Obsèques, fleurissement… Ces 3 start-up veulent ubériser le marché du funéraire

Faire-part de décès en ligne, bornes interactives pour trouver une tombe, cérémonies d’obsèques retransmises en live sur Internet… C’est la nouvelle panoplie de services proposée aux familles qui, chaque année, doivent s’acquitter de la lourde et rude tâche d’organiser des obsèques. Derrière ces offres, de nouveaux acteurs, qui tirent partie de la révolution numérique pour se faire une place sur ce marché.

Ce dernier pèse lourd : plus de 2,5 milliards d’euros par an rien qu’en France. D’autant que, directement lié à la démographie, il offre des perspectives…  Si, pour l’heure, la courbe des décès est stable, avec près de 600 000 personnes par an (soit un Français sur cent), les experts tablent sur la disparition, en 2 030, de 700 000 Français. Ceux de la génération du baby boom.

Que ce soit en permettant aux personnes en fin de vie d’optimiser leur testament, en aidant les particuliers à organiser des obsèques de chez eux ou en rendant l’accès aux 2 200 cimetières français plus facile aux personnes qui vivent loin de leurs défunts et ne peuvent ainsi pas régulièrement soigner et fleurir leurs tombes, de plus en plus d’entreprises se lancent. Chacune à sa façon, elles essaient, époque oblige, “d’ubériser la mort”We Demain vous présente trois de ces nouveaux services pré ou post funéraires.

TESTAMENTO, LA START-UP QUI VEUT SIMPLIFIER LE TESTAMENT… ET UBÉRISER LES NOTAIRES

Son élaboration chez un notaire coûte entre cent et deux-cent euros en moyenne : le testament, ce précieux et solennel document dans lequel une personne indique à qui elle entend transmettre ses biens une fois partie. Une aberration pour les fondateurs de l’entreprise Testamento. Lancée en 2013, celle-ci aide les particuliers à le concevoir pour un prix s’élevant de 30 à 70 euros grâce à une plateforme en ligne sur laquelle n’importe qui peut se créer un compte gratuit.

Une fois inscrit, l’internaute prêt à livrer ses derniers souhaits sur la toile renseigne des informations sur sa situation personnelle, répond à un questionnaire, puis obtient un modèle juridiquement fiable de testament dit “olographe”. Il lui suffit ensuite de le recopier à la main, de le signer, de le dater et de l’enregistrer sur la plateforme.

S’il souhaite qu’une trace papier en soit conservée, il a la possibilité de le conserver et/ou de l’envoyer à un notaire de l’entreprise par courrier. Ce dernier se chargera de l’inscrire au fichier central des dispositions des dernières volontés, sur lequel sont enregistrés les testaments. Une sécurité fortement recommandée par les notaires, comme le précise France Info.fr, qui souligne la nécessité de valider les cas trop “complexes”, afin d’éviter “les omissions, […] ambiguïtés ou […]imprécisions sujettes à interprétation”. En outre, Testamento délivre des informations gratuites relatives à la situation d’une personne sans testament.

Sécuriser des choix de fin de vie

Pour vingt euros de plus, la plateforme propose depuis cet automne un service supplémentaire baptisé Mes Volontés. L’idée : permettre aux internautes de “sécuriser” leurs choix en matière de fin de vie. Un document où chacun peut, en somme, laisser une trace écrite concernant ses choix funéraires, son envie ou refus de donner ses organes à la science ou encore ses velléités en termes d’acharnement thérapeutique.

Devant une cinquantaine de start-up du monde entier, Testamento a cette année remporté le prix de la meilleure start-up Assuretech 2016, lors du Global Fintech Challenge.

ADVITAM, UN SERVICE POUR SIMPLIFIER L’ORGANISATION DES OBSÈQUES

Le type de sépulture, le choix et le prix du cercueil, la région où se déroulent les obsèques sont les trois éléments qui déterminent le coût global des obsèques en France. Un coût la plupart du temps exorbitant, faute de concurrence dans le secteur pendant de nombreuses années : 3 500 euros en moyenne pour une inhumation, 3 000 euros pour une crémation… Et jusqu’à 7 000 euros pour les plus chères. À noter que ces moyennes varient fortement en fonction du lieu, les prix étant plus élevés à Paris que dans les régions… et que ces derniers ont, selon l’UFC-Que Choisir, augmenté deux fois plus vite que l’inflation ces vingt dernières années.

