Partager la publication "L’école d’informatique Simplon s’exporte à la campagne"
À La Loupe, petite ville de 3 000 habitants au cœur du Parc naturel régional du Perche (Eure-et-Loir), c’est une rentrée un peu spéciale qui se prépare. Lundi 6 octobre ouvrira ici
Simplon Village, « première école numérique au vert ». Une formation gratuite et intensive de six mois pour faire de 30 élèves des as du code informatique et du développement d’applications. En 2015, trois autre écoles Simplon ouvriront à Vézénobres (1 700 habitants, Gard), La Canourgues (2 100 habitants, Lozère) et Le Cheylard (4 300 habitants, Ardèche).
Simplon est une success-story à la française partie de Montreuil (lire We Demain n°6). C’est l’histoire de trois amis qui décident de lancer, il y a deux ans, une école de codeurs dans cette ville populaire de la première couronne parisienne pour former des jeunes en difficulté. Le succès est quasi-immédiat. Les médias relaient largement l’initiative et François Hollande fait de l’école Simplon un des 15 lauréats du fonds d’expérimentation La France s’engage, visant à distinguer des projets « isolés mais prometteurs ».
Une école numérique au vert
Aujourd’hui, c’est donc en milieu rural que Simplon exporte son modèle. « Pour cette première promo à La Loupe, on a 70 % de locaux », raconte Frédéric Bardeau, directeur de Simplon. Les 30 % restants sont « des citadins qui, désireux de suivre la formation, sont venus jusqu’ici s’installer à l’internat ». Des urbains qui partent étudier l’informatique à la campagne : une première !
Avant la rentrée de lundi, les élèves ont eu l’occasion de se rencontrer au sein de
Mutinerie Village, un espace de co-working lui aussi d’origine parisienne qui a également ouvert une antenne à proximité de La Loupe. Quelques « coding gouters » ont également été organisés, histoire de préchauffer les esprits et les cartes-mères.
« Il règne une bonne ambiance, un peu colonie de vacances, on est tous pressés que ça commence », raconte Frédéric Bardeau.
Low-cost
Mais pourquoi, au juste, lancer une école de d’informatique dans un parc naturel ? Pas pour le cadre bucolique, explique le directeur :
« c’est la continuation logique de notre implantation dans les quartiers populaires. On veut montrer que le modèle qu’on propose s’adapte à toutes les situations, même à des gens licenciés à la suite d’un plan social dans une usine. »
Simplon s’est assuré que les élèves, âgés de 18 à 43 ans, puissent bel et bien trouver un emploi à l’issue de la formation, notamment au sein des administrations et des PME locales, qui peinent souvent à trouver des informaticiens. Les mairies et les conseils généraux, qui financent en grande partie le programme « ont à cœur que les jeunes redynamisent leur territoire plutôt que de partir bosser ailleurs, assure Frédéric Bardeau. D’autant qu’on a moins de sponsors privés qu’à l’antenne de Montreuil. »
Au total, la formation coutera à chaque municipalité 80 000 euros (recrutement, professeurs, fournitures), soit 2 300 euros pour chacun des 30 élèves sélectionnés. Du low-cost, au regard des tarifs classiques des écoles d’informatiques. Le gouvernement applaudit : « On a reçu le soutien de Bercy et d’Axelle Lemaire, qui veulent montrer qu’amener la fibre optique dans les campagnes sert à autre chose qu’à utiliser Netflix », raconte Frédéric Bardeau.
Et demain, la Roumanie
Le succès est tel que certains s’attèlent déjà à exporter le modèle Simplon à l’étranger. Roxana, ancien élève de la promo de Montreuil, est rentrée dans sa Roumanie natale pour ouvrir d’ici la fin de l’année
une antenne dans la ville étudiante de Cluj-Napoca. La contagion pourrait se poursuivre en Afrique du Sud ou au Brésil.
« Ce sont souvent d’anciens élèves qui veulent devenir professeurs dans les nouvelles antennes ou en monter une dans leur pays », explique le directeur. D’ici là, les aspirants codeurs du monde entier pourront s’inscrire à
Simplonline, une formation en ligne de six mois lancée le 6 octobre. Pour 300 euros par an, ce MOOC permettra de se former au numérique grâce à des cours à distance mais aussi des rencontres physiques organisées dans les écoles.