Partager la publication "Pourquoi j’ai dépensé 325 euros pour acheter 1 éther, la nouvelle monnaie virtuelle"
Un soir de 2009, alors que je trainais sur Internet, je suis tombé par hasard sur le site de Bitcoin.org. Intrigué, j’ai demandé à mon colocataire s’il connaissait cette nouvelle monnaie. Ce à quoi il m’a répondu :
“Ah oui, ça sert à miner pour avoir plus de bitcoin”. Une réponse en forme de tautologie, qui couplée à quelques tutoriels incompréhensibles m’a vite découragé et je suis passé à autre chose.
Cinq ans après, en 2013, un jeune Norvégien annonçait avoir revendu pour plus de 600 000 euros les 20 euros de bitcoin qu’il avait achetés en 2009. Autant dire que je m’en suis mordu les doigts de ne pas avoir davantage exploré la question…
Aujourd’hui, nous sommes en 2017 et une nouvelle cryptomonnaie est sur le point de connaitre une trajectoire similaire au bitcoin. Elle se nomme l’ether (ou Ethereum si on parle de sa technologie) et a vu son cours augmenter de 3000 % depuis janvier. Derrière ce projet : Vitalik Buterin, un jeune développeur russo-canadien qui a conçu cette monnaie à l’âge de 18 ans seulement.
Uber sans Uber
Principale différence avec le bitcoin, l’ether n’est pas (encore) un moyen de paiement mais sert à signer des contrats infalsifiables. Quel intérêt ? Aujourd’hui tout sur Internet repose sur un contrat. Quand vous réservez une course sur Uber, vous signez un contrat en cliquant sur le bouton “Commander”. Cette transaction est ensuite enregistrée dans les serveurs informatiques de l’entreprise, qui prend au passage une commission pour rembourser ses frais mais aussi ses actionnaires.
Avec la technologie Ethereum, il n’y a plus besoin de serveurs centralisés pour vérifier et archiver les transactions. La liste est hébergée sur les ordinateurs de milliers d’utilisateurs ce qui la rend infalsifiable. C’est ce que l’on appelle la “blockchain”. Dès lors, on peut se prendre à rêver d’un monde où il n’y aurait plus d’intermédiaires et où l’économie fonctionnerait entièrement en circuits courts. Plus besoin de donner 20% de votre course de VTC à une start-up, tout l’argent pourrait aller au chauffeur.
Des ethers, on peut en acheter sur internet, via différentes places de marché. Mais il y a encore d’autres subtilités, comme le “minage” qui permet de gagner des ethers gratuits en prêtant la puissance de calcul de son ordinateur au réseau. Ou le fait que l’ether peut être utilisé dans des financements participatifs (Initial Coin Offering ou ICO) pour des start-up utilisant cette technologie. En clair : si Ethereum sert un jour à faire tourner l’Internet, mieux vaut miser dès maintenant sur le futur Google de ce réseau.
60 millions d’euros détournés
Et c’est pour ça qu’un après-midi de juin, je me suis mis fiévreusement à me renseigner sur le sujet. Premier point : pour acheter une cryptomonnaie, il faut passer par un bureau de change. J’ai choisi
Coinbase, qui a l’avantage d’être une des plateformes les plus reconnues et au taux de change relativement bas (3 %). Mais on peut aussi utiliser d’autres plateformes. À noter qu’aucune n’est 100% sûre, comme l’a montré le scandale
Mt. Gox.
En 2014, cette plateforme qui gérait jusqu’à 70 % des échanges mondiaux de Bitcoin a mis la clé sous la porte, vaporisant l’équivalent d’un demi milliard d’euros. D’ailleurs Ethereum a lui même été entaché dès les premiers mois par un bug qui a permis à un pirate de voler 60 millions d’euros… Moralité : si on veut protéger sa mise, l’idéal est de ne pas la laisser trainer sur une plateforme mais de le télécharger sur un genre de clé USB ultra-sécurisée nommé hardware wallet.
Dépasser Bitcoin
Mais avant ça, il faut passer à la caisse. Je commence par créer un compte sur le site de Coinbase. L’interface est très intuitive et sécurisée. Il me faut rentrer un code reçu par SMS et je dois aussi fournir une photo de ma carte d’identité. C’est d’ailleurs l’un des aspects les plus mécompris des cryptomonnaies : contrairement à la légende, elles n’ont rien d’anonyme car les transactions sont affichées de façon publique sur la blockchain. Et la loi impose désormais aux bureaux de change d’exiger une pièce d’identité. Les roublards ont bien sûr trouver des moyens de
contournement.
Après quelques bugs, une mise à jour et un coup de fil à ma banque, je suis prêt. Je clique nerveusement sur le bouton acheter un ether, ce qui affiche la douloureuse : 325 euros. Si seulement je l’avais fait il y a quelques mois, quand cette monnaie ne valait presque rien ! Mais qu’importe, dans les cercles spécialisés on anticipe déjà l’arrivée du “
flippening “. C’est à dire le moment où l’ether dépassera le bitcoin en valeur. Comme celui-ci vaut aujourd’hui aux alentours de 3000 euros l’unité, il y a encore moyen de multiplier par dix son investissement.
Internet plus équitable
Bien sûr, toutes ces informations sont à prendre avec des pincettes. À peine acheté mon ether, je découvre que son cours est en train de chuter. En moins d’une heure, il redescend sous la barre des 300 euros ! Et le bitcoin lui-aussi plonge ! Je me jette sur la presse pour découvrir si un nouveau scandale vient d’éclater. Car dans le monde des cryptomonnaies, il ne se passe pas une semaine sans qu’une actualité délirante ne vienne perturber les cours. La semaine dernière c’était
Vladimir Poutine himself, qui s’entretenait avec Vitalik Buterin, après des rumeurs de bulle en
Corée…
Bref, si on est pas un spécialiste ou un trader dans l’âme, mieux vaut ne pas mettre toutes ses économies dans ces monnaies dont le cours a tendance à faire le yoyo. Les cryptomonnaies sont comme n’importe quel placement : plus il est risqué, plus il peut rapporter….Ou pas. Mais au fond de mon cœur, j’espère que cette petite pièce (qui m’a coûté si cher) contribuera à bâtir une économie et un Internet plus équitable. Après tout, quand on parle de monnaie, tout est histoire de croyances…