Après trois ans de formation en photographie, Élise Aubisse travaille dans un studio. Mais désormais, pour réaliser les images qui l’intéressent, elle n’a plus besoin de sortir de chez elle. Photographie-t-elle le monde depuis sa fenêtre? Non, depuis son fauteuil, devant son ordinateur, dans le monde futuriste et guerrier du jeu vidéo Overwatch où s’affrontent des humains et des robots. Elle y capture des clichés hyperréalistes du quartier londonien de King’s Row, qui font ressortir les détails de l’atmosphère mystérieuse de ce jeu. Puis, elle les partage, surtout en ligne (sur Instagram, son site web ou des communautés virtuelles), dans la presse spécialisée et à travers quelques expositions.
Capturer une image dans un jeu vidéo comme on le ferait dans la rue ? Voilà qui laissera dubitatifs nombre d’amateurs de photo. Le in-game photography est pourtant une discipline qui monte. En important dans le virtuel les codes de la photographie (angle, cadrage, distance du sujet, utilisation de la lumière), elle explore les facettes inattendues des espaces numériques et invite à s’interroger sur les frontières entre les mondes physique et virtuel. Comme Élise, une nouvelle génération de photographes – Leonardo Sang, Rewell Altunaga, Joshua Taylor… – glane ainsi ses images dans les jeux. En témoigne la profusion de sites et comptes de médias sociaux où ils partagent leurs œuvres.
ROBERT OVERWEG
Pour ce Néerlandais, pionnier du in-game photography, les jeux vidéo sont une extension de la réalité, de nos espaces publics. Il questionne la création visuelle à l’ère digitale en mettant en lumière les erreurs et bugs qui parsèment des jeux vidéo comme Half-Life 2, Counter-Strike et Modern Warfare, en explorant leurs limites, leurs frontières. Une façon de rappeler qu’à la différence du monde réel, infini, les jeux vidéo sont clos. Pour l’instant…
Lire la suite dans le n°27 de la revue We Demain.