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Ishkar, une plateforme pour revaloriser le travail des artisans des pays en guerre

Afghanistan, Mali, Syrie… Difficile d’exercer son métier d’artisan quand on vit dans un pays en guerre. C’est devant ce constat qu’Edmund le Brun et Flore de Taisne ont eu l’idée d’Ishkar, une plateforme de vente d’objets artisanaux en ligne.

Le 12/09/2016 par WeDemain
Afghanistan, Mali, Syrie... Difficile d'exercer son métier d'artisan quand on vit dans un pays en guerre. C'est devant ce constat qu'Edmund le Brun et Flore de Taisne ont eu l'idée d'Ishkar, une plateforme de vente d'objets artisanaux en ligne.
Afghanistan, Mali, Syrie... Difficile d'exercer son métier d'artisan quand on vit dans un pays en guerre. C'est devant ce constat qu'Edmund le Brun et Flore de Taisne ont eu l'idée d'Ishkar, une plateforme de vente d'objets artisanaux en ligne.

Elle était consultante en stratégie pour la Banque Mondiale et l’ONU. Lui travaillait pour la fondation Turquoise Mountain, une ONG locale. Après 3 ans en Afghanistan, Flore de Taisne et Edmund le Brun ont quitté leurs boulots respectifs pour créer leur propre projet : Ishkar.
 
Du nom d’un arbuste utilisé en Afghanistan pour obtenir des pigments colorés, Ishkar est une plateforme en ligne qui proposera à la vente des objets d’artisanat issus de pays en guerre, et où les artisans ont des difficultés à exercer leur métier. “À Kaboul, il y a 20 ans, il y avait encore une douzaine de souffleurs de verre. Aujourd’hui, il n’en reste qu’un seul, et il ne reçoit quasiment plus de commandes”, déplore Flore de Taisne. 

Collaborer pour sauver les traditions

Bijoutiers, tisserands, souffleurs… Dans des pays le plus souvent vus à travers le prisme de la guerre, leurs savoir-faire se perdent. Ishkar a pour ambition d’y remédier. En lien avec des ONG locales, choisies pour leur transparence et leur intérêt pour le monde de l’artisanat, les deux fondateurs entrent en contact avec des artisans et collaborent avec eux pour créer des collections destinées à être vendues en Europe, via le site en ligne.

En Afghanistan, ce sont un collectif de six bijoutiers de Kaboul (Blue Diamond), un souffleur de verre du nom de Ghulam Sekhi et des tisserandes du Bamiyan, une région au nord du pays, à qui on doit les premières pièces disponibles.
 
Ishkar fonctionne sur le principe de la collaboration : les artisans apportent leurs savoir-faire ; les ONG, comme la fondation Turquoise Mountain, fournissent des lieux où travailler ainsi que certaines machines spécifiques, ; et la plateforme Ishkar offre un marché dans un pays qui fait partie des moins avancés au monde en matière d’échange commercial. En outre, la plateforme fait appel à des designers réputés pour concevoir certains produits : les premiers tapis sont ainsi dessinés par Zaha Hadid et Franck Gehry. 

Un artisanat équitable et éthique

Pour autant, il n’est pas question d’imposer aux artisans des modèles dessinés à des milliers de kilomètres de leurs ateliers : là encore, Ishkar se veut participatif et les fabricants sont invités à se réapproprier les motifs imaginés loin de chez eux en fonction de leurs techniques. Si le résultat final n’est pas à la portée de toutes les bourses (il faut compter entre 50 et 100 euros pour un bijou, et jusqu’à plusieurs milliers d’euros pour un tapis), les artisans sont rémunérés au prix juste, et une partie des bénéfices va directement aux ONG.

Par exemple, pour la vente d’un tapis, 80 % de la somme reviendra à l’ONG américaine Arzu, qui investit l’argent au profit des tisserandes, en construisant une école et une structure de santé.
 
Encore en gestation, la plateforme en ligne est financée par une campagne de crowdfunding, et sera lancée d’ici le mois d’octobre. Pour la suite de l’aventure, ses deux fondateurs espèrent élargir encore leur cercle d’artisans partenaires. Et également, faire découvrir l’artisanat d’autres pays en souffrance : le Mali, la Syrie, le Liban ou encore le Yémen.  

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