Partager la publication "À 5 ans, il attaque son État en justice pour inaction climatique"
Ils sont seize au total. Seize jeunes de 5 à 22 ans à avoir saisi la justice et porté plainte contre l’État du Montana pour inaction climatique. Seulement deux sont majeurs, Rikki Held, 22 ans et Grace Gibson-Snyder, 19 ans. Les 14 autres plaintifs – Lander et Badge B., Sariel S., Kian T., Georgianna F., Eva L., Mika K., Olivia V., Jeffrey et Nathaniel K., Claire V., Ruby et Lilian D. et Taleah H – n’ont pas encore la majorité. Le plus jeune, Nathaniel, commence à peine l’école mais a déjà une certaine conscience de la nécessité de prendre des mesures fortes pour lutter contre le réchauffement climatique. Et mettre fin à l’inaction climatique.
Avec son frère Jeffrey, 9 ans cette année, ils vivent à Montana City. Tous les deux souffrent de problèmes respiratoires. Jeffrey a une maladie pulmonaire et Nathaniel s’est retrouvé deux fois aux urgences avec des difficultés à respirer. La multiplication des incendies de forêt dans la région aggravent leur condition et les obligent à rester en intérieur quand l’air est trop pollué. Bien souvent, “ils ne peuvent pas faire de randonnée, de camping ou participer à d’autres activités de plein air qui sont au cœur de leur mode de vie, de leur famille et de leur bien-être général”, indique la plainte.
Depuis le début de la semaine, lundi 12 juin, le procès de l’affaire nommée “Held vs State of Montana” a commencé. Il s’agit du premier procès lié au changement climatique dans l’histoire des États-Unis, à l’instar de ce que l’on peut connaître en France, en Suède ou encore en Suisse.
Lundi dernier donc, les plaidoiries ont commencé au tribunal d’Helena, la capitale du Montana, cet État du Nord-Ouest des États-Unis. Elles dureront 2 semaines avant que la juge ne statue sur la plainte des 16 jeunes, déposée en 2020.
C’est Rikki Held, la plus âgée, qui a pris la première la parole. Sa famille possède un immense ranch qui s’étend sur plus de 1 200 hectares dans l’Est de l’État. Entre la sécheresse, les incendies de forêt, la pollution de l’air, la fonte des glaciers et les épisodes météorologiques extrêmes (canicules, inondations…), elle craint de ne pas pouvoir maintenir longtemps à flot la propriété. “Je sais que le changement climatique est un problème mondial, mais le Montana doit assumer sa part de responsabilité, a-t-elle déclaré lors du premier jour du procès, relate le New York Times. Vous ne pouvez simplement pas ne rien faire à ce sujet.”
D’ores et déjà, un feu de forêt a endommagé des lignes à haute tension. Le ranch a subi une longue coupure d’électricité (un mois), qui a empêché de pomper de l’eau pour faire boire le bétail. Conséquence : des bêtes sont mortes durant cet intervalle. Chacun des seize jeunes va témoigner au fil du procès pour expliquer en quoi le changement climatique a un impact négatif sur leur vie et leur avenir.
Les seize jeunes reprochent notamment à l’État du Montana – qui abrite notamment le parc de yellowston et le Glacier National Park – d’avoir indirectement soutenu des entreprises exploitant les énergies fossiles, que ce soit par le biais de subventions ou en leur faisant bénéficier d’une réglementation très favorable.
En agissant ainsi, ils estiment que l’État a failli à sa mission de garantir un “environnement propre et sain”, comme le prévoit l’article II section 3 de la Loi fondamentale du Montana, promulguée en 1972. L’article IX section 1 de cette même Constitution stipule aussi que “l’Etat et chaque personne doivent maintenir et améliorer un environnement propre et sain dans l’État du Montana pour les générations présentes et futures.”
Ce que veulent les seize jeunes, plutôt qu’un dédommagement financier, c’est que l’État reconnaisse officiellement avoir enfreint ses propres règles et que leurs droits ont été bafoués. Selon leur avocat, Roger Sullivan, le Montana – qui possède notamment d’importantes ressources en charbon – aurait mené une politique énergétique désastreuse.
Il estime que, chaque année, à lui seul l’État libère quelque 166 millions de tonnes de CO2 dans l’atmosphère. C’est l’équivalent d’un pays comme l’Argentine alors même le Montana compte à peine plus d’1,1 million d’habitants. En outre, il dénonce une mesure qui interdit aux administrations locales d’évaluer l’impact sur le climat d’une projet lié aux énergies fossiles pour déterminer si elle doit ou non accorder un permis d’exploitation.
De son côté, le général du Montana, Michael Russell, affirme que les accusations portées ne sont que des “suppositions” et que le changement climatique est avant tout une “question mondiale” où “les émissions [de CO2] du Montana sont simplement trop minuscules pour faire une quelconque différence”.
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