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À Paris, ces collégiens financent leur ferme urbaine

Ce vendredi midi, c’est atelier conception d’hôtels à insectes et mangeoires à oiseaux au collège Flora Tristan, dans le XXe arrondissement de Paris. Une dizaine de collégiens de 6e, 5e et 4e s’affairent à manier le crayon, la scie à bois et la visseuse-dévisseuse. “Venir ici trois fois par semaine pour travailler la terre et bricoler, c’est le seul truc qui fait que j’aime aller à l’école, ça m’évite de m’ennuyer !“, s’exclame fièrement Mohamed-Shain, 11 ans. Comme Angèle, Fantine, Maxime et les autres, il ne rate aucune occasion de participer aux travaux d’aménagements du toit de son collège, de la construction des bacs à l’entretien des cultures. Depuis juillet, légumes, fleurs et aromates s’épanouissent sur les 2100 m2 de terrasse