Non, les robots ne sont pas prêts à gouverner le monde

Tous les médias en ont parlé. Pour la première fois, un programme informatique a réussi à se faire passer pour un être humain lors d’échanges écrits de cinq minutes avec des juges. Ce test, élaboré par Alan Turing en 1950, doit déterminer si un programme informatique est capable de reproduire une conversation humaine. Examen validé samedi 6 juin : un certain « Eugene Goostman », qui a fait croire à 33% des juges qu’il était un petit garçon ukrainien de 13 ans. Il s’agissait en réalité d’un programme.

Ce succès a été présenté comme une avancée majeure vers l’avènement d’une intelligence artificielle plus développée que les programmes qui simulent déjà des conversations (« chatbots »). Le test a mis en compétition cinq programmes intelligents à la Royal Society de Londres le week-end dernier. Mais depuis, certains sites spécialisés comme Tech Dirt ou Wired ont remis en cause ces avancées et vont jusqu’à accuser les scientifiques d’avoir sur-vendu l’événement.

Un test obsolète, tronqué et sur-vendu

Quels sont les éléments qui posent problème ? La pertinence du test tout d’abord. Wired relève que pour de nombreux experts, le test, vieux de 65 ans, est devenu obsolète à cause du « manque de données sur l’intelligence – humaine et artificielle – disponibles à l’aube de l’informatique ». L’interprétation à donner aux critères de validation du test, ensuite : Alan Turing estimait qu’une machine le réussirait lorsque sept interlocuteurs sur dix penseront avoir affaire à un être humain. Or, selon la nouvelle interprétation, la machine réussit si elle arrive à tromper 30% de ses interlocuteurs, pas 70. Le score d’Eugene, de 33%, n’est donc pas si élevé – et ne peut être mis en parallèle avec les résultats des autres programmes en compétition ce week-end puisque l’université de Reading n’a pas encore publié les résultats complets.

Autre facteur qui permet de le nuancer, l’âge et la nationalité de la personnalité virtuelle. Le programme se fait passer pour un enfant de 13 ans, non-anglophone. Ce qu’il ne comprend pas, les lacunes de la conversation, peuvent donc être imputés à son jeune âge et à sa maîtrise approximative de la langue. La dernière objection à la portée historique du test réside peut-être en la personnalité de l’organisateur du test, Kevin Warwick. Slate.fr rapporte en effet que le chercheur est « tristement célèbre » pour ses annonces ridicules – ou prématurées – dans la presse.

Pour Joshua Tenenbaum, professeur au MIT, le programme « n’a rien d’impressionnant » et n’est, pour l’instant, rien d’autre qu’un simple logiciel de conversation qui imite la pensée humaine. 

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