Partager la publication "La voix de la Silicon Valley a-t-elle autant de poids que celle des dirigeants politiques ?"
Mais les géants de la Silicon Valley – Apple, Facebook, Google, Tesla, Amazon, Uber, Microsoft, Netflix… et bien d’autres – ne s’arrêtent pas là. Influente dans le monde entier, la baie de San Fransisco tient une place de plus en plus importante dans le débat public, prenant position dans les débats sociétaux.
La cause LGBT
“Tout le monde devrait avoir le droit de servir son pays – peu importe qui il est”, pouvait-on lire sur le mur Facebook de Mark Zuckerberg, son inventeur.
“Nous avons longtemps plaidé pour des politiques qui procurent une égalité des droits et un traitement équitable pour tous. Nous sommes donc profondément inquiets de voir un retour en arrière concernant les droits des étudiants transgenres”, déclarait Google à TechCrunch, site d’information américain spécialisé dans l’actualité des start-up, en février 2017.
L’immigration
Depuis son élection, les désaccords sont donc nombreux. En janvier dernier, 97 entreprises de la Silicon Valley ont ainsi déposé une requête en justice contre le décret présidentiel interdisant l’immigration depuis plusieurs pays musulmans. Et pour cause : pas moins de 44% des entreprises de la baie ont été fondées par des immigrants. Après avoir été bloqué en justice à deux reprises, c’est finalement une nouvelle version – floue – de ce décret qui est entrée en vigueur en juin 2017.
L’écologie
“La décision de se retirer de l’accord de Paris est une erreur pour notre planète. Apple s’engage à lutter contre le changement climatique et ne renoncera pas”, avait déclaré Tim Cook, patron d’Apple, sur Twitter.
À la suite de cette décision, Elon Musk (patron de Tesla et Space X), qui avait fait pression sur le gouvernement, a finalement quitté le conseil consultatif créé par le président, expliquant dans un tweet que “le changement climatique est quelque chose de réel. Quitter les accords de Paris n’est ni bon pour l’Amérique, ni pour le monde”.
Am departing presidential councils. Climate change is real. Leaving Paris is not good for America or the world.
— Elon Musk (@elonmusk) 1 juin 2017
Le revenu universel
C’est le cas de Pierre Omidyar, fondateur d’eBay, qui a reversé 493 000 dollars à une ONG afin de financer un revenu de base à 6 000 Kenyans pendant 12 ans.
Le cofondateur de Facebook, Chris Hughes, accompagné d’une centaine d’experts de la Silicon Valley, a lancé en décembre 2016 le Projet de Sécurité Économique pour déterminer si le revenu de base est une solution efficace. Projet financé à hauteur de 10 millions de dollars.
Elon Musk, lui, le juge “nécessaire” face aux avancées de la robotique et de l’intelligence artificielle :
“La production de biens et de services sera très élevée. Avec l’automatisation, il y aura une abondance. Presque tout sera très bon marché. Je pense que nous allons finir par faire un revenu de base. Ça va être nécessaire”, a-t-il déclaré au World Government Summit 2017.
Une manière, selon ces entrepreneurs, d’atténuer la pauvreté, de maintenir la paix sociale, ou encore de compenser les emplois humains amenés à disparaître à cause du progrès technique. Mais surtout de maintenir le niveau de consommation des classes moyennes et ainsi leurs profits.
La Silicon Valley, une entité indépendante ?
Et si finalement, la Silicon Valley devenait un État à part entière ? C’était l’idée de Timothy Draper, cofondateur du fond d’investissement DFJ (Draper Fisher Jurvetson), qui avait comme projet en 2014 de diviser la Californie en six parties, dont la Silicon Valley serait l’un des six États.
Facebook a quant à lui déjà entrepris de transformer son campus de Menlo Park en une véritable ville pour y loger tous ses employés. Le réseau social a posté une vidéo dévoilant les premiers plans le 7 juillet dernier. L’objectif : inaugurer Facebook-ville en 2023.
De plus, une start-up de San Francisco, Blendoor, a publié une étude en avril dernier montrant que ces grandes entreprises n’étaient pas toujours un exemple en terme de parité et de diversité. À l’image d’Uber qui n’emploie que 22% de femmes et aucune minorité ethnique dans son équipe dirigeante.
Enfin, depuis l’affaire de harcèlement sexuel concernant Uber, de nombreuses femmes ont pris la parole pour dénoncer les abus, problème apparemment récurrent dans la Vallée.
Paradis pour les entreprises, source d’inspiration et d’innovation, la Silicon Valley continue de faire rêver. Reste à savoir si les citoyens américains seront prêt à abandonner leur souveraineté à des entreprises, aussi bienveillantes soient-elles.