Partager la publication "TER Break : et si on partait à l’aventure sur les chemins de France ?"
Il y a les city breaks, ces escapades où l’on s’envole vers une capitale étrangère pour s’évader le temps d’un week-end. Une parenthèse certes dépaysante mais aussi coûteuse pour le portefeuille que insoutenable pour la planète au regard de l’impact carbone du trajet en avion. Et puis il y a le “TER Break”, une aventure qui commence simplement en montant dans un train régional près de chez soi. Pas besoin de parcourir des milliers de kilomètres pour être dépaysé : la France regorge de régions méconnues qui n’attendent qu’à être explorées.
WE DEMAIN a expérimenté cela avec le collectif Itinéraire Bis, dont la mission est de changer les représentations du voyage. Avec eux, le temps d’un week-end, nous avons découvert qu’en optant pour le TER Break, on redécouvre le plaisir de voyager à un rythme plus doux. “Il existe une alternative au voyage lointain et coûteux, c’est un break en prenant le TER. Il faut réapprendre à voyager”, explique Amélie Deloffre, 37 ans, qui a été une des premières en France à initier le concept de microaventure avec “2 jours pour vivre”. C’est aussi la cofondatrice de Parlons Climat. À pied ou à vélo, le but est de parcourir des paysages variés, de traverser des villages pittoresques et de rencontrer des habitants chaleureux. Bref, chaque trajet devient une occasion de s’émerveiller devant la richesse de notre patrimoine local et la nature. Sans trop faire souffrir le portefeuille.
Pas besoin de poser une demi-journée pour rejoindre un aéroport. Le TER break est par définition assez simple à organiser et permet, d’une certaine manière, de lutter contre le surtourisme. “Nous voulons remettre sur le devant de la scène des territoires sous-côtés, mal-aimés, qui sont pourtant des pépites. Si ces TER breaks permettent aussi d’étaler le tourisme sur l’ensemble du territoire et/ou hors saison, ce serait génial”, ajoute Amélie Deloffre.
Nous sommes une petite dizaine à participer à ce week-end découverte. Point de rendez-vous pour tout le monde : la Gare de l’Est à Paris car nous prenons la direction de la Haute-Marne. Un peu moins de 2h30 de trajet dans un TER fluo direct (35,5 euros) et nous voici à Chaumont, préfecture du département et un peu plus de 20 000 habitants. Le gîte est déjà réservé, nous passons au petit supermarché faire quelques achats et commandons des pizzas à emporter dans un restaurant local.
Parmi nous, un tiers a décidé de vivre le week-end à pied tandis que les autres sont à vélo. Deux manières de partir à l’aventure et le plaisir de partager des expériences différentes le soir venu. Au cours de la première soirée à Chaumont, nous en profitons pour regarder les prévisions météo et regarder la carte IGN des environs. Rien de tel qu’une bonne vieille carte papier pour imaginer les trajets à faire. Nous savons déjà où nous serons le demain soir puisque nous avons repéré une cabane non gardée via le site collaboratif refuges.info (oui, il y en a même en dehors de la montagne !). Le but est maintenant de déterminer comment se rendre d’un point A à un point B.
Pour les randonneurs, il faudrait compter 7-8 heures de marche. Mais ils sont joueurs : ils s’imaginent déjà faire du “bateau-stop” avec les péniches de la Marne pour gagner du temps. Sinon, ce sera un peu d’auto-stop pour s’avancer vers Langres et la cabane. Côté vélo, le trajet direct serait d’un peu plus de 2 heures en théorie. Nous décidons de découvrir un peu la région, ses petits villages et de traverser le parc national pour profiter de la forêt qui, dit-on, compte nombre de daims.
Mais avant cela, il faut acheter de quoi manger pour le midi et le soir. Dans la cabane perdue au milieu de nulle part, on ne pourra pas commander à nouveau des pizzas ! Direction les très jolies halles en fonte de Chaumont. Le grand marché est justement le samedi matin, c’est parfait. Nous achetons du pain, du fromage, quelques fruits et légumes et des viennoiseries. Que de bons produits locaux et de saison, on achèterait bien tout mais il va falloir porter cela toute la journée… Après un café sur la place, les deux groupes se disent au revoir et chacun prend la route.
Alors que nous répartissons les victuailles devant les Halles, quelques Chaumontais viennent à notre rencontre. Ce n’est pas tous les jours qu’ils voient un groupe de trentenaires à vélo ou sac au dos dans la région. “Cela fait plaisir de voir que notre région intéresse. C’est très beau par ici mais on ne voit pas passer grand monde…”, explique une habitante. Et un autre d’abonder : “Si vous le pouvez, traversez la forêt et longez la Marne, vous ne serez pas déçus ! Quand j’étais plus jeune, moi aussi je voyageais à vélo. On en garde des souvenirs uniques.”
