Mi UberPop, mi Blablacar, Sharette invente le covoiturage urbain

“Les transports en Île-de-France, c’est compliqué. Et plus de 12 millions d’habitants sont confrontés à cette galère chaque jour”. C’est le constat posé par Sharette, une jeune start-up qui a décidé de faire “économiser du temps et gagner de l’argent” à ceux qui possèdent une voiture, comme à ceux qui n’en ont pas.
Comment ? En mettant en contact les conducteurs et les passagers pour qu’ils fassent voiture commune lorsqu’ils vont au même endroit. En bref, du covoiturage sur de courtes distances et à l’échelle locale. Une solution hybride, à la croisée de celles proposées par Blablacar et feu-Uber Pop.

Contrairement à Blablacar, Sharette ne propose pas de covoiturer d’une ville à une autre, mais au sein d’une même agglomération. Et à la différence d’Uber Pop, ses conducteurs ne sont pas prestataires de service, puisqu’ils ne font qu’embarquer des passagers sur des trajets qu’ils ont prévu d’effectuer. Il faut croire que ce service répond à une demande : lancée le 15 juillet, l’application Sharette compte déjà 11 000 utilisateurs actifs en Île-de-France.

Désengorger le trafic, réduire la pollution
 

Pour la start-up, la mutualisation des trajets est un moyen efficace de désengorger le trafic et de réduire la pollution. “Les gens passent plus d’une heure et demie dans les transports le matin, alors qu’ils mettraient vingt minutes en voiture pour la même distance”, explique Catherine Vallet, responsable de la communication de Sharette. Une mutualisation d’autant plus évidente que “la plupart des voitures qui circulent dans la région comptent un seul conducteur par véhicule”

Une situation qui coûte cher aux conducteurs franciliens. Chaque année, ces derniers passent en moyenne 55 heures dans les bouchons. Le coût d’une seule de ces heures pour un automobiliste ? 11,70 euros. Pour un ménage, la facture annuelle s’élève ainsi à… 943 euros !

Lancée en 2013 par Grégoire de Pins, ingénieur de formation, la plateforme a récemment été jumelée avec l’application RATP, afin de proposer une option supplémentaire aux voyageurs recherchant un itinéraire de transport en Île-de-France.

Même si le conducteur n’a pas la même destination finale que son passager, l’application leur permet tout de même de faire un bout de trajet ensemble, en combinant la route et les réseaux ferrés. Un service qui pourrait notamment s’avérer efficace les déplacements banlieue-banlieue, souvent compliqués, voire impossible, en transports en commun.

“Climat de confiance”

Quel que soit le temps de parcours ou les kilomètres effectués, chaque trajet est facturé 2,36 euros à l’utilisateur : deux euros pour le conducteur et 36 cents de frais de service pour la startup, qui compte aujourd’hui quatre salariés. Pour convaincre de nouveaux utilisateurs, Sharette prévoit de mettre en place un système de notation des conducteurs et des passagers, espérant ainsi “instaurer un climat de confiance au sein de sa communauté”.
Aujourd’hui, la startup enregistre une cinquantaine de trajets par jour, principalement en région Île-de-France, “un peu moins intra-muros” qu’au delà du périphérique. Pour conquérir de nouveaux usagers, Sharette mise notamment sur l’arrêt estival du RER A, du 25 juillet au 23 août, une fermeture qui surviendra chaque années jusqu’à 2021 pour cause de travaux. 

Pour promouvoir ce nouveau service, une opération de communication est d’ores et déjà menée par la RATP dans ses bus et sur les réseaux sociaux. Une visibilité bienvenue pour cette start-up, qui affiche son ambition : faire 75 000 adeptes dans les prochains mois.
 

Lara Charmeil
Journaliste à We Demain
@LaraCharmeil

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