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Qualité de l’eau de la Seine : des améliorations mais toujours pas le feu vert pour le grand public

L’ONG Surfrider Foundation teste régulièrement la qualité de l’eau de la Seine à Paris. À l’approche des Jeux Olympiques, WE DEMAIN relaie les résultats de ces analyses.

Le 23/07/2024 par Florence Santrot
triathlon JO de Paris
En cas de mauvaise qualité des eaux de la Seine, les épreuves de nage en eau libre ne pourront pas se tenir. Pour l'heure, aucun plan B n'a été annoncé. Crédit : vm / iStock.
En cas de mauvaise qualité des eaux de la Seine, les épreuves de nage en eau libre ne pourront pas se tenir. Pour l'heure, aucun plan B n'a été annoncé. Crédit : vm / iStock.

[Article mis à jour le 23/07/2024]

“Non mais à l’eau, quoi ?! Tu as un fleuve mais tu ne peux pas organiser d’épreuve aquatique pendant les J.O. ?!” La qualité de l’eau de la Seine est un enjeu majeur pour la tenue des épreuves olympiques qui se dérouleront dans le fleuve qui traverse Paris en juillet 2024. Forcément, tous les regards sont tournés vers la municipalité, qui promet que les épreuves de triathlon, para triathlon et natation en eau libre se tiendront bien dans la Seine, comme prévu. Sûre d’elle, la Ville de Paris n’a annoncé aucun plan B.

“À l’été 2023, la baignade dans la Seine était possible en moyenne 7 jours sur 10, avec des variations selon les sites analysés (84 % au bras Marie, 71 % au pont Alexandre III, 58 % au Pont du Garigliano)”, explique la Ville de Paris dans un communiqué qui se veut rassurant. Son de cloche très différent du côté de l’ONG Surfrider Foundation Europe, qui a même publié une lettre ouverte à ce sujet. Elle réalise tous les quinze jours ses propres analyses de la qualité de l’eau de la Seine. Des prélèvements réalisés au niveau du pont de l’Alma et du pont Alexandre III. WE DEMAIN – qui avait réalisé ses propres analyses sur la qualité de l’eau de la Seine dans son numéro 37 en février 2022 – a décidé de publier ces données en intégralité.

Deux bactéries mesurées lors des prélèvements de l’eau de la Seine

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DatesPont Alexandre IIIPont de l’Alma
E. coliEntérocoquesE. coliEntérocoques
15/07/202492038InaccessibleInaccessible
04/07/2024910305InaccessibleInaccessible
26/06/2024890290InaccessibleInaccessible
10/06/202422165632264314
15/05/202434305082500163
06/05/202444005562040923
24/04/20246350160023121389
21/03/202420803052450533
29/02/202429308632940669
20/02/202416004122990584
07/02/2024305053372501190
24/01/202425001049Pas de prélèvement
11/01/20242040380
14/12/202339502040
09/11/20233297549
18/10/2023253694
28/09/202387277
Couleurs : rouge = eau de mauvaise qualité (E. coli = +1000 et Entérocoques = +400) / jaune : eau de qualité moyenne (E. coli = >500 et Entérocoques = >200) / bleu = eau de bonne qualité (E. coli = -500 et Entérocoques = -200). Mesures exprimées en ufc (unité formant colonie) pour 100 ml d’eau. Source : Surfrider Foundation Europe.

À aucun moment au cours des prélèvements réalisés en 2023 et 2024, l’eau de la Seine a été jugée “bonne”. Seulement par deux fois, à l’automne 2023 et en juillet 2024, elle a été qualifiée de “moyenne”. Mais elle est quasiment à chaque fois bien trop polluée pour être praticable. Surfrider Foundation Europe a mesuré à chaque fois la présence de deux bactéries – Escherichia coli et entérocoques intestinaux – qui sont indicatrices de pollutions fécales.

Lors des derniers prélèvements, réalisés le 15 juillet 2024, la météo était clémente. Temps ensoleillé sec. Dernières pluies le samedi 13 juillet”, note Surfrider Foundation France. Conclusion de l’ONG ? “Les résultats du 15 juillet dernier sont, une nouvelle fois, conformes aux exigences des fédérations et conformes aux seuils préconisés par l’ANSES/AFFSET.”

Des différences notables de la qualité de l’eau de la Seine entre les deux ponts de Paris

Comment expliquer les différences, parfois très importantes, entre les deux lieux d’analyse ? La piste des péniches est explorée. Jusqu’à il y a peu, les quelque 50 péniches présentes entre les deux ponts de l’Alma (en aval) et Alexandre III rejetaient leurs eaux usées directement dans la scène. Pour éviter cette pollution locale, la Ville de Paris a réalisé des travaux sur les quais pour permettre aux propriétaires de se brancher au réseau des eaux usées.

En parallèle, elle a attribué une dotation de 4 500 euros pour chaque péniche afin de financer en partie les travaux nécessaires pour le raccordement. Les péniches qui n’auraient pas réalisé la mise en conformité dans les temps (moins de cinq seraient encore dans ce cas) devront quitter la zone avant les JO. Mais cela suffira-t-il pour abaisser le taux de bactéries dans l’eau ? Rien n’est certain.

Des unités de mesure différentes pour les sportifs et le grand public

Le barème de la qualité de l’eau dressé par les fédérations de natation et de triathlon est différent du barème d’autorisation de baignade au grand public. En clair, l’organisation d’épreuves sportives est possible dans une eau dont la qualité est moindre que pour la baignade générale. Visiblement, que les athlètes souffrent de troubles intestinaux en cas d’ingestion de l’eau de la Seine est moins problématique que dans le cas d’une personne lambda…

Pourtant, après les JO, la baignade devrait logiquement être autorisée au grand public à l’été 2025, selon les promesses d’Anne Hidalgo, maire de Paris. Un pari qui rappelle celel de Jacques Chirac en 1988 mais qui semble bien audacieux à l’heure actuelle. Trois sites ont pourtant déjà été identifiés au cœur de Paris dans cette optique. Ils se situent au niveau du port de Grenelle (XVe), du bras Marie (IVe) et de Bercy (XIIe).

Surfrider Foundation Europe veille sur la qualité des eaux de baignade

“Nous travaillons depuis maintenant plus de 20 ans sur les enjeux liés à la qualité des eaux de baignade en Europe, explique Marc Valmassoni, coordinateur de campagne Eau et Santé chez Surfrider Foundation. Au fil du temps, nous avons développé une multitude de réseaux de surveillance de la qualité bactériologique des cours d’eau et des eaux littorales.” L’objectif est de collecter les données de manière indépendante afin de

  1. Connaître l’état de santé/environnemental de la qualité de l’eau dans laquelle nous évoluons
  2. Informer les citoyens et usagers récréatifs nautiques
  3. Enquêter avec les acteurs locaux sur les éventuelles pollutions
  4. Réhabiliter les zones aquatiques (si dégradées) afin de garantir un usage en tout sécurité via des eaux d’excellente qualité

Avec cette démarche indépendante, Surfrider Foundation peut comparer les résultats de ses campagnes de prélèvements avec celles réalisées par les autorités/parties prenantes permettant de contribuer à la bonne qualité des eaux de la Seine (bassin rétention, station de désinfection, raccordement des péniches, etc.). Mais, pour cela, encore faut-il que l’ONG puisse poursuivre son travail : “Nous demandons une autorisation pour pouvoir continuer les campagnes de prélèvements après l’interdiction d’accès aux quais à l’approche des JO. Ce sera la seule manière de pouvoir continuer notre propre monitoring”, déclare Marc Valmassoni.

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