Zéro déchet, poneys, potagers… les universités passent à l’action pour la planète

Sur le quai de Bercy, un jeudi après-midi, une vingtaine d’étudiants s’activent, musique dans les enceintes et sacs poubelles à la main. Ils participent à la Clean Walk organisée par l’association Fédé Paris 1 dans le cadre de la Semaine étudiante du développement durable (SEDD), du 1er au 7 avril, dont les actions se poursuivent jusqu’au 18 avril.
 
L’ambiance est bon enfant, les jeunes ramassent avec le sourire les déchets trouvés sur leur parcours entre Bercy et Notre-Dame. Élise Roussin, membre de la Fédé Paris 1 chargée de la SEDD, encadre le groupe d’étudiants en les sensibilisant aux enjeux du développement durable. “Le but, c’est de s’amuser tout en faisant quelque chose de concret pour l’écologie. On ne va pas juste jeter les déchets ramassés, on va les trier et les recycler à fond”, précise-t-elle, armée de sacs et de gants fournis par l’entreprise de recyclage Lemon Tri.

Cette Clean Walk n’est pas la première. À Orléans, Rouen, Dijon ou encore Grenoble, d’autres “marches de nettoyage” ont été organisées par des associations étudiantes. En 2019, à l’heure des grèves scolaires pour le climat lancées par la suédoise Greta Thunberg, les universités se mobilisent plus que jamais pour la planète.

De plus en plus d’actions de terrain

“Il y a de plus en plus d’actions. Cette année, on en a labellisé plus de 630 événements contre 429 l’an passé lors de la Semaine Étudiante du Développement Durable”, analyse Loïc Ingea, responsable campus du Réseau français des étudiants pour le développement durable, à l’origine de la SEDD.

Selon une étude nationale réalisée en 2016 par ce réseau auprès de 10 500 étudiants, trois étudiants sur quatre s’intéressent au développement durable et le changement climatique est à leur yeux le premier enjeu du XXIe siècle.

Et pour la planète, les étudiants préfèrent réaliser des efforts concrets. Dans le cadre de la SEDD, les actions comme les clean walks, les ateliers potagers ou les ateliers de fabrication de produits écologiques DIY représentent 70 % des événements, contre 30 % de conférences et de projections.

Autre illustration de cette mobilisation de terrain, le nombre d’étudiants qui font labelliser des projets seuls, sans soutien d’une association ou de leur établissement, est en augmentation : “L’année dernière il n’y en avait qu’un seul, cette année il y en a environ 10, remarque Loïc Ingea. Ça montre une réelle envie de passer à l’action.
 
Si les associations sont souvent à l’initiative, les universités ne sont pas en reste. “Certains établissements sont très mobilisés”, souligne Loïc Ingea. “Par exemple à Brest, une grosse synergie s’est créée pour la SEDD avec tous les établissements d’enseignement supérieur, les associations et même la mairie. Au total, une cinquantaine d’événements sont organisés.”
 
Et comme le développement durable n’est pas que l’affaire d’une semaine, des établissements ont mis en place des initiatives éco-friendly à l’année.

Petit tour d’horizon d’actions menées sur des campus français.

Paris-Nanterre : des ruches sur le campus

Au printemps 2008, le rucher principal de la ville de Nanterre a été déplacé à l’Université Paris-Nanterre qui s’est engagée au côté de l’association LABEESS pour la protection de la biodiversité. La moitié des 15 ruches du campus est consacrée à la pédagogie, l’autre à la récolte.

Les étudiants, le personnel universitaire mais aussi les habitants de Nanterre ont accès au rucher. Un apiculteur professionnel anime même des ateliers. Une initiative approuvée par les abeilles en danger !

Côte-d’Azur : des kits de survie écologique

Dans le cadre de sa “mission campus et laboratoires éco-responsables”, l’Université Côte-d’Azur organise diverses actions dont la distribution de kits “zéro déchet”.

Les étudiants désireux de devenir ambassadeurs éco-responsables ont reçu un kit comprenant une gourde pour dire adieu aux bouteilles en plastique, une écocup, des sacs à vrac pour les courses, un mug isotherme, des lingettes lavables, et des cendriers de poche pour les fumeurs.

Lille 1 Cité scientifique : des poneys à la place des tondeuses

La pelouse de l’Université Lille 1 est au poil. Et pour cause : depuis 2010, elle est tondue par les poneys, moutons et vaches qui broutent l’herbe du campus.

Plus de tondeuse électrique polluante donc, et des compagnons sympathiques pour les étudiants lillois qui apprécient cette touche de bucolique au coeur de la métropole.

Toulouse III Paul Sabatier : vergers et compostage

Le campus de la ville rose passe au vert. En partenariat avec le Jardin botanique Henri Gaussen, l’association Veracruz et le Crous, l’Université Toulouse III Paul Sabatier a créé en 2016 des vergers et des jardins agroécologiques sur le campus de Rangueuil.

En juin 2018, des composteurs y ont été installés afin de permettre aux étudiants et au personnel de l’université de valoriser leurs déchets biodégradables.

Grenoble École de Management : objectif 1er campus européen zéro déchet

L’école de management de Grenoble ambitionne de devenir “la première école européenne zéro déchet” d’ici 2020.

Un objectif ambitieux et engagé qui ne s’arrête pas aux emballages plastiques :  le campus entend faire la chasse aux déchets matériels, mais aussi au gaspillage énergétique ou au gaspillage “social et culturel”.

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