Partager la publication "La Caserne, nouvel écrin de la mode durable parisien"
Derrière les hauts murs d’une ancienne caserne de pompiers règne une douce agitation. Mais, ici, pas d’uniformes, de camions ni de lances à incendie. Les nouveaux résidents manient les ciseaux et la machine à coudre, dans un style décontracté.
“La Caserne”, c’est son nom, se veut le premier incubateur européen de mode durable. Une pépinière installée à Château-Landon, dans le 10e arrondissement de Paris. Son ouverture au public est imminente : elle aura lieu cette semaine, du 24 au 26 septembre, à l’occasion du Conscious Festival, dont WE DEMAIN est partenaire. Avant son inauguration officielle fin octobre.
Le début d’une nouvelle vie donc, pour cette caserne de 1877 tombée à l’abandon depuis quinze ans. C’est la mairie de Paris qui impulse sa mutation en 2019. Objectif : faire de ces 4 000 mètres carrés un centre névralgique de la slow fashion, autant pour les professionnels que pour le grand public. Une idée bienvenue quand on sait que la mode est la deuxième industrie la plus polluante au monde.
Mode durable et “heureuse”
“L’idée est née d’un constat. Du côté des jeunes créateurs, il y a une volonté de produire plus responsable, mais peu de temps pour s’y consacrer. Avec cet incubateur, on souhaite les accompagner pour rendre leur transformation moins pénible, plus heureuse”, explique Maeva Bessis, directrice générale des lieux, et ex-patronne du concept store parisien L’Exception.
Les trente premières marques hébergées ont donc été finement sélectionnées, en prenant en compte leur motivation et leur “désirabilité” auprès du public. Parmi elles, citons par exemple Le Slip français, la plus grosse start-up de la promotion ; Benjamin Benmoyal, qui tisse ses vêtements à partir d’anciennes pistes de K7 audio ; ou Salut Beauté, qui utilise des chutes de tissu.
Concrètement, ces marques vont bénéficier pendant trois ans de 400 heures de formation sur la mode durable. Elle auront aussi accès à un showroom de matières durables : “Essentiel car 70 % de l’impact écologique d’un vêtement est lié au choix de la matière”, précise Maeva Bessis. Elles disposeront aussi d’un Fablab pour tester la durabilité de leurs produits, d’un atelier partagé, d’un studio photo…
Le tout dans un écrin rénové lui aussi dans un esprit éco-responsable, en ajoutant un minimum de matières, et avec des meubles de seconde main. De quoi sublimer ses verrières, ses pierres de tailles et grands escaliers de bois brut.
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Créer un réseau et un lieu d’échange
Un projet financé à 90 % par le fonds d’investissement Impala de l’homme d’affaires Jacques Veyrat, mais aussi soutenu par la région Île-de-France et des partenaires de taille comme le groupe Kering ou la marque Aigle.
“On souhaite créer tout un réseau pour que les grandes marques échangent avec les jeunes créateurs, qu’elles leur apportent leur expertise.” Kering mettra par exemple à disposition des résidents, en open source, un outil de mesure d’impact de la mode.
Enfin, ce nouveau temple du textile durable se veut tourné vers les consommateurs. “On sait qu’il y a de leur part une volonté d’en savoir plus sur les conditions de production. Nous allons donc organiser de nombreux événements pour sensibiliser le grand public à son pouvoir d’action sur la mode, et plus largement sur la transition écologique“, poursuit Maeva Bessis.
Ce sera notamment le cas lors du Conscious festival, qui accueillera un marché de créateurs, mais aussi des conférences, des débats et des ateliers pratiques. Par la suite, un restaurant végétarien et zéro déchet, un rooftop végétalisé et une salle de concert seront aussi ouverts au public toute l’année pour de nombreuses festivités. Un clin d’œil au traditionnel bal des pompiers.