Pacific Climate Warriors : en première ligne pour lutter contre les changements climatiques

De Nouvelle-Zélande au Bhoutan, du Pacifique à l’Himalaya, le Wānanga Trek est un reportage solidaire mené par Anne Sophie, étudiante en sciences politiques de 21 ans. Chaque mois, elle racontera ses aventures à We Demain.

 

“Vraiment ? Il y a encore des gens qui ne croient pas au réchauffement climatique ? Dites-leur de venir ici, qu’ils voient par eux mêmes !”

Les micro-États du Pacifique comptent parmi les grands oubliés du changement climatique. Ils figurent parmi les États les moins responsables des émissions de gaz à effet de serre et sont, pourtant, les premiers à en subir les conséquences.

Dans le Pacifique Sud, le Tuvalu est sûrement le plus symbolique de ces États insulaires.

À environ deux heures d’avion au Nord des Fiji, ce petit pays a une altitude moyenne de deux mètres au-dessus du niveau de la mer.

Composé de neuf atolls coralliens (de fines bandes de terre entourant un lagon), le Tuvalu compte 10 000 habitants.

Nombreux sont ceux à migrer vers d’autres pays du Pacifique : les Fiji, les îles Cook, la Nouvelle-Zélande, l’Australie.
 
Avec une altitude maximale de cinq mètres au-dessus du niveau de la mer, le pays est particulièrement vulnérable au réchauffement global ; et souvent évoqué comme la première victime de ses conséquences. En 1989, l’ONU a déclaré qu’au cours du 21e siècle, le Tuvalu serait le premier à disparaître sous la montée des eaux.

Un état des lieux du changement climatique au Tuvalu

La montée des eaux est une réalité visible à Tuvalu : les King Tides ou marées géantes plongent les habitants sous un à trois mètres d’eau tous les mois, pendant la saison des pluies, alors que certaines îles disparaissent déjà.

Et c’est sans compter sur le manque d’eau potable qui pèse sur la vie des habitants. Un manque provoqué par la pollution des nappes phréatiques du fait de la montée des eaux et de l’érosion. Celle-ci rend  l’agriculture impossible et les habitations de plus en plus fragiles et vulnérables.

Les changements climatiques affectent donc surtout les Tuvaléens, en ce qui concerne leur mode de vie, leur subsistance et leurs besoins vitaux : l’eau potable et l’agriculture.

La récurrence de catastrophes de plus en plus violentes est un autre aspect frappant de ces changements climatiques à Tuvalu. Le cyclone Pam, par exemple, le deuxième plus gros cyclone du Pacifique Sud survenu en 2015, a provoqué un déplacement massif de 45 % de la population Tuvaluéenne, principalement depuis les atolls du Nord.

L’importance de la jeunesse à Tuvalu

A l’échelle gouvernementale, Tuvalu est membre, comme la plupart des SIDS (Small Islands Developing States), de programmes de réduction des gaz à effet de serre et de transition vers des énergies propres et renouvelables.

Étant extrêmement dépendant des aides internationales, le gouvernement vise l’auto-suffisance sur les plans énergétiques, mais ici comme ailleurs, la transition prend du temps.

Le pays, avec les autres États insulaires du Pacifique, exerce également une pression sur les pays industrialisés, pour que ces derniers diminuent leurs émissions. La prochaine COP 23, qui se déroulera à Bonn sous l’égide des Fiji, ouvre une voie prometteuse pour les États du Pacifique.

Reste que les actions les plus significatives proviennent majoritairement d’initiatives citoyennes et associatives ; 350 Pacific, Tuvalu Overview, Alofa, Red Cross,…

La jeunesse Tuvaléenne, au sein des luttes contre le changement climatique, est double.

En effet, les jeunes migrent, le plus souvent pour trouver du travail à l’étranger et pourtant ce sont eux qui s’impliquent le plus dans des initiatives locales.

Conscients d’être la génération clé de l’adaptation du pays aux conséquences du réchauffement climatique, nombreux sont les jeunes à s’engager, à la fois auprès d’écoles comme de personnes plus âgées pour sensibiliser la population ou encore dans des programmes d’urgence en cas de catastrophes. Ils se font également lobbyistes auprès des gouvernements, plantent des mangroves pour protéger les habitations,

L’ONG 350 Pacific est la plus exemplaire : elle rassemble des jeunes du monde entier, de toutes les îles du Pacifique, qui s’impliquent et trouvent des solutions locales pour contrer les conséquences des changements climatiques.

Pendant trois semaines, nous avons partagé leurs vies en faisant du volontariat, des interviews, des reportage et leurs actions, sur tous les fronts nous ont inspirés.

 

 

Milly, Pacific Climate Warrior sur tous les fronts

Milikini, surnommée Milly, est une jeune Pacific Climate Warrior originaire de Nukufetau — l’un des neuf atolls au Nord du Tuvalu —, qui a migré à Funafuti, l’atoll principal du pays pour s’impliquer dans des causes politiques et associatives.

Ses engagements touchent à tout : elle est l’une des membres principales de 350 Pacific, du Conseil National de la Jeunesse de Tuvalu, mais aussi membre de la Croix Rouge locale.

Elle représente également les Jeunes, les Femmes et les Peuples Indigènes du Pacifique à tous les sommets internationaux sur les questions climatiques, des sommets régionaux aux COPs.

Ses liens proches du gouvernement lui permettent d’avoir un impact à l’échelle locale et nationale.

Mais ce qu’elle préfère, c’est “travailler avec le bas de la pyramide”.
 


Pour elle, les jeunes sont les acteurs primordiaux de la lutte contre les dérèglements climatiques. Non seulement, ils comptent parmi les plus touchés par ces derniers, mais sont aussi plus sensibilisés à leurs conséquences. Ils maîtrisent également les nouvelles technologies, qui leurs permettent d’étendre leurs champs d’actions et de militer pour leurs pays à grande échelle.

Anne-Sophie Roux.

Si vous souhaitez en savoir plus sur les projets, les initiatives et les personnes qui font vivre les communautés rencontrées par Anne Sophie Roux,

rendez-vous sur le blog de Wanangatrek.com

 

Recent Posts

  • Déchiffrer

Christophe Cordonnier (Lagoped) : Coton, polyester… “Il faut accepter que les données scientifiques remettent en question nos certitudes”

Cofondateur de la marque de vêtements techniques Lagoped, Christophe Cordonnier défend l'adoption de l'Éco-Score dans…

18 heures ago
  • Ralentir

Et si on interdisait le Black Friday pour en faire un jour dédié à la réparation ?

Chaque année, comme un rituel bien huilé, le Black Friday déferle dans nos newsletters, les…

1 jour ago
  • Partager

Bluesky : l’ascension fulgurante d’un réseau social qui se veut bienveillant

Fondé par une femme, Jay Graber, le réseau social Bluesky compte plus de 20 millions…

2 jours ago
  • Déchiffrer

COP29 : l’Accord de Paris est en jeu

À la COP29 de Bakou, les pays en développement attendent des engagements financiers à la…

3 jours ago
  • Déchiffrer

Thomas Breuzard (Norsys) : “La nature devient notre actionnaire avec droit de vote au conseil d’administration”

Pourquoi et comment un groupe français de services numériques décide de mettre la nature au…

4 jours ago
  • Respirer

Les oursins violets, sentinelles de la pollution marine en Corse

Face aux pressions anthropiques croissantes, les écosystèmes côtiers subissent une contamination insidieuse par des éléments…

4 jours ago