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La Belgique installe le premier banc d’allaitement public

Voilà un banc public qui pourrait susciter quelques regards obliques. Dans le cadre de la Semaine mondiale de l’allaitement maternel, du 1er au 7 août, la marque Elvie a installé un banc spécialement prévu à cet effet dans la ville belge de Coutrai. Les mères peuvent s’y installer confortablement avec leur enfant, grâce à un accoudoir et un coussin.

Dans le même temps, la marque lance le Breast Places : une carte en ligne indiquant les endroits de la ville où les jeunes parents peuvent facilement nourrir et langer leur enfant. Objectif de ces initiatives : faciliter l’allaitement dans les lieux publics. Un sujet encore assez tabou.

Cachez ce sein que je ne saurais voir

La preuve en est : début juillet, au cœur du parc d’attraction Disneyland Paris, une Australienne allaitant son bébé sur un banc est priée par des agents de sécurité de cacher son sein. Pour “ne pas choquer la clientèle étrangère”. Interpellée, la direction du parc a vite présenté ses excuses… 

Même histoire le 6 juillet au château de Versailles. Alors qu’une visiteuse cherche à calmer son enfant qui pleure en lui donnant le sein, une agent de sécurité l’arrête net, rapporte Le Parisien. “On ne peut pas laisser les gens se balader à moitié nus dans Versailles. Si vous souhaitez continuer, vous pouvez vous mettre dans ce coin de dos”, s’entend-elle dire.

Avant cela, fin mai, une mère bordelaise avait raconté avoir essuyé une gifle de la part d’une autre femme, alors qu’elle donnait le sein à son bébé, dans une file d’attente. 

À lire aussi : No Bra : la poitrine se déconfine

Aide à l’allaitement

Si son récit semble un peu confus, de nombreuses voix se sont aussitôt élevées sur les réseaux sociaux, sous le hashtag #SoutienMaÿlis, pour défendre le droit à allaiter dans les lieux publics. 

La députée LREM Fiona Lazaar a même déposé dans la foulée une proposition de loi créant un délit “d’entrave à l’allaitement”. Un délit punissable de 1 500 euros d’amende. 

Faut-il en arriver là ? En réalité, l’allaitement dans l’espace public est déjà autorisé en France… puisque la loi ne l’interdit pas formellement. “Avec cette loi, le doute n’est plus permis. Les femmes savent que le droit est de leur côté”, a fait valoir Fiona Lazaar sur Twitter.

“Exhibition sexuelle”

Une chose est sûre, l’allaitement public reste un sujet sensible en France, comme en témoigne la violence des échanges liés au sujet sur les forums et réseaux sociaux. 

“Manque de pudeur”, “délit d’exhibition sexuelle” sont souvent mis en avant par les opposants à l’allaitement en public. Des critiques injustifiées puisque l’exhibition sexuelle se caractérise par le fait de “montrer des parties du corps se rattachant à l’acte sexuel”. Ce qui n’est pas le cas ici. 

Toutefois la société patriarcale assigne traditionnellement la femme et donc l’allaitement à l’espace privé. 

À lire aussi : L’étendard sanglant est levé ! Comment les règles cessent d’être taboues

Conflits féministes

Autre source de frictions : les injonctions contradictoires auxquelles les femmes sont soumises au fil du temps peuvent susciter des tensions entre générations. Dans les années post-1968, des féministes ont fait du biberon un symbole de libération. L’allaitement est alors perçu comme un asservissement du corps féminin. 

Aujourd’hui, l’OMS recommande d’allaiter à la demande jusqu’aux six mois du nourrisson. Et un allaitement partiel jusqu’au deux ans de l’enfant. Motivées par cette recommandation, de plus en plus de Françaises voient aujourd’hui dans l’allaitement une réappropriation de leur corps.  Entre 1995 et 2017, le taux de femmes donnant le sein à la naissance est ainsi passé de 45,6 % à 71 %, selon la Leache League. (Un taux qui chute toutefois très vite après la naissance.)

Des motifs écologiques et économiques encouragent aussi aujourd’hui à préférer l’allaitement au lait artificiel et aux biberons en plastique. 

Mais si le choix devrait au final revenir aux mères et rien qu’aux mères, ces débats montrent que les corps de la femme ne lui appartient toujours pas totalement. Comme le banc installé en Belgique, lui aussi demeure un éternel objet public. 

À lire aussi : “Architectes, faites de la place aux femmes !”

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