Pour louer une voiture à un particulier, fini l’échange des clés

Lorsque l’on parle d’autopartage, on pense à Ouicar, Buzzcar ou encore Drivy. Ces plateformes permettent aux particuliers, locataires ou propriétaires de véhicule, de se rencontrer afin de procéder à l’échange des clés et de régler les formalités administratives. Deux entreprises françaises ont fait le pari de développer un système sans clés pour simplifier drastiquement l’accès à ce service. Leur solution ? Un boîtier électronique, installé sous le tableau de bord, qui contrôle l’ouverture des portières et l’anti-démarrage grâce à une carte magnétique ou à un système Bluetooth.

Livop, la location par Smartphone.

Livop est une jeune start-up fondée par Kieran Connolly. Ancien employé d’un célèbre réseau de location de voitures, il a mis au point un système d’autopartage s’appuyant sur une technologie venue de Belgique : un boîtier baptisé Keyzee. Cette technologie permet à l’usager, après avoir reçu par SMS l’emplacement du véhicule, de déverrouiller ses portes et de démarrer son moteur, via Bluetooth, grâce à une application mobile dédiée.

Grâce à un système GPS présent dans le boîtier électronique, le coût du trajet est ensuite calculé au kilomètre parcouru, contrairement aux tarifs forfaitaires proposés par les agences de location. Usagers de Livop, comptez à partir de 3 euros de l’heure et 40 centimes du kilomètre, assurance et carburant inclus. S’appuyant sur des études qui montrent que « le prix est le critère décisif pour le client », Livop a choisi de ne louer que de petites voitures : Renault Twingo, Opel Corsa… et de petits utilitaires.

Le propriétaire, de son côté, n’a qu’à renseigner les disponibilités du véhicule sur son agenda en ligne et à refaire le plein lorsque c’est nécessaire. C’est ensuite la plateforme qui gère les réservations, les litiges et autres procès verbaux grâce à son partenariat avec un assureur, la MMA. Il est même possible de continuer à louer son véhicule depuis l’étranger, car Livop propose aussi d’assurer le nettoyage et l’entretien.

Propriétaires, vous pouvez gagner en moyenne 200 euros par mois pour un millier de kilomètres effectué par votre véhicule. Pas de quoi vous enrichir, mais assez pour amortir le coût de votre voiture.

Koolicar, une ambition sociale

À la différence de Livop, qui utilise une technologie déjà existante, Koolicar a développé son propre système avec la participation des utilisateurs et le soutien de l’Ademe. La Koolbox fonctionne, non pas par Bluetooth comme sa concurrente, mais grâce à un badge que l’on présente devant le pare-brise. 

Ce boîtier permet de déverrouiller la porte, l’anti-démarrage, mais surtout l’accès à la boîte à gants où est rangée la clé du véhicule. Un système moins moderne que le premier mais plus « concret » estime Stéphane Savouré, président de Koolicar. L’offre se distingue aussi par sa simplicité : démarrer la voiture signifie accepter le contrat pour le locataire, ou l’état des lieux pour le propriétaire. Les tarifs sont comparables à ceux de Livop : comptez entre 2 et 4 euros de l’heure et 40 centimes du kilomètre, dont 70 % sont reversés au propriétaire. À noter que le système peut être personnalisé, afin d’en définir la liste des utilisateurs : famille, groupe d’amis, association…

Koolicar est partenaire de la MAIF qui, en plus d’assurer ses véhicules, a pris 2,6 millions d’euros de parts dans l’entreprise. Celle-ci entend désenclaver les zones rurales et périurbaines qui, jusqu’ici, bénéficient peu des nouveaux modes de transport. Ceci notamment grâce à des partenariats avec des collectivités locales et des garages. L’entreprise mène actuellement un projet pilote avec le garage solidaire et l’agence Pôle emploi de Lannion. L’objectif : permettre l’accès à la mobilité aux personnes en difficulté. Après deux ans de développement, la plateforme a vu son nombre d’utilisateur passer de 500 à 5 000 depuis septembre dernier. Elle dispose aujourd’hui de la trésorerie nécessaire pour équiper 6 000 nouveaux véhicules dans les deux prochaines années.

nouveau segment

Koolicar et Livop entendent-ils aller marcher sur les plates bandes d’Autolib’ ? Pas selon leurs patrons, qui affirment se positionner sur un segment différent, à savoir celui des trajets de trois à 48 heures. Tous deux affirment vouloir contribuer à enrichir l’écosystème d’alternatives à la voiture individuelle.

Face une entreprise comme Drivy, qui recense 350 000 utilisateurs et affiche une croissance annuelle de 200 %, l’autopartage sans clés n’en est certes encore qu’à ses balbutiements, mais la demande a toutes les chances de croître dans les années à venir. Surtout, lorsque l’on sait qu’une voiture reste en stationnement 95 % du temps et coûte entre 3 000 et 5 000 euros par an à son propriétaire.
 

Jean-Jacques Valette
Journaliste We Demain
 

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