Partager la publication "Les Français sont-ils devenus moins généreux ?"
Le Téléthon, grand-messe caritative organisée tous les ans pour récolter des dons pour les maladies orphelines, n’a engrangé cette année “que” 69,3 millions d’euros de promesses de dons. Une nette baisse par rapport à l’édition 2017, où le compteur avait affiché la belle somme de 89,1 millions d’euros. Les Français rechigneraient-ils à mettre la main au portefeuille ?
Si le nombre de donateurs recule très nettement depuis plusieurs années, le montant total des dons effectués en France en 2018 est en nette augmentation, rappelle l’étude annuelle sur la générosité en France publiée par le réseau associatif Recherches et Solidarités. Autrement dit, les Français sont moins nombreux à donner, mais ceux qui le font donnent beaucoup plus. L’ensemble des foyers imposables ont versé ainsi plus de 500 euros en moyenne sur l’année 2017.
69 290 089 € : Merci à tous !
L’année où le #Téléthon partage ses plus belles victoires, son compteur est fragilisé par un contexte social très difficile ➜ https://t.co/21NTKehUoU
La collecte continue. Pour faire un don :
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☎ 3637#Téléthon2018 pic.twitter.com/FevUoKdbYP
— AFM-Téléthon (@Telethon_France) 9 décembre 2018
Jean-Paul Kogan-Recoing, cofondateur de l’AMRAC (comité de régulation de la collecte de fonds en face-à-face), y voit la combinaison de plusieurs facteurs : “La collecte de fonds est influencée par les événements sociaux, c’est indéniable. L’année dernière c’était la mort de Johnny Halliday, cette année ce sont les Gilets Jaunes. Ajoutez à cela un sentiment d’instabilité fiscale qui domine. L’instauration du prélèvement à la source inquiète les donateurs. Ils craignent que leurs dons ne soient pas immédiatement défiscalisés.”
Il appartient également au domaine de l’intime, entrant en résonance avec nos propres conceptions de générosité et de citoyenneté. “Le don dans une société est une forme d’impôt volontaire”, analyse Jean-Paul Kogan-Recoing. “Il y a d’un côté l’impôt obligatoire, où vous financez le prochain porte-avion nucléaire sans forcément l’avoir choisi. En revanche quand vous donnez à Action contre la faim ou aux sapeurs-pompiers, vous décidez volontairement de donner de l’argent à une cause d’intérêt général qui manque de financement de l’État.”
Le numérique au service du don
Les associations doivent donc s’adapter aux attentes des citoyens et transformer leurs outils pour s’adapter à l’évolution de nos sensibilités et nos pratiques. La collecte en face-à-face continue d’afficher de bons résultats, les paiements s’automatisent. Une autre étude Recherches et Solidarités de novembre 2017 soulignait également l’importance de l’image que renvoient les associations sur Internet, appelant le secteur associatif à “inclure le digital dans [leur] communication pour créer la confiance et donc générer le don”.
L’AMRAC a également lancé début 2018 l’application smartphone “Où je donne” (disponible uniquement sur Apple Store pour le moment), afin de permettre aux donateurs et aux associations de localiser en temps réel les collectes face-à-face dans la rue. “Transparence assurée”, proclame-t-elle.
“Nous devons aussi comprendre qu’une association dépense une partie de son budget dans l’opération de collecte, sans quoi les donateurs ne viennent pas à elle”
La remarque n’a rien d’anecdotique. Si les Français semblent faire globalement plutôt confiance aux associations et aux fondations (54 % d’entre eux déclaraient leur faire confiance en 2017), les donateurs se montrent en revanche très exigeants quant à la gestion financière des dons et les missions effectuées par l’organisme receveur. Les associations doivent ainsi jongler entre impératif de transparence et demande de résultats. Ainsi, depuis 1989, le label “Don en confiance” distingue les organismes qui respectent sa Charte de déontologie sur l’appel au don.
“Il faut communiquer avec les donateurs de manière authentique, sans essayer de les manipuler”, estime Jean-Paul Kogan-Recoing. “Mais nous devons aussi comprendre qu’une association dépense une partie de son budget dans l’opération de collecte, sans quoi les donateurs ne viennent pas à elle.”
“Imaginons qu’une association nous dise ‘on peut éteindre l’épidémie de sida mais il nous faut 2 milliards d’euros pour l’année prochaine’. Pour récolter ces 2 milliards, elle va dépenser 800 millions en collecte, ce qui va paraître énorme aux donateurs. Maintenant imaginons une autre posture qui est de dire ‘je suis une association qui ne dépense que 5% de mon budget en collecte, sauf que je n’ai pas de budget et que je ne fais rien’. Qu’est-ce que va préférer le donateur ?”
En cette période de fêtes de fin d’année (et de folie consumériste), la plateforme web et application GEEV de don d’objets entre particuliers propose également aux âmes généreuses d’échanger des biens en ligne et gratuitement. Une solution idéale pour offrir une seconde vie aux choses sans les jeter, tout en faisant plaisir aux autres. Et redonner à Noël un peu de sa magie.
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