Partager la publication "Un Airbnb des réfugiés pour “préparer la société à les recevoir”"
Lancée par l’association Singa, qui propose des cours de français, des activités culturelles et sportives et de l’aide juridique à des centaines d’exilés, la phase pilote de Calm a débuté le 20 juin 2015, lors de la Journée mondiale des réfugiés. Depuis le 7 septembre, date de naissance du projet, cet Airbnb d’un nouveau genre a déjà reçu plus de 2 500 demandes citoyennes.
Guillaume Capelle, l’un des fondateurs de ce projet, a répondu aux questions de We Demain.
We Demain : Pourquoi avoir créé le réseau Calm ?
Guillaume Capelle : Pour plusieurs raisons ! En France, les centres d’hébergement d’urgence sont débordés. Les personnes qui vivent dans ces lieux d’accueil y restent pendant des mois, et lorsqu’ils en sortent, ils passent souvent leurs nuits à appeler le 115 dans l’espoir de trouver un toit. De même, la plupart d’entre eux ne connait en fait que trois Français : leur conseiller pôle emploi, un membre de la CAF et une personne issue du milieu associatif. En leur offrant un logement chaleureux dans des familles ou chez des personnes désireuses de les héberger, on libère les centres d’accueil tout en donnant aux réfugiés la possibilité de se poser, de trouver un boulot, bref, de commencer une nouvelle vie. D’un autre côté, on permet aux citoyens de s’engager. Nous préparons par la même notre société à recevoir ces nouveaux arrivants.
C’est l’avantage de la communauté Singa – vous n’êtes pas seuls, et nous sommes là pour vous aider dans vos problèmes et vos questionnements. Théoriquement, cela ne devrait pas arriver – vous pouvez tout à fait refuser d’héberger une personne si, lors de la première prise de contact, le courant n’est pas passé. Par la suite, l’essentiel est d’être aussi transparent que possible. Si votre coloc’ a dégueulassé votre frigo, une conversation suffit théoriquement à arranger les choses. S’il s’agit de complications plus importantes, le mieux est de se tourner vers nous pour profiter de nos ressources.
Et si je souhaite héberger une personne, mais que je dispose de peu de moyens ?
Tout se fait en négociation avec la personne que vous hébergez. Beaucoup insistent pour payer une part de votre loyer – les réfugiés disposant de leurs droits de séjour, la plupart d’entre eux perçoivent le RSA. Mais il est vrai qu’ils ne sont pas souvent riches… Parfois, ils vous proposeront alors seulement de participer aux frais de nourriture ou de lessive. C’est à voir au cas par cas, selon vos moyens et ceux de la personne hébergée. Comme pour tout le reste, d’ailleurs. Il s’agit d’expériences humaines, qui, par définition, varient d’une personne à l’autre.
Vous pouvez tout à fait héberger quelqu’un ! Les 2 500 demandes de Français viennent de tout le pays, pas uniquement de Paris ou des autres grandes villes. Seulement, comme nous sommes en phase de lancement, nous allons y aller progressivement, en nous concentrant sur la capitale dans un premier temps. Pour autant, nous sommes d’ores et déjà en train de former des personnes à distance, notamment à Nantes, afin que la communauté Singa et le réseau Comme à la maison se développent rapidement, y compris ailleurs. Pour l’heure, nous espérons trouver 500 places simultanément d’ici début 2016 – ça commence cette semaine, avec une vingtaine de familles ! Par ailleurs, nos formations seront bientôt digitalisées, et donc disponibles gratuitement en ligne, pour tout le monde. Ce côté open-source doit permettre l’empowerment, c’est-à-dire la prise de pouvoir et l’autonomisation de la société civile.
Certaines personnes travaillent en journée. Comment aider les réfugiés pendant ce temps ?
Là encore, que vous viviez en ville ou à la campagne, notre réseau est là pour ça. En-dehors de vous, il y a des formateurs, des conseillers, d’autres Français ou réfugiés membres de la communauté qui passeront du temps avec les personnes hébergées. L’hébergement est une porte d’entrée dans la société. Une façon d’aider les réfugiés à porter un projet. On ne leur demande presque jamais ce qu’ils ont envie d’apporter – il est temps d’inverser la balance et de s’en donner les moyens. Nous n’avions pas prévus de recevoir tant de sollicitations aussi rapidement : à nous de démocratiser maintenant et rapidement notre sens de l’hospitalité et de l’accueil.
Justement, comment finance-t-on un tel engouement dans l’urgence ?
Grâce à des financements publics (les Nations unies, la mairie de Paris, les régions…), privés (la Maison des sciences de l’homme, la fondation Ashoka, Free), des cotisations, ou des services aux entreprises pour les faire rentrer dans la communauté. Nous sommes attachés à cette diversité de financement. En outre, nous lançons mi-septembre une campagne de financement participatif sur la plateforme Co-city pour obtenir des moyens supplémentaires.
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