Partager la publication "People and the Sea : Quand la conservation marine devient source de cohésion"
“Notre objectif est de soutenir les communautés, commerces et autres acteurs locaux en identifiant des leviers innovants de gestion des ressources marines, afin d’avoir un impact social positif. Nous croyons à une approche collaborative, inclusive, qui permette un développement riche de sens et une gestion durable de l’environnement marin.”
Depuis des générations maintenant, les aires marines protégées sont perçues comme un levier incomparable de conservation des récifs et de la biodiversité sous-marine. Mais dans la plupart des cas, ces projets sont fondés par le haut : soit de manière coercitive, soit sans véritable fondement scientifique ; en tous cas sans conciliation avec les populations locales, et souvent sans réels impacts – ni sociaux, ni environnementaux.
Dévastée par le typhon Yolanda, qui a détruit la plupart des bâtiments autant que des récifs en 2013, l’île de Malapascua est habitée par une communauté de pêcheurs qui, ayant pour la plupart tout perdu il y a trois ans, ont depuis diversifié leurs activités autour du tourisme de la plongée (l’île est le seul endroit au monde ou l’on peut nager aux côtés des requins renards, une espèce très rare).
Un concept d’aire marine protégée “bottom-up”
Leur modèle part d’un constat simple : les projets d’aires marines protégées ne fonctionnent pas si elles sont coercitives et ne proposent pas d’autres solutions aux locaux. Axelle et Ian, les fondateurs de People and the Sea, ont donc passé plus d’un an maintenant à se concerter aux côtés des pêcheurs de l’île pour déterminer les manières les plus viables de gérer les ressources marines.
Le parti pris de People and the Sea est de partir des pêcheurs comme force motrice de la gestion de leurs ressources marines : leurs connaissances sont intégrées dans des bases de données aux côtés des données scientifiques qu’une équipe de plongeurs professionnels récolte régulièrement.
Repenser le volontariat
Un volontaire “PepSea”, c’est tout d’abord un plongeur (apprenti ou non), qui veut donner un sens a ses plongées et apprendre la richesse du monde subaquatique et des manières viables de les gérer. Il a des cours tous les jours, sur les coraux, les poissons, les invertébrés et tout ce qui peuple les fonds marins. Il participe aux enquêtes scientifiques en faisant des relevés et recensements des espèces marines, et repart chez lui avec une connaissance élargie et un sentiment concret d’avoir agi en faveur de l’environnement.
Limpyo Malapascua : Au-delà de la simple conservation
Un programme de “homestay” est par exemple développé par l’organisation, qui permet d’héberger les volontaires et de doubler, voire tripler, les revenus mensuels des familles. Un fond en faisant partie permet aussi d’améliorer leurs maisons, les rendant moins vulnérables aux typhons.
Guerrilla Gardening
L’équipe de plongeurs et volontaires se joint donc aux locaux toutes les semaines pour transformer des dépotoirs en jardins collaboratifs ; les fruits des récoltes allant bien entendu aux voisins ou commerces du quartier. Tout le monde trouve un compte a s’y impliquer, et amplifie l’effort de nettoyage de l’île.
Une semaine après notre arrivée, un groupe d’enfants d’environ 7 ou 8 ans se sont montrés a à l’office un dimanche et ont demandé des sacs.“Pourquoi faire ?”, a demandé Axelle un peu surprise. “Pour nettoyer la plage !” ont répondu les enfants enjoués. Puis ils ont passé l’après-midi à trier les déchets trouvés sur la côte. Cette initiative spontanée de la part des plus jeunes donne beaucoup d’espoir et de motivation a l’équipe, et démontre la force de changement pouvant venir des nouvelles générations.
Anne-Sophie Roux.