Comment le réchauffement climatique aggrave les allergies au pollen

La carte de France est redevenue rouge vif. Sauf qu’il ne s’agit plus du Covid-19. La forte concentration de pollen de graminées dans l’air a poussé le Réseau National de Surveillance Aérobiologique (RNSA) à placer la quasi-totalité des départements français en vigilance rouge pour les allergies.

Sur Twitter, le RNSA explique que le soleil et la chaleur de ces derniers jours favorisent la dissémination du pollen. La question apparaît alors en filigrane : cela va-t-il encore s’accentuer avec le réchauffement climatique ?

Les concentrations en pollens augmentent au même rythme que les températures

Dès 2018, le RNSA, la Fédération des associations de surveillance de la qualité de l’air (Atmo France) et l’Association des pollinariums sentinelles de France (APSF) s’inquiétaient de l’évolution du climat. “Le réchauffement climatique et la hausse des températures conduisent à une augmentation des quantités de pollen”, déclaraient les trois organismes dans leur rapport annuel.

Samuel Monnier, ingénieur au RNSA, a réalisé en 2019 une étude sur le pollen de bouleau. Pour cette espèce – qui recouvre la majorité de la Métropole – le lien de cause à effet est très clair. “La quantité de pollen dans l’air augmente au même rythme que les températures, explique-t-il à We Demain. Nous avons remarqué une augmentation de 30 % en 20 ans”.

Ce phénomène concernerait toutes les espèces dont la floraison coïncide avec la fin de l’hiver. En cause : des hivers exceptionnellement doux, qui permettent aux plantes de fleurir plus tôt, allongeant ainsi la saison du pollen.

L’impact du réchauffement climatique serait un peu plus faible sur les espèces à floraison estivale, comme l’ambroisie ou les graminées. Samuel Monnier admet que pour ces deux plantes – au pollen fortement allergisant – la relation est moins flagrante, mais tout de même visible.

Les espèces allergisantes s’étendent sur le territoire

Le climat de plus en plus doux permet aussi à certaines espèces de coloniser des régions autrefois trop froides pour elles : des zones situées plus au nord, ou en altitude. Samuel Monnier confirme ce phénomène. “Je pense notamment à l’ambroisie, déclare-t-il. Pour cette plante, on a eu des signalements à 1000 mètres d’altitude.”

L’ingénieur du RNSA invite cependant à prendre certaines informations avec des pincettes. “Certaines études nous disent qu’on risque de trouver de l’olivier de l’ambroisie au nord de la France… mais ces plantes ne dépendent pas uniquement de la chaleur.” Ces espèces sont adaptées à une photopériode spécifique, c’est-à-dire à une certaine durée quotidienne d’éclairement. “L’ambroisie, par exemple, est une espèce qu’on ne retrouve qu’autour du 45e parallèle nord.”

Le beau temps, pire ennemi des allergiques

La saison du pollen n’est pas uniquement affectée par la hausse des températures, mais aussi par l’absence de pluie. Les épisodes de sécheresse, dont l’Agence Européenne pour l’Environnement remarquait déjà la multiplication en 2009, favorisent la diffusion du pollen sur l’ensemble du territoire. Et handicapent ainsi grandement les 30 % de la population adulte française souffrant de cette allergie.

“Dès qu’il pleut ou qu’il fait plus frais, le pollen est moins dispersé, explique Samuel Monnier. En 2018, nos capteurs ont enregistré une quantité record de pollen de bouleau. On s’est demandé pourquoi il y en avait autant… puis on a réalisé qu’il n’avait pas plu une goutte d’eau depuis le début du printemps.”

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