La start-up Advitam, elle, se targue de proposer des prestations “deux fois moins chères que le prix moyen” . Ses prestations sont de 2 000 euros pour une crémation et de 2 500 euros pour un enterrement. Pour offrir de tels prix (fixes), la jeune pousse sous-traite la main d’oeuvre, qui représente “40 % à 50 % des charges des entreprises de pompes funèbres”, comme l’explique le directeur général des Services funéraires de la Ville de Paris François Michaud-Nérard au site d’information ABCBourse.com.

Advitam pratique le même prix quels que soient les choix de la famille, soit 1 500 euros d’économies sur le coût habituel. Un prix qui comprend une multitude de services. Notamment l’aide d’un conseiller spécialisé en ligne, qui guide les proches du défunt à travers l’enfer des démarches administratives (résiliations d’abonnements de téléphone, de box Internet, d’assurances ou d’électricité). Le même conseiller aide aussi à organiser les cérémonies de l’inhumation ou de la crémation. De même qu’à choisir un corbillard, des porteurs, un maître de cérémonie, ainsi que le cercueil ou l’urne.

Accompagner, en ligne, les proches tout au long des obsèques

Sur son site, l’entreprise, qui s’est lancée en janvier 2016, explique ainsi “organiser des obsèques sur Internet ou par téléphone” pour limiter la “pression d’un vendeur qui va essayer de vous vendre le cercueil le plus “approprié”” et le temps passé face à commerçant en chair et en os “pour connaître le prix final”. Elle affirme ainsi concurrencer les autres entreprises du secteur en livrant, à moindre coût, un accompagnement complet tout au long des obsèques. Pour autant, ses services ne sont, pour l’heure, disponibles qu’en Île-de-France.

MEMORY FOREVER, UNE ENTREPRISE POUR FLEURIR LES TOMBES… À DISTANCE

Lancée en janvier, Memory Forever est une plateforme collaborative entre particuliers de services funéraires en ligne. Son objectif : aider les personnes qui vivent loin de leurs défunts à prendre soin de leurs tombes ou de leurs urnes… à distance.

L’idée est née de la rencontre entre Sam Chicheportiche, 63 ans et ancien cadre “dans le funéraire” et Steven Sion, “expert du digital depuis plus de 15 ans”. Pour soulager “le deuil de particuliers” et permettre à d’autres particuliers de se créer des revenus complémentaires tout en faisant “le bien autour de soi”,  les deux entrepreneurs les mettent en relation via leur site.

Fleurissement, cérémonie d’hommage… Le principe est simple : Si vous n’êtes pas là à la Toussaint, ou à n’importe quel autre moment de l’année mais que vous aimeriez que quelqu’un entretienne la sépulture, il vous suffit de vous inscrire gratuitement sur la plateforme, puis de vous mettre en contact avec un membre inscrit sur Memory Forever et vivant à proximité. Pour amortir les frais, une cagnotte en ligne permet de solliciter l’aide de membres de votre entourage. Et pour vérifier que la prestation a été effectuée comme vous le souhaitiez, une photo vous est envoyée par mail.

Des personnes qui aspirent à se rendre utiles

La start-up ​propose également la livraison de compositions florales directement du producteur à celui qui va fleurir la tombe, sans intermédiaires. Les frais de port étant offerts, les compositions sont jusqu’à 75 % moins chères que dans le commerce conventionnel. Les tarifs sont ainsi moins onéreux que ceux d’une entreprise professionnelle : comptez 20 euros par nettoyage, 60 euros en moyenne avec les fleurs…Et donnez cet argent à des étudiants, retraités, femmes aux foyers, et plus largement à une communauté de personnes qui aspire simplement à se rendre utile.

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