Partager la publication "Pour “accélérer la transition”, hackers et écolos sont dans un château"
“On arrête tout, on réfléchit, et c’est pas triste.” Ces paroles de Gébé, dessinateur de l’An 01, des hackers et des écologistes ont décidé de les traduire en actes. Le temps d’un week-end, du 26 au 28 juin dernier, ils ont mis en veilleuse leurs projets respectifs pour tenter de changer le monde à leur manière.
Bienvenue à Millemont, petite commune de 250 habitants, aux portes de la foret de Rambouillet. Ce village possède un atout : un magnifique château du XVIIIème siècle, accessible en RER, à 45 minutes de Paris. “Au lieu de le vendre à un groupe de Qataris “, son propriétaire a décidé de le louer pour des événements allant dans le sens de la transition écologique. C’est notamment ici que se tiendra POC 21 cet été.
Ce week-end là, la bâtisse accueille la deuxième édition d’Open Château, un événement porté par deux collectifs : Assemblée Virtuelle et Call for Team. Son but ? Rassembler tous les “acteurs de la transition” afin qu’ils échangent des idées sur leurs projets respectifs, mais surtout qu’ils évitent d’agir chacun dans leur coin et mettent en commun leurs ressources. Tout le week-end, ateliers pratiques et discussions théoriques se succèdent.
Cent-cinquante personnes sont présentes. De tous âges. On retrouve des représentants d’Alternatiba , des Petits Débrouillards et d’autres associations moins connues du grand public, telles Open Team, Open Source Ecologie, On passe à l’acte ou encore Démocratie OS.
A l’entrée, un panneau annonce que l’on recherche des gens pour faire la cuisine. La participation de tous est indispensable, car le festival est entièrement autogéré et autofinancé. “C’est une question d’indépendance. On demande 100 euros par personne pour les trois jours. Ce n’est pas si cher car ça inclut tous les repas et l’hébergement“, explique Sokha de Call for Team.
Tout a commencé en 2014, quand ce collectif a lancé l’idée d’un séminaire festif sur la transition. “Beaucoup de gens ont été intéressés, car il y a un vrai besoin de se rassembler pour arrêter de parler et commencer à faire. Tout est allé très vite, un mois plus tard on organisait le premier Open Château.“
Malgré quelques problèmes logistiques (le chauffage fera défaut), cette première édition est un succès. On y parle crypto monnaies, cartographie, revenu universel, construction bioclimatique. Le collectif décide alors de renouveler l’expérience en juin. Mais cette fois, le but est plus ambitieux : “Créer un bien commun. Un événement open-source qui sera reproductible partout sur la planète.”
Le principe est simple : chacun apporte ses idées. Et l’objectif, pour les participants à Open Château, est d’établir une vraie gouvernance démocratique, d’envisager les aspects légaux et de créer un manuel permettant de reproduire partout ce type d’événement. “On s’inspire des Disco-soupe. N’importe qui peut télécharger les instructions et créer la sienne. C’est la différence avec des événements brandés comme les conférences Tedx.”
A la “méta-réunion” (réunion de synthèse), Mathieu Coste, membre du collectif Chez Nous, lève la main. “Il ne nous faut pas une charte, mais un code social. C’est comme un code source en informatique. On définit de façon très explicite notre but et la façon dont on travaille pour y arriver.“
Un autre mot est sur toutes les lèvres : “web sémantique”. Les informaticiens d’Assemblée Virtuelle en font une présentation. “C’est la prochaine étape d’Internet” nous explique Guillaume Rouyer, dont le collectif veut transformer Internet en un gigantesque réseau social qui ne serait plus compartimenté en “silos” hermétiques de données, tels Facebook ou Google. Pour cela, il faut développer des standards qui permettent de “qualifier l’information”.
“Appliqué aux acteurs de la transition, cela donne une carte géante en ligne, où on voit tous les projets et les liens qui les unissent. Mais on peut aussi zoomer et voir qui sont les gens dans ces collectifs, quelles sont leurs compétences, si ils sont amis ou bien patrons et salariés”. Avec cet outil, Guillaume Rouyer espère accélérer l’avènement d’une nouvelle société, et, au passage, rendre le web plus libre et respectueux de la vie privée. Rien que ça.
Reste la question du nom. “Le terme “Open Château”, c’est pas mal, mais comment on fera lorsqu’on sera en Asie ?“
Jean-Jacques Valette
Journaliste à We Demain
@ValetteJJ
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