Partager la publication "Quand les plateformes du web deviennent partageuses"
Ces plateformes, aujourd’hui, quel partage proposent-elles ? Louez votre appartement sur Airbnb, vous serez rémunéré pour cela. Mais toute la valeur ajoutée de votre activité s’envolera en Californie, à défaut de finir dans votre poche ou dans les caisses de l’État. Plus problématique est le cas du chauffeur Uber ou du livreur à vélo Deliveroo, qui accomplissent des tâches payées à l’unité, avec leur propre véhicule et en l’absence d’un cadre économique et social adéquat.
Uber, Lyft et autres Amazon Mechanical Turk (petits boulots) “construisent leur prédation souriante sur une faible intensité capitalistique, peu d’infrastructures, un minimum d’employés salariés et des travailleurs indépendants ou des auto- entrepreneurs“, dénonçaient plusieurs intellectuels, dont le journaliste Ariel Kyrou et le philosophe Bernard Stiegler, dans une tribune publiée par Libération en avril 2016.
Un secteur dynamique déconnecté
En novembre dernier, à la New School de New York, était lancé le Platform Cooperativism Consortium (PCC), qui promeut les modèles de gouvernance coopératifs au sein de l’économie numérique. Au même moment, un ouvrage était publié par les chefs du mouvement Plateform Coop* : Trebor Scholz, enseignant à la New School, et Nathan Schneider, chercheur à l’université Boulder (Colorado). Ils se sont rencontrés à Paris en 2014, à l’occasion du OuiShareFest, le forum annuel du think tank OuiShare. Leur livre recense de nombreuses alternatives déjà existantes au “capitalisme de plateformes” : Fairmondo, une alternative à eBay, lancée en Allemagne en 2013 et dont les vendeurs sont les propriétaires ; Loconomics, une version coopérative de TaskRabbit ; Juno, un “anti-Uber” détenu par ses chauffeurs. Et bien d’autres.
En France, les entreprises alternatives au capitalisme se portent bien. 23 000 coopératives y emploient plus d’un million de personnes. Quant à l’ESS, qui génère 2 % du PIB national, c’est 2 millions de salariés et 14 millions de bénévoles. Un secteur dynamique, mais encore trop déconnecté du web. C’est ce qu’a pu observer OuiShare dans une étude baptisée Gouvernances, à paraître au printemps. Face à une opposition encore trop marquée entre l’ESS et les plateformes web, le think tank en appelle à une plus grande “biodiversité de modèles économiques“. Selon Marguerite Grandjean, qui a piloté l’étude, “on voit émerger une nouvelle variété de plateformes, à la fois collaboratives, marchandes, et responsables. Elles sont en train d’inventer les moyens de rétribuer leurs contributeurs (avantages en nature, participation, dividendes…) et ont compris qu’il était stratégique de les associer aux décisions clés.”
Participation des pouvoirs publics
* Ours to Hack and to Own. The rise of platform cooperativism, a new vision for the future of work and a fairer internet, éd. OR Book, novembre 2016.
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