Pour rendre les entreprises plus performantes, il leur conseille… l’improductivité !

Produire, toujours plus, toujours plus vite. Et si ce précepte, érigé en clé du succès dans une majorité d’entreprises, était aujourd’hui celui qui allait provoquer leur perte ? Selon Davy Rey, consultant spécialiste de “l’amélioration des performances” en entreprise et auteur de l’essai Oser l’improductivité (1), il est urgent de repenser les structures actuelles du monde économique, qu’il juge trop productivistes et trop rigides.

“Aujourd’hui, les managers pensent encore que plus ils produisent vite, plus ils font du bénéfice”, estime l’auteur. Interrogé par We Demain, il appelle les entreprises à “accepter de comprendre que le paradigme des performances en entreprises a changé.”

“La productivité n’est qu’un chemin parmi d’autres”

S’il faut changer, estime l’auteur, c’est parce qu’une nouvelle donne mondiale nous y oblige : instabilité géopolitique, climatique, demande de plus ne plus difficile à anticiper… Une conjoncture de moins en moins compatible avec la notion de productivité.

“Depuis l’avènement de l’agriculture, notre espèce a développé un instinct de productivité qui l’a conduite à vouloir réaliser des économies d’échelle en divisant et subdivisant toujours plus le travail – mais nous sommes arrivés à un point de rupture”, analyse Davy Rey.

Et d’insister sur la “nécessaire” réinvention des modèles économiques, afin de répondre aux enjeux complexes de cette nouvelle donne mondiale. Dans ce cadre, “la productivité n’est qu’un chemin parmi d’autres”, estime l’auteur.

L’accélération des cycles d’innovation

Pour l’heure, reconnait Davy Rey, les entreprises ne prennent pas la voie de l’improductivité.  Pire, elle provoquent elles-mêmes l’accélération des cycles d’innovation, responsable des cycles de vie toujours plus courts des produits :

“Dans le secteur des cosmétiques par exemple, un nouveau fard à paupières est mis sur le marché tous les trois mois… Même si sa différence avec le précédent réside uniquement dans son packaging ou dans une légère nuance de couleur… Et dans le luxe, on tourne à huit collections de mode par an.”

C’est pour convaincre un plus grand nombre d’acteurs économiques qu’il n’est plus dans leur intérêt de poursuivre cette logique que le consultant a voulu recenser, dans un livre, des outils innovants permettant de faire cette bascule.

Absorber les chocs technologiques

Pour accompagner les entreprises vers ce nouveau paradigme, Davy Rey les incite notamment à penser de moins en moins “produit” et de plus en plus “service” : “Tout change quand on permet à un vélo d’être utilisé par cent personnes au lieu d’une seule”, avance Davy Rey, qui voit dans le “modèle Vélib” notre futur.

Au delà des  méthodes, l’auteur cherche à instiller de grands principes. Par exemple, ne plus chercher à réduire les coûts, mais à augmenter la valeur ajoutée des produits, tout en réduisant leur production et en prenant en compte la variabilité des coûts. L’objectif : mieux “absorber les chocs technologiques”.
 
C’est autour de cette notion d’absorption des chocs que s’articule la stratégie du consultant, qui rêve d’entreprises plus “innovantes, agiles et résilientes”. En clair, d’entreprises qui produisent moins, externalisent davantage de compétences et intègrent mieux les évolutions technologiques : impression 3 D, connectivité, mobilité… Le tout autour de deux maitres mots : réactivité, flexibilité.

(1) Oser l’improductivité, disponible sur Amazon et Lulu.com, 12,99 euros.

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