Partager la publication "Le Centre Pompidou-Metz embarque le public dans la conception d’un navire de sauvetage de migrants"
Quand Paris, Washington et Canberra tentent de solder l’affaire des sous-marins australiens pour 56 milliards d’euros, au Centre Pompidou-Metz se dessine l’Avenir. Le premier navire conçu spécifiquement pour le sauvetage et l’accueil des migrants naufragés en Méditerranée.
VPLP, cabinet de concepteurs des plus beaux bateaux de course de la Route du Rhum et du Vendée Globe, est de l’aventure. Il en a réalisé l’esquisse. Mais du 17 septembre au 8 novembre, les architectes navals laissent la main au public du musée. À lui de colorier, commenter, compléter leur croquis, imprimés sur de larges planches papier, au Paper Tube Structure (PTS), l’atelier de Shigeru Ban, conçu pour créer le Centre Pompidou-Metz.
“Toutes les idées sont bonnes à prendre”, assure Sébastien Thiéry, cofondateur de l’association Perou (Pôle d’exploration des ressources humaines), un laboratoire de recherche-action pour articuler actions sociale et architecturale. Il coordonne le projet avec Civic City, institut international de recherches en design pour une ville citoyenne. “Comment rendre de loin le navire bien distinct des bateaux militaires ou de la police ? Quelles inscriptions, en quelles langues ? Quels gestes d’accueil ?…”
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Au moins 1 146 migrants ont péri en Méditerranée au premier semestre 2021. Soit deux fois plus qu’en 2020, alertait le 14 juillet l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
“Construire dix navires c’est ce que ferait l’Europe si elle était conséquente”, s’indignait Marc Van Peteghem cofondateur de VPLP, lors de “La Nuit des Alter-réalités” organisée le même jour par Civic City.
Le projet imaginé par VPLP ? Un catamaran de 65 m par 20 m, à cinq ponts. À l’arrière, un double radier – une double rampe – permettra “de tracter les embarcations sur le navire sans que les mouvements des rescapés au moment du sauvetage ne le fasse chavirer,” précise Sébastien Thiéry. Elles seront tractées jusqu’au “pont nacelle”, conçu pour les soins et impératifs sanitaires. En dessous, les cabines. Au-dessus, “la place”, un grand pont libre encore à inventer, protégeable par mauvais temps. De là on accède par deux escaliers au “pont refuge”, puis au “pont promenade”.
“Ce bateau, je voudrais le conduire”, confie une petite fille à Caroline Gillet, journaliste, réalisatrice et créatrice sonore qui a capté mi-septembre les échanges avec le public. Idée actée : de petits gouvernails à hauteur d’enfant seront placés sous les hublots du pont refuge.
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Le projet implique déjà 1 000 étudiants de 50 écoles européennes d’architecture, design, graphisme, droit, développement durable, sciences humaines, art. Le Centre chorégraphique de Montpellier accueillera un atelier de travail du 8 au 12 novembre. L’École Urbaine de Lyon en janvier, le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem) de Marseille au printemps 2022.
Il reste moins d’un an pour présenter un projet abouti, plan financier inclus. Or 25 millions d’euros sont nécessaires à la construction du bateau.
“Avec le coût du futur porte-avions nucléaire livré en 2036 (5 milliards), on pourrait construire 200 Avenir”, compare Sébastien Thiéry. Mais ce navire porterait lui le rêve d’une Europe constructive, fondée sur des gestes d’hospitalité vive”. Des gestes d’hospitalité que l’équipe souhaite faire inscrire au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco.
“Si on met bout à bout les forces d’accueil sur terre et sur mer des concepteurs que nous sommes, ça devient une force incroyable”, s’enthousiasme Sébastien Thiéry. Qui espère achever le bateau en 2024.
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