Partager la publication "Savissivik, le cimetière des icebergs et Minik, le petit Inuit"
Passage à Akudleq, dans la baie d’Uummannaq plus au nord, près de l’endroit où Alfred Wegener a été emporté par le froid, pour contempler des collines de sédiments oranges, colorés par des bactéries marines qui ont métabolisé du soufre sur les fonds marins.
Ces sédiments se retrouvent sur terre suite à la remontée du Groenland sous l’effet de l’allègement du poids des glaciers qui fondent, un phénomène qui s’amplifie avec le réchauffement. À côté d’eux, une forêt naine de saules – dont le saule herbacé, le plus petit arbre du monde – et de bouleaux, dont les troncs miniatures rampent sur le sol, ne dépasse pas les 2 à 3 cm de hauteur.
Une fois arrivés au sommet nous pouvons contempler la baie, le navire et les icebergs. Et quelle n’est pas notre surprise de découvrir que le plus gros d’entre eux, en forme de trois-mâts, a pivoté de 90° et s’est déplacé en une heure de 400 m ! Le lendemain matin, arrivée au site le plus au nord du périple, Savissivik, à 76° de latitude nord et promenade en zodiac à travers le “cimetière des icebergs”.
Une accumulation d’icebergs hypnotique
Le ciel est couvert, il pleut et le froid pince les doigts, mais le spectacle de cette accumulation d’icebergs est hypnotique : un petite “gondole”, un gigantesque crâne percé de deux orbites bleutées, un plateau où sont posées, comme les pièces d’un jeu inconnu, des obélisques, une arche constituée de morceaux prêts à se désagréger, un escargot titanesque, un menhir…
La créativité spontanée des glaces défie celle de tout sculpteur humain ! De retour sur le navire, Cécile Manet, l’historienne, raconte la venue dans la région de l’explorateur Robert Peary, qui lors de sa 3ème expédition entre 1893 et 1895 partie des États-Unis, entend parler de roches mystérieuses, considérées comme très importantes par les Inuits. Ceux-ci ne veulent pas révéler leur emplacement.
Les grands espaces blancs
En fait ils sont tous entassés dans une pièce sombre et humide du sous-sol du Muséum pour être exhibés. Quelques mois plus tard Qiluk, le père de Minik meurt d’une infection. Minik réclame un enterrement traditionnel pour son père afin que son âme puisse rejoindre les grands espaces blancs… On le fait assister à un enterrement.
Mais son corps est remplacé par une bûche et exposé dans une vitrine du Muséum. Les trois autres adultes meurent dans la foulée. L’adolescent réussit à se faire ramener au Groenland. Minik, lui, est adopté et passe une enfance plutôt confortable jusqu’au jour où, à l’âge de 17 ans, il visite le Musée et se retrouve face à face avec son père dans une vitrine.
Les “criminels scientifiques”
Mais impossible de s’adapter, car il ne parle plus la langue et ne sait pas chasser. Minik revient aux USA et s’installe comme bucheron au New Hampshire où il meurt à 31 ans de la grippe espagnole. Une association finit par réussir à ramener les ossements au Groenland 97 ans plus tard.
Mais le parcours douteux de Robert Peary, tenaillé par l’envie d’être le premier à atteindre le pôle Nord, ne s’arrête pas là. Bien que le Congrès des États-Unis l’ait proclamé vainqueur du pôle Nord, l’analyse des historiens révèle que son journal de route prétend à des progressions complètement irréalistes de 70 km par jour et que les relevés quotidiens manquent pour la fin de son expédition.
Jean-Paul Curtay.
Pour en savoir plus :
p.p1 {margin: 0.0px 0.0px 0.0px 0.0px; font: 19.0px Arial; color: #272727; -webkit-text-stroke: #272727} span.s1 {font-kerning: none} Kenn Harper, Minik, l’esquimau déraciné, Terre Humaine/Plon.
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