Sitôt Chaumont derrière nous, nous voilà sur les petites routes de France pour un week-end au grand air. Nous avons de la chance, la météo est avec nous et le soleil nous réchauffe à mesure que les kilomètres défilent en direction de Châteauvillain. Cette ancienne cité médiévale, située à une vingtaine de kilomètres de notre point de départ, mérite le détour. À la frontière entre Champagne et Bourgogne, cette cité médiévale possède encore des remparts et une belle église de style roman. Nous y faisons un premier stop et en profitons pour nous reposer un peu avant d’entrer dans la forêt.
Voilà qu’on entre dans le “Parc aux daims”. Il s’agit de 272 hectares de forêt où vivent 200 daims. “Le premier qui en voit un n’aura pas à faire la vaisselle ce soir”, lancé un des participants. Les yeux grand ouverts, chacun scrute les sous-bois avant de… buter sur un panneau : un arrêté préfectoral qui interdit le passage des véhicules à moteur, des vélos et autres animaux de compagnie pendant quelques semaines afin de préserver la faune. Dommage mais, qu’à cela ne tienne, nous jetons un coup d’œil sur les cartes sur nos smartphones pour trouver un autre chemin. Et, surprise, en chemin vers Arc-en-Barrois, nous croisons deux daims, aussi étonnés que nous de nous voir en plein cœur du Parc national de forêts.
Avec les kilomètres, le temps file. Nous voilà à Arc-en-Barrois en début d’après-midi et avec la faim au ventre. C’est sur une placette à côté de l’église que nous décidons de nous poser pour pique-niquer. Nous en profitons aussi pour prendre des nouvelles des randonneurs : ils ont fait chou blanc sur le bateau-stop mais ont déjà fait un saut de puce vers le sud grâce à une bonne âme motorisée. Ils marchent tranquillement vers la cabane.
Après avoir avalé nos sandwiches, nous profitons du savoir-faire et de l’équipement de Xavier, un habitué des voyages à vélo. Il nous concocte un délicieux café sur un des réchauds. Micro sieste ou discussions sur les voyages passés et à venir de chacun puis c’est l’heure de reprendre la route. Le temps file et il s’agit d’arriver à la cabane avant la tombée de la nuit pour ne pas avoir à monter les tentes à la frontale et dans le froid. L’occasion aussi de continuer à traverser de jolis paysages de forêts. Une vraie mise au vert, ce week-end d’aventure.
Surprise : ce sont les randonneurs qui sont arrivés les premiers à la cabane non gardée. Elle est dotée d’un poêle mais de seulement quatre places. On plante donc quelques tentes autour avant de se retrouver pour l’apéritif au chaud à l’intérieur. Quelques bières et vins locaux ont été transportés avec soin tout au long de la journée. Puis les réchauds s’activent : de l’eau pour les pâtes, quelques légumes épluchés et un curry est vite réalisé pour réchauffer tout le monde avant de dormir.
Entre cette soirée au coin du feu avec un bon repas préparé avec amour par tout le monde ou la quête du dernier restaurant à la mode sur Instagram à Berlin ou Barcelone, notre choix est vite fait. Celui de l’authenticité et de la simplicité. “Nous empruntons une cabane ouverte à tous, construite par des locaux il y a près de quinze ans. Nous la laissons dans le même état qu’on l’a trouvée. Nous passons la nuit avec les bruits de la forêt, le vent dans les feuilles… Puis nous emportons nos quelques déchets, sans laisser de trace, c’est ça le bonheur pour moi”, nous explique une des participantes.
Le lendemain matin, après un rapide petit-déjeuner – café et brioche, what else ? – avec le lever du soleil , il est temps de reprendre la route. À moins de 10 kilomètres, voilà Langres, une des plus belles villes fortifiées de France. Cette commune possède aussi une gare, ce qui nous permet de prendre le TER pour retrouver notre quotidien.
Cette approche du voyage est plus qu’une simple alternative économique, c’est une véritable philosophie de vie. Elle invite à apprécier la proximité, à valoriser les trésors cachés de nos régions et à voyager de manière plus responsable. Dans un contexte où le tourisme de masse pèse sur l’environnement et les lieux visités, ce concept de TER Break apparaît comme une solution durable et enrichissante.
Alors, pourquoi ne pas tenter l’aventure ? Prenez votre sac à dos, vos chaussures de rando ou votre vélo, montez dans le prochain train. Et laissez-vous surprendre par les merveilles qui se trouvent à quelques heures de chez vous. Le dépaysement est souvent plus proche qu’on ne le pense.
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