haineux. L’équipe en charge de l’application réfléchit à d’autres fonctionnalités pour éviter la prolifération de ces derniers. 

Instagram, qui à la base n’était qu’un vaste album photo numérique où les utilisateurs postaient des moments de leur vie, s’est transformé pour beaucoup en outil de communication, où chaque angle de photo, chaque filtre et chaque hashtag est étudié pour faire exploser le compteur.

Une culture du “like” et de la comparaison qui peut avoir des conséquences psychologiques, notamment sur la confiance en soi. Instagram avait d’ailleurs été qualifié de pire réseau social pour la santé mentale des jeunes dans cette étude

Les gérants du réseau social espèrent mettre fin à cette soif de reconnaissance avec cette évolution, encore à l’étape test. 

Une menace pour les influenceurs ?

Quel impact aura cette mesure sur ceux qui ont fait d’Instagram leur gagne-pain ? Pour les “instagrameurs”, aussi appelés “influenceurs”, le “like” est une unité de mesure du succès de leur business. 

Nombreuses sont les marques qui se fient au nombre de ‘j’aime’ des instagrameurs pour leur proposer, ou non, un partenariat. 

En Australie, un des septs pays tests, des instagrameuses ont accusé Instagram d’agir dans un but uniquement commercial, afin de faire de l’ombre aux influenceurs pour promouvoir les publicités et leur marketplace (une fonctionnalité permettant d’effectuer des achats directement sur l’application).

Tammy Hembrow, influenceuse aux 9,7 millions d’abonnés, avait même déclaré en juin que si Instagram supprimait le compteur à likes, elle supprimerait Instagram de sa vie.

Moins de pression, plus d’authenticité

D’autres personnalités se sont au contraire réjouies de ne plus sentir la pression des “j’aime”, comme les influenceuse fitness australiennes Steph Smith et Laura Henshaw  : “Je pense que c’est une excellente chose que l’on n’ait plus à se préoccuper d’obtenir la reconnaissance des autres”, a écrit cette dernière à ses 248 000 abonnés.
Si la suppression du compteur à “likes” ne signera sans doute pas la fin des influenceurs, elle peut cependant bouleverser les codes de ce business numérique.

Les micro-influenceurs (entre 10 000 et 100 000 abonnés) pourraient profiter de ce regain d’authenticité et leur communauté, déjà très fidèle, continuera de montrer son soutien par commentaire. 

Les macro-influenceurs (plus de 100 000 abonnés), qui achètent souvent de faux abonnés, risquent eux de se retrouver sur le banc de touche lorsque les likes ne leur permettront plus d’exister.

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