Mettre de l’impact dans son activité…
Prendre conscience que notre travail a un impact est la première étape primordiale pour Matthieu Dardaillon. L’ex-étudiant d’HEC en est convaincu : chacun d’entre nous a ce pouvoir d’influence qui peut faire basculer les règles du jeu.
Par exemple, en faisant, jeune, le choix d’un métier lié à la transition écologique ou, plus âgé, en utilisant ses compétences et son réseau pour mettre de l’impact dans son job.
Voici les trois options pour y parvenir.
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Cet article a initialement été publié dans WE DEMAIN n°35. Un numéro toujours disponible en kiosque et sur notre boutique en ligne.
Garder son activité professionnelle mais l’exercer différemment, c’est le levier qui peut le plus rapidement transformer le système de l’intérieur. “Il ne faut pas attendre que le changement vienne d’en haut. Il faut être une force de proposition”, assure Matthieu Dardaillon.
Ingénieure chez Bonduelle, Anne-Sophie a créé un mooc pour sensibiliser ses 11 000 collègues au développement durable. 760 collaborateurs ont, dans la foulée, proposé à leur direction des projets dans ce sens. Chacun peut ainsi faire sa part.
L’auteur du manifeste cite aussi l’exemple de Sébastien, vendeur chez Decathlon, qui ne supportait pas qu’on propose des bouteilles d’eau en plastique à la vente dans son magasin. Il a convaincu son supérieur de mettre en place des bornes à eau filtrée et des bouteilles réutilisables. “Le fait d’agir, de se mettre en mouvement, montre que c’est possible, fait des émules et donne envie d’aller plus loin.” Pour des salariés seniors, voire en fin de carrière ou à la retraite, la transformation de leur métier en job à impact peut s’effectuer via des missions proposées à leur employeur.
Alban travaillait dans une banque, Benjamin dans une agence de com. Ensemble, ils ont créé Feelae, une appli pour lutter contre les déserts médicaux : “J’avais envie de donner du sens à ma vie, d’améliorer le quotidien des gens”, explique Alban, qui a suivi le parcours Entrepreneur de Ticket for Change.
Pour lui, comme pour ceux qui se lancent dans une reconversion, se faire accompagner est indispensable. “L’écosystème de l’accompagnement dans la reconversion s’est beaucoup renforcé ces dernières années”, explique Matthieu Dardaillon. Avec des bilans de compétence nouvelle version, éligibles au CPF (Compte personnel de formation), proposés par des structures comme Ticket for Change mais aussi Chance, Switch Collective, Primaveras ou encore Ensemble Job.
D’ici à 2050, il y aura plus de 1 million d’emplois liés à la transition écologique. Soutenus par le Plan de relance gouvernemental, l’agroécologie, la foresterie, la rénovation thermique, la gestion des énergies, les mobilités douces, l’économie circulaire, les métiers du soin vont recruter. Cette économie à impact qui se développe et se structure a besoin de compétences et de conviction.
Pas forcément d’un long cursus universitaire. Avec un bac S (scientifique) en poche mais pas l’envie de “passer des années sur les bancs de la fac”, Pierre-Alexis, la vingtaine, après un séjour en Nouvelle-Zélande comme ouvrier agricole, a préparé un CAP bois dans une école de la transition écologique et solidaire créée à l’initiative de l’association 3PA. Ouvertes aux jeunes déscolarisés, ces écoles forment aux métiers de l’environnement.
“Dans le sillage de la Grande école du numérique [lancée en 2015 pour diffuser des formations partout en France, ndlr], il est urgent de créer la Grande école de la transition”, prône Matthieu Dardaillon, à l’initiative du site qui recence toutes les formations – 250 aujourd’hui – à objectif écologique et social.
“Pour changer la manière dont on pense le monde, il ne suffit pas de développer certains secteurs de l’économie, mais aussi d’investir sur le capital humain : il faudrait former aux enjeux sociaux environnementaux 100 % des étudiants, travailleurs de demain, et actifs d’aujourd’hui.” Selon un rapport publié en février par le collectif d’étudiants Pour un réveil écologique, seule une école d’ingénieur sur cinq forme ses étudiants à la transition écologique…
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Si des trois options, c’est la plus contraignante, créer son emploi et par conséquent en générer d’autres est devenu moins difficile. La démarche bénéficie d’un soutien plus fort et plus structuré. On peut faire appel à des acteurs comme le Mouves (Mouvement des entrepreneurs sociaux), l’ONG Ashoka (réseau mondial d’entrepreneurs sociaux pour partager expériences et exercer une influence sur les décideurs), des incubateurs comme Alter’Incub (qui accompagne étape par étape les porteurs de projets), des formations en distanciel et présentiel comme celle proposée par Ticket for Change, etc.
Nombreuses sont aussi les structures de financement spécialisées : le réseau France Active, le Crédit coopératif, des plateformes de crowfunding comme BlueBees (projets liés a l’agriculture), Tudigo (projets à impact sur les territoires), Babyloan, CowFunding, mais aussi des fondations comme celles de Nicolas Hulot, ccfd-Terre solidaire, celles du Crédit coopératif, de la Macif, d’EDF ou de BNP Paribas.
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