Partager la publication "Les instagrameurs, nouvelles stars de l’édition ?"
Si, durant la dernière décennie, le monde de l’édition s’était surtout intéressé aux youtubeurs, avec des autobiographies, des bandes dessinées, des livres de tutos de cuisine… de plus en plus d’auteurs sont aujourd’hui repérés sur Instagram. Avec son milliard d’utilisateurs actifs tous les mois, la plateforme est le deuxième réseau social le plus utilisé au monde. Une poule aux œufs d’or pour les maisons d’édition ?
“La création se déplace. Il y a eu un appel d’air des youtubeurs, qui ont fait beaucoup de livres. Peut-être trop. Aujourd’hui, le format Instagram nous semble plus propice au récit. D’autant que l’écrit est plus présent sur ce réseau”, explique Olivier Moreira, éditeur du label #am dédié aux pop et geek cultures chez Albin Michel, qui a publié Morgane Ortin (@AmoursSolitaires) et publiera bientôt Angelo Foley (@BalanceTaPeur).
Les instagrameurs : un succès assuré ?
Mais le nombre de followers n’est pas le plus important, selon les deux éditeurs. Leur engagement joue surtout. “Aujourd’hui, les lecteurs sont souvent plus fidèles aux instagrameurs qu’aux grands journaliste par exemple. Et il est plus intéressant d’avoir une petite communauté avec un sujet très fort et des abonnés captifs, que l’inverse. On sait qu’un livre creux ça ne marche pas”, précise l’éditrice de Petites Luxures, qui a aussi publié l’ouvrage Alchimie végétale de l’instagrameuse Séverine Perron, dont la communauté n’est composée “que” de 3 400 abonnés.
“Par exemple, Morgane Ortin (693 000 followers) a créé un lien extrêmement fort avec ses abonnés. Pour le lancement de son livre, plus de 1 000 personnes étaient là, c’est énorme”, ajoute Olivier Moreira.
Un engagement qui a porté ses fruits : le Tome 1 d’Amours Solitaires, paru en octobre 2018 et qui compile des centaines de textos romantiques (ou érotiques), s’est vendu à 100 000 exemplaires. “Il a atteint un niveau de best-seller”, se félicite l’éditeur. Le livre a même été traduit en six langues, avec un engouement des étrangers pour ce format original. D’où le deuxième tome, paru un an plus tard, en octobre 2019.
De la légitimité pour les instagrameurs
Si les maisons d’édition convoitent les auteurs influenceurs, ces derniers y trouvent aussi leur compte. “Instagram, c’est une belle rampe de lancement, mais cela peut aussi être une prison, analyse Olivier Moreira. Au bout d’un moment, quand vous n’existez qu’à travers le réseau, il est important d’en sortir.”
Il souligne par exemple le chemin parcouru par Morgane Ortin : “Le lancement du Tome 1 a beaucoup joué pour sa notoriété. Publier un ‘vrai livre’, c’est important dans notre société, c’est être quelqu’un de ‘sérieux’. Casser ce mur d’internet, ça légitime en quelque sorte.”