Partager la publication "L’après-coronavirus selon Cyril Dion : “Cette crise montre qu’il faut anticiper les risques climatiques”"
Alors que tous les voyants écologiques sont au rouge, cette crise doit nous pousser à changer au plus vite notre modèle de société, seul moyen d’éviter la catastrophe annoncée.
Celui qui est aussi l’un des garants de la Convention citoyenne rappelle que cette prise en compte des risques est aussi vitale pour la démocratie, car elle permet d’éviter les mesures d’urgence liberticides.
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Cyril Dion : Ça va. Je suis en train de monter mon prochain film, qui s’appelle Animal, à distance, et nous avons la chance d’avoir un grand jardin.
Excepté l’angoisse de voir tant de personnes mourir et souffrir, ce confinement me fait aussi du bien. Il m’oblige à ralentir un peu et à sortir d’une frénésie pas toujours très soutenable.
On est en train de vérifier plusieurs choses. D’abord que nos sociétés très mondialisées ne sont pas préparées à ce genre d’événements, ne sont pas très résilientes – ce que nous sommes nombreux à dire depuis longtemps. Ce virus suffit à faire plonger la bourse et nos économies, à désorganiser toute notre vie. S’il est capable d’avoir autant de conséquences, on peut se demander quelles seront celles du réchauffement climatique annoncé…
Un article publié sur Terra Nova montre un déclin des épidémies virales à partir de 1900. Puis une nouvelle flambée d’épidémies depuis 1940, encore plus visibles ces 30 dernières années.
Des scientifiques ont mis en relation ces épidémies avec la destruction dramatique de la biodiversité. Le fait qu’on occupe de plus en plus le territoire des animaux sauvages, qu’on les braconne, que l’on soit davantage en contact avec eux, facilite la transmission des virus. De surcroit, la réduction drastique de la biodiversité empêche que des espèces “protectrices” constituent des barrières et que les virus soit “dilués” dans une multitude d’hôtes.
On a tendance à se dire que les phénomènes naturels sont linéaires, mais de nombreux scientifiques décrivent des phénomènes de “point de bascule” : passé un certain degré de destruction de l’écosystème, des effondrements brutaux ont lieu. Et là, en général, nous n’avons plus le temps d’agir.
Les dernières estimations des plus grands laboratoires français de climatologie sont terrifiantes. Quelle que soit l’évolution des émissions de gaz à effet de serre la température moyenne du globe augmenterait de 2°C en 2040 et, si nous continuons à vivre comme aujourd’hui, de 7°C en 2100.
Une étude, publiée en 2018, montre que ce seuil de 2°C de réchauffement est un point de bascule. À partir de là, des phénomènes d’emballement peuvent commencer, on peut très rapidement avoir des flambées de températures, plus 3°C, 4°C ou 5°C en quelques décennies. Alors qu’on a mis plusieurs siècles à prendre 1°C… Cela demande de se préparer.
Ce sera tout l’un ou tout l’autre. Les gouvernements tendent plutôt à aller vers des plans de relance qui s’appuient sur les secteurs de l’économie les plus rapides à redémarrer, donc plutôt les secteurs “bruns”, et non l’économie verte. Ce serait terrible.
Nous voyons que notre système économique est fragile : s’il n’y a plus de croissance, tout se casse la figure. Cela doit nous amener à réfléchir à un autre modèle.
De nombreux économistes travaillent de longue date sur la construction de sociétés “accroissantes” ou post-croissance. En Allemagne, on s’intéresse à nouveau à l’instauration d’un revenu universel. Cette idée paraît tout d’un coup attrayante car, lorsqu’on est obligé de confiner les gens à la maison, cela devient un filet de sécurité extraordinaire.
Oui, les citoyens de la Convention sont en train de finaliser des propositions de politiques vraiment structurantes à moyen et long terme. Et c’est indispensable, car cette crise nous montre une chose très claire : soit nous anticipons, soit nous subissons. Face au changement climatique, si nous anticipons, nous pouvons décider ensemble, de façon démocratique, de décélérer, d’adapter nos sociétés. C’est ce que tente de faire la Convention Citoyenne, par la délibération, puis le referendum.
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Si nous attendons que les catastrophes se produisent, comme aujourd’hui, nous serons face à la nécessité de prendre des mesures autoritaires du jour au lendemain.
Les gouvernements ne prennent pas de mesures radicales parce qu’ils imaginent avoir le temps. Mais qui aurait imaginé il y a trois mois que nous aurions tous été obligés de rester bouclés chez-nous pendant 45 jours… !
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