Partager la publication "3 solutions simples pour décarboner votre smartphone"
Il ne quitte plus nos yeux ni nos mains. Et cette addiction va couter de plus en plus cher à l’environnement. Du moins tant que persistera le modèle dominant d’usage du smartphone : renouvèlement accéléré des appareils et consommation illimitée des données. Deux phénomènes que va conforter la 5G, alourdissant encore le bilan carbone de nos mobiles. L’impact environnemental du numérique a de quoi inquiéter.
Les différents usages des objets connectés pèsent désormais, selon les sources, entre 3 % et 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES). Soit déjà plus que le transport aérien civil, pourtant perçu comme une source majeure de pollution. Et ce n’est que le début. En hausse continue, les émissions du numérique devraient doubler entre 2019 et 2025. A cet horizon, elles devraient atteindre 8 % des émissions de GES.
Cet article a initialement été publié dans WE DEMAIN n°32, paru en novembre 2020, et toujours disponible sur notre boutique en ligne.
“Le drame du numérique actuel est de méconnaitre complètement son impact sur les ressources et l’environnement, observe Samuel Sauvage, président de l’association Halte à l’obsolescence programmée. Ce qui pose le plus problème, c’est la durée de vie des terminaux, de plus en plus courte.”
C’est particulièrement le cas des smartphones, devenus la principale porte d’entrée à internet. Leur durée d’utilisation ne dépasse pas deux ans en moyenne. Pire, “88 % des consommateurs [français] changent de smartphone alors qu’il fonctionne encore”, pointe Samuel Sauvage, dont l’association s’est fait une spécialité de dénoncer les stratégies des constructeurs pour réduire la durabilité des produits. Notamment “l’obsolescence logicielle”, plus ou moins entretenue par les fréquentes mises à jour auxquelles l’utilisateur est poussé.
Des mises à jour “de plus en plus gourmandes, qui ralentissent le smartphone, voire le rendent inopérant”, assure Samuel Sauvage. Mise en cause par l’association, Apple s’est vu infliger en février une amende de 25 millions d’euros par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF). Celle-ci a sanctionné le défaut d’information des détenteurs d’iPhone ralentis par deux mises à jour du système. Mais elle n’a pas retenu l’accusation d’obsolescence programmée, la marque assurant que ce ralentissement visait à préserver le téléphone lorsque la batterie ne peut plus suivre.
Pourquoi ce renouvèlement incessant est-il une bombe environnementale ? Parce que dans le bilan carbone du numérique, la fabrication des terminaux est de loin la phase la plus gourmande en énergie. Notamment l’excavation des milliards de tonnes de roches d’où sont extraits les différents minerais et métaux qui composent nos smartphones. Et ce, alors que certaines de ces ressources sont menacées d’épuisement d’ici une ou deux décennies. Dès lors, “la priorité est de faire durer davantage ces produits, plaide Samuel Sauvage. Passer de deux à cinq ans serait un cap. Qu’est-ce qui empêche d’imposer une garantie de cinq ans aux smartphones ?”
En offrant une seconde vie aux produits, les acteurs du smartphone reconditionné contribuent déjà à limiter ce gaspillage des ressources. On peut citer les acteurs comme comme Recommerce, Remade, Back Market, YesYes ou encore Label Emmaüs. Et les usagers peuvent opter pour la réparation de leurs appareils plutôt que d’en changer. Dans cette démarche, les consommateurs français pourront bientôt se fier à un indice de réparabilité des équipements électriques et électroniques. Imposé par la loi anti-gaspillage et pour l’économie circulaire (Agec), il entrera en vigueur en janvier 2021.
Du moins pour les articles relevant de cinq familles pilotes, dont les smartphones. Dans son dernier “baromètre du numérique”, l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep) estime à 80 % le taux de Français prêts à diminuer l’impact de leurs équipements numériques sur l’environnement, notamment en les conservant plus longtemps ou en les achetant d’occasion, si besoin. Et pour aller plus loin, certaines entreprises proposent des offres plus économes.
Toutes les informations ici : Smartphone : avec cet éco-forfait, payez ce que vous consommez
Pour augmenter la durée de vie des équipements numériques, Commown mise sur l’économie d’usage. Cette autre société coopérative propose des appareils en location. Des smartphones, mais aussi des ordinateurs de bureau ou portables, avec des services associés. Que ce soit pour les réparer, ou pour l’installation de systèmes d’exploitation alternatifs, comme la version open-source d’Android développée par la fondation /e/, du Français Gaël Duval.
“La meilleure façon de limiter l’impact environnemental d’un smartphone, c’est de le faire durer”
Adrien Montagut-Romans, cofondateur de la coopérative
Les appareils présents au catalogue sont eux-mêmes conçus pour braver le temps. C’est le cas du Fairphone, le smartphone du fabricant néerlandais équitable (cf. le point 3 ). Sa modularité permet à la coopérative de gérer sa flotte de mobiles “comme un réservoir de pièces détachées”. Pour limiter encore plus le cout environnemental des équipements numériques, une solution serait à terme de pousser plus loin la logique de l’économie d’usage, “avec seulement quelques appareils mis en commun, pour la population d’un lieu de vie”, imagine Adrien Montagut-Romans.
Fin août, le fabricant néerlandais Fairphone a présenté une nouvelle version de son smartphone durable, le Fairphone 3+. Livré avec Android 10 pré-installé, il embarque un nouveau module d’appareil photo, aux définitions améliorées. Et il compte désormais 40 % de plastique recyclé, contre 9 % auparavant. Pour gagner en performances, les détenteurs du Fairphone 3 n’ont toutefois pas à changer d’appareil . Ils peuvent tout simplement s’équiper du nouveau module photographique, vendu séparément !
Ce téléphone a en effet la particularité d’être divisé en sept modules amovibles pour faciliter leur évolution et leur réparation. Autre axe de développement de Fairphone depuis son lancement en 2013, la transparence de la chaine d’approvisionnement. La marque a notamment lancé cet été l’Alliance pour un cobalt équitable. Ce programme vise à garantir que le minerai nécessaire aux batteries, provenant principalement des mines de République démocratique du Congo, a été extrait dans de meilleures conditions environnementales, sanitaires et sociales. Deux géants industriels – Glencore et Tesla – ont rallié cette initiative.
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