Partager la publication "À Bordeaux, une école de l’agriculture du futur dans des tiny houses"
Située à Tresses (Gironde), cette ferme est à la fois un incubateur, un coworking agricole et un centre pédagogique. Les objectifs sont multiples : former de jeunes maraîchers à l’agriculture biologique, faciliter leur insertion professionnelle, faire émerger de nouveaux savoirs en agroécologie, rapprocher l’agriculture des villes, sensibiliser le public aux questions d’alimentation et d’environnement…
“Le projet de Charles était déjà très avancé dans sa tête, mais il avait besoin d’être structuré.” C’est ainsi que Sarah, 28 ans, concrétise son désir de “retour à la terre”. Avec ses compétences en communication et gestion de projet, elle aide Charles-Édouard, maraîcher de 38 ans, à faire naître la Ferme de la Glutamine. “Mon objectif n’est pas de devenir agricultrice, c’est d’accompagner ceux qui ont cette vocation mais ne peuvent pas le faire.”
Coworking agricole, mutualisation et open source
Pour travailler, chaque agriculteur sera doté de 4 000 m2 de parcelles cultivables et d’une “boite à la ferme”. Dans ce conteneur détourné et réaménagé, ils disposeront d’un espace de stockage pour abriter leurs outils, et d’une petite serre pour démarrer leurs semis.
Les jeunes maraichers mutualiseront les plus gros outils, comme le vélo-tracteur, dont Sarah nous présente le huitième prototype. La Glutamine a participé à sa création avec le collectif Farming Soul, qui se fait selon un modèle open source. Différents modules s’y clipsent en fonction des besoins, et une éolienne permet une assistance électrique pour les travaux difficiles.
Bicitractor. Culticycle from Farming Soul from Farming Soul on Vimeo.
Ils seront accompagnés et formés à l’agriculture biologique, l’initiative ayant été reconnu d’utilité publique et d’intérêt général par la Chambre d’Agriculture de la Gironde. Seul achat obligatoire, le « pack coworking » comportant la tiny house, la boîte à la ferme, une éolienne auto-construite ainsi qu’un vélo-tracteur. Après 24 à 36 mois d’incubation, les paysans profiteront de prêts à taux modiques pour leur installation, négociés pour eux par la Glutamine.
Une vision complète, de la fourche à la fourchette
Enfin, la ferme proposera des formations à la permaculture, l’agroécologie, l’apiculture ou la nutrition. Des animations sont prévues sur place, mais également à la maison Écocitoyenne de Bordeaux ou dans les écoles du département. Entre autres idées qui naissent dans les esprits fertiles de ses créateurs.
L’alimentation, “un bon sujet de sensibilisation”
De septembre à début novembre, ils se sont installés sur les quais de Bordeaux avec une tiny house et une boîte à la ferme, pour interpeller institutions et citoyens sur la question de l’autonomie alimentaire des villes. “Il est essentiel d’associer les particuliers à la production alimentaire du territoire : il y a des espaces disponibles comme les friches mais aussi les balcons, les toits…”
Quand on demande à Sarah si de telles cultures ne seraient pas un peu dérisoires face au nombre de bouches à nourrir, elle répond que les enjeux dépassent la seule question de l’autosuffisance. Il y a besoin de rapprocher l’agriculture des villes, également pour minimiser les transports ou l’impact sur les sols, sensibiliser à la préservation de l’environnement… Et justement, l’association la Ferme de la Glutamine compte bien s’y atteler.
Pour les jeunes maraichers intéressés par un coworking agricole près de Bordeaux, le dossier de candidature est en ligne. Toute personne titulaire d’un diplôme certifiant sa Capacité Professionnelle Agricole (CPA) et donc éligible au statut d’agriculteur, peut postuler auprès de La Ferme de la Glutamine, et ce jusqu’au 25 novembre.
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