Le coworking s’échappe des centres-villes, direction la campagne !

Il existait 250 lieux de coworking en France en 2014 selon une étude de Bureaux à partager et de la Fonderie. Des espaces qui, dans leur grande majorité, se situaient dans les centres des grandes villes. Mais désormais, de plus en plus d’initiatives se développent à l’écart, dans les territoires ruraux ou dans des friches industrielles réinvesties. Des lieux plus isolés, mais qui reposent sur le même principe : travail nomade et stimulation des échanges entre travailleurs indépendants, voire salariés, de différents secteurs.
 
Ces nouveaux espaces de coworking se démarquent en devenant des lieux de vie à part entière, combinant espaces de travail, fablabs, potagers et parfois même des dortoirs. De quoi accueillir des travailleurs locaux, mais aussi issus des grandes villes, sur de courtes périodes ou en vue d’une installation durable.

En Eure-et-Loir, l’équipe de Mutinerie, spécialisée dans le coworking à Paris, a investi il y a deux ans une ferme pour en faire un lieu de rencontre et de travail. Dans la Sarthe, le réseau Village Factory s’est, lui, construit sur ce concept de coworking en milieu rural. En mars, il a ouvert une première antenne dans l’ancienne école d’un village. 

Coup de foin #1 from Mutinerie on Vimeo.

Certains de ces projets naissent également dans d’anciens espaces industriels, à l’instar des Usines Nouvelles dans la Vienne. En 2012, avec des associés, Cyril Chessé parvient à acquérir les bâtiments d’une filature, laissée à l’abandon pendant trente ans. Dans la campagne, à 10 kilomètres de Poitiers, ils disposent alors de deux hectares de surface d’usine pour développer leurs projets. “Notre but est de redonner du pouvoir d’action aux indépendants, en leur donnant la possibilité d’exercer en autonomie, tout en s’intégrant au territoire”, explique Cyril Chessé.

Moins onéreux et plus vastes qu’en centre-ville

Éloignés des centres économiques, les sites de coworking rural peuvent paradoxalement fédérer une plus grande variété d’acteurs en accueillant des artisans d’art, des associations ou des créatifs.
 

“L’avantage, observe Cyril Chessé, est de croiser une faune variée. Cela les sort de leur contexte car, pour la plupart, ce sont des travailleurs indépendants ou des entrepreneurs. Cela crée une dynamique de projet.”

 
En réinvestissant des bâtiments à l’abandon, ces pôles de cotravail reposent sur des modèles économiques différents de ceux des villes. Moins onéreux et plus vastes qu’en centre-ville, les locaux se prêtent à des offres plus étendues, comme l’intégration d’espaces de fabrication numérique. “Notre champ de liberté est vraiment important, souligne Cyril Chessé. Le coût du rachat du lieu a aussi facilité le projet. Cela nous a permis de réhabiliter l’endroit.”

Des bureaux de travail mobiles

Certains poussent la logique du nomadisme à l’extrême en développant des locaux de travail mobiles. Wildesk, une start-up toute nouvellement créée, a lancé son premier prototype de bureau mobile. Cette caravane des années 1970, rénovée, connectée et déplaçable à l’envi ne se situe pas (encore) en pleine nature, mais au bord du canal de l’Ourcq, à Paris. “J’ai le sentiment que la prochaine petite révolution des start-up va se faire au niveau des modes et des environnements de travail”, se projette Alexis de Loynes, fondateur de Wildesk. Le collectif collabore pour l’heure avec la mairie de Paris et espère, dans un second temps, installer sa caravane en pleine nature. Plusieurs lieux sont envisagés, à l’image de la Faisanderie d’Apremont, à deux heures du centre de la capitale.  

“Le bureau traditionnel et même la ville ne sont pas des espaces qui permettent de maximiser le potentiel productif des salariés. La nature va permettre de le renforcer.”

En collaboration avec la société Dron, qui conçoit des bureaux de chantier, Wildesk espère multiplier à terme ses bureaux mobiles, les agrandir et élargir leurs possibilités d’installation. Des lieux ouverts aux free-lances, mais aussi aux entreprises, à la journée ou pour plusieurs jours.

Mêlant travail et évasion, ces espaces de travail périphériques brouillent un peu plus la frontière entre la vie professionnelle et personnelle. Un concept attractif pour les travailleurs indépendants, mais pas que. Selon une étude de Greenworking, en 2014, un quart des salariés bénéficiaient d’un accord formel de leur employeur pour effectuer du télétravail, contre 16 % en 2013. Autant de travailleurs qui pourront, bientôt, s’échapper des villes le temps d’une journée ou plus.

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