Partager la publication "Tiny food : mais pourquoi une telle frénésie pour la nourriture miniature ?"
Prenez un oeuf de caille, 5 grammes de farine, un dé à coudre d’eau et une pincée de sel. Dans un saladier de poupée, brisez l’oeuf et battez-le avec un fouet miniature. Avec une louche de dînette, ajoutez deux mesures d’oeuf battu à la farine et délayez avec l’eau en n’oubliant pas de saler.
Faites cuire ce mélange sur une cuisinière de poupée en fer-blanc alimentée par une bougie. Il ne vous reste plus qu’à créer un micro-oeuf sur le plat – en déposant à la pipette une goutte de jaune d’oeuf sur du blanc – et à ajouter quelques flocons d’emmental et de jambon à la pince à épiler. Bravo, vous avez cuisiné une tiny galette bretonne, selon la recette du youtubeur Miniature Space.
Avec 1,2 million d’abonnés et jusqu’à 9,5 millions de vues par vidéo, ce Japonais est, depuis fin 2014, l’un des créateurs d’une mode au succès planétaire : la tiny food.
Le principe : cuisiner un plat le plus miniature possible à base de véritables ingrédients et poster cette création sur les réseaux sociaux.
Que ce soit sur Facebook, Twitter ou Instagram, les adeptes du bacon, des hamburgers et des tacos détrônent désormais les partisans du brunch végétarien grâce à la viralité de leurs oeuvres kawaii.
“En japonais, le terme kawaii désigne tout ce qui est petit, mignon ou lié à l’âge tendre, la tiny food s’inscrit en plein dans cette mode de la miniature, en y ajoutant la dimension érotique de la nourriture“, commente le sociologue français David Morin-Ulmann.
Vu la taille des portions, aucun risque pour la ligne. Même les stars de la pop s’y mettent, comme la chanteuse Katy Perry qui s’est alliée au tiny chef Jay Baron, de Walking With Giants , pour réaliser son dernier clip Chained to the Rhythm.
On y voit deux mains cuisinant un festin de tiny food dans une maison de poupée avant de le donner à manger à des hamsters. Un must kawaii qui a permis à la chanteuse d’atteindre les 64 millions de vues en un mois.
Et ce n’est rien face au japonais RRcherrypie, dont une vidéo de bento miniature a dépassé les 226 millions de vues. Pour David Morin-Ulmann, la frénésie de la cuisine miniature est avant tout une façon de se rassurer : “C’est une porte vers l’imaginaire. Un univers où tout est maîtrisé et qui apporte un calme thérapeutique”.
Un terme pseudo-scientifique qui désigne le frisson agréable que nous procurent certaines vidéos, comme un peigne parcourant des cheveux ou une bouche aux murmures sensuels.
Regarder deux mains s’affairant à frire des mini-crevettes dans un dé à coudre d’huile bouillante pour en faire des beignets serait ainsi le remède idéal à une journée de travail stressante.
Tiny food en pâte Fimo
Pour la tiny chef Stéphanie Kilgast (petitplat.fr), le succès de la nourriture miniature tient aussi à son support principal : les écrans de nos téléphones. “Contrairement à d’autres arts, comme le graffiti, la tiny food a un excellent rendu : on peut en observer tous les détails”.
Après ses études d’architecture en 2007, cette Française est vite devenue une pro de la miniature, tirant jusqu’à 2 000 euros par mois de sa passion. Mais à la différence de celles des artistes japonais, ses créations ne sont pas comestibles :
“J’ai commencé à fabriquer des bijoux en pâte Fimo afin de me faire un peu d’argent lorsque j’étais étudiante. Puis j’ai réalisé des vidéos YouTube, créé un compte Instagram et là tout a explosé”, raconte la jeune femme.
Invitée à exposer en Chine et au Japon, Stéphanie Kilgast travaille jusqu’à 70 heures par semaine pour fabriquer des miniatures au réalisme toujours plus étonnant.
“Les gens adorent découvrir le côté technique. Comment je plie la pâte polymère pour fabriquer des tranches de citron, des champignons ou des filets de boeuf miniatures. Les différents outils de modelage que j’emploie ou les vernis qui donnent aux aliments leur aspect humide”.
Des oeuvres qu’elle vend entre 30 et 450 euros pièce sur la plateforme Etsy, une sorte d’eBay dédié à l’artisanat. Après dix ans de cette vie, l’artiste souhaite désormais passer à autre chose.
“J’ai découvert que ma véritable passion était la sculpture ultraréaliste et non les aliments ou la miniature. Désormais, je m’oriente vers d’autres formats”.
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