Partager la publication "“Le vélo est un puissant outil d’émancipation des femmes”"
C’est souvent l’un des premiers souvenirs de liberté. Le jour où l’on ose se lancer seul à vélo, sans petites roulettes, est l’une des grandes victoires de l’enfance. Pour les filles comme pour les garçons.
Et cependant, à l’âge adulte, les femmes s’éloignent étrangement de la petite reine. “Elles ne représentent que 10 % des licenciés de clubs cyclistes. Et le Tour de France des femmes s’est arrêté pendant dix ans faute de partenaire“, souligne Louise Roussel, auteure d’ À vos cycles. Guide du vélo au féminin (Tana Éditions).
Un ouvrage stimulant né de l’envie de montrer “que le vélo est à la portée de toutes, quelque soit votre origine, votre âge, votre corps”. Et qu’il s’agit “d’un formidable outil d’émancipation, d’évasion, de création de liens sociaux, de mobilité et de liberté.”
Si bien que, dès le XIXe siècle, des hommes en viennent à recommander, comme le docteur Philippe Tissié dans l’Hygiène du véloci-pédiste (1888), “que la femme abandonne le vélocipède au sexe fort”. Pas assez élégant, dangereux pour sa fertilité. Pire, le vélo pourrait donner du plaisir aux femmes !
Encore aujourd’hui, les femmes sont exclues de l’espace public dès l’enfance, comme en témoigne une récente étude de l’Unicef sur l’occupation des cours de récréation, souligne Louise Roussel. Elle-même étant d’ailleurs régulièrement victime de commentaires macho sur la route.
Heureusement toutefois, depuis les suffragettes américaines militant sur leur biclou, de nombreuses femmes se battent à vélo, et pour le vélo. À l’instar de l’auteure de cet ouvrage.
Louise Roussel, qui a par ailleurs achevé ce 30 juin 2021 un tour de France à vélo, invite les lecteurs à la suivre dans ses différents périples. On embarque avec elle pour le Toscany Trail, à travers la Toscane, La Baroudeuse au cœur du Mercantour ou l’Erminig, une tournée des bars et des microbrasseries en Bretagne.
L’auteure dresse aussi des portraits de femmes cyclistes “inspirantes, endurantes, puissantes”, qui, partout à travers le monde, ont gagné en confiance grâce au vélo.
On rencontre ainsi Masomah, une jeune Afghane qui tente de rendre le cyclisme accessible aux femmes de son pays. Jacqueline, 85 ans, “qui a commencé à rouler quand son mari est décédé”, et n’a jamais arrêté. Ou Lael, qui a remporté la Trans Am (une course de plus de 7 000 kilomètres) devant les participants masculins…
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On y découvre aussi de nombreuses initiatives aidant les femmes à s’émanciper grâce au vélo. Par exemple les Ovarian Psycos. Chaque mois, ces femmes noires et latino-américaines des classes ouvrières se réunissent pour rouler ensemble dans les rues de Los Angeles. Leur devise ? “Nos ovaires sont si gros que nous n’avons pas besoin de couilles !” Le ton est donné.
En Alaska, l’Anchorage GRIT (Girls Riding Into Tomorrow) forme chaque année des jeunes filles à rouler, aux bases de la mécanique, des premiers soins… Pour ces collégiennes d’origine modeste, “le ride final est un énorme défi et un accomplissement.”
Cet environnement “de sororité sécurisant”, est aussi ce qu’ont cherché à créer les WTF Bike Explorers aux USA. En 2017, elles organisent le premier sommet du bikepacking au féminin.“Contrairement à la majorité des événements cyclistes organisés par des hommes, la notion de performance est absente”, relève l’auteure.
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Louise Roussel répertorie aussi de nombreuses initiatives en France. À Paris, Les GOW (Girls on Wheels) se regroupent par exemple chaque mercredi pour rouler ensemble. L’association Passerelles initie des femmes de quartiers défavorisés. “Grâce au vélo, elles se déplacent plus facilement, accèdent à de nouvelles activités. (…) Elles acquièrent une estime de soi qui apparaît dès les premières heures.”
L’auteure, elle, a co-lancé l’association Vai ma poule pour les réfugiés et les demandeurs d’asile. Et les Fiets & Bier : une randonnée mensuelle d’une centaine de kilomètres pour aller visiter des brasseries.
L’ouvrage, enfin, est ponctué de fiches pratiques pour bien choisir son vélo, s’alimenter, rouler enceinte, avec ses règles, ou réparer soi-même sa bécane.
Bref, un ouvrage qui donne envie de sortir son vélo de la cave, de le chevaucher, cheveux au vent, et tête haute !
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