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La reconnaissance faciale dans les stades fait polémique

Comme plusieurs clubs de foot européens, le FC Metz a testé un système de reconnaissance faciale pour renforcer la sécurité dans son stade. Une pratique non conforme aux recommandations de la CNIL, qui a aussi provoqué la colère des supporters.

Le 11/02/2020 par Amaury Lelu
On compte 1,6 milliard de climatiseurs sur la planète, auxquels il faut ajouter ceux des 100 millions de véhicules neufs vendus chaque année. (Crédits : Shutterstock)
On compte 1,6 milliard de climatiseurs sur la planète, auxquels il faut ajouter ceux des 100 millions de véhicules neufs vendus chaque année. (Crédits : Shutterstock)

Et si la reconnaissance faciale était déployée lors des prochains Jeux Olympiques de Paris 2024 ? C’est ce qu’a laissé entendre la ministre des Sports, le 31 janvier, au micro de France Bleu : Ces expérimentations  [de reconnaissance faciale] ont vocation à être valorisées sur les grands événements sportifs que la France organise et sur d’autres événements sportifs où la France peut exporter son savoir-faire.”
 
Ce jour-là, Roxana Maracineanu est interrogée sur un sujet polémique : des essais de reconnaissance faciale ont été effectués dans le stade du FC Metz par la start-up Two-i. Un dispositif révélé par le journaliste Olivier Tesquet dans une interview  accordée à StreetPress, le 21 janvier.

Les “tests techniques à vide” ont été réalisés sur les employés de la start-up, qui utilise un outil d’analyse vidéo équipé d’IA et de machine learning. Selon le club du FC Metz, une solution de comparaison faciale pourrait permettre de repérer des objets dangereux et les personnes interdites de stade.
 
Nous refusons de devenir des rats de laboratoire”, a fait aussitôt savoir l’Association Nationale des Supporters dans un communiqué de presse, partagé sur les réseaux sociaux. 


Les supporters du FC Metz et de l’AS Saint-Etienne ont eux-aussi réagi lors d’un match opposant les deux équipes : des banderoles ont été déployées en tribunes et les Stéphanois ont porté des masques médicaux pour dénoncer le “virus” de la reconnaissance faciale.

Fans violents et accès facilité au stade

Dans d’autres pays européens, elle est déjà utilisée pour sécuriser les stades ou fluidifier les entrées. Le club danois du Brondby IF est le premier au monde à l’utiliser, depuis juin dernier, afin de repérer et expulser la cinquantaine de fans violents qui tentent de pénétrer dans son enceinte.
 
En Belgique, les abonnés du RWD Molenbeek qui se soumettent à la reconnaissance faciale peuvent accéder plus facilement au stade. Après avoir uploadé leur photo d’identité sur le site du club, ils peuvent emprunter un couloir réservé où des caméras identifient leur visage. Selon les dirigeants du RWD Molenbeek, les données des utilisateurs sont protégées car leur système est seulement accessible au personnel du club et n’est pas relié à Internet.
 
En 2017, 170 000 spectateurs ont été surveillés par la reconnaissance faciale lors de la finale de C1 au Pays de Galles. Bilan : sur les 2470 suspects signalés par la technologie, seuls 170 possédaient un casier judiciaire, soit un taux d’échec… de 92 %. Aucune personne n’a été arrêtée, mais ce résultat peu fiable soulève des inquiétudes, notamment quant à la protection de la vie privée et des liberté des supporters européens.

Enquête en cours de la CNIL

En France, aucune loi n’encadre la reconnaissance faciale, mais la CNIL supervise son utilisation. Elle a par exemple donné son accord pour tester cette technologie au carnaval de Nice, et a interdit son usage pour contrôler l’entrée des enfants dans des lycées de la région PACA.
 
Dans une note explicative publiée le 15 novembre 2019, l’autorité indépendante explique notamment que le déploiement d’une expérimentation de reconnaissance faciale doit “nécessairement faire l’objet d’une analyse d’impact relative à la protection des données”. Et ajoute que “le consentement des personnes doit être recueilli”.
 
Dans le cas du FC Metz, aucune de ces recommandations n’a été respectée. Contactée par nos soins, la CNIL affirme que “des investigations sont en cours.”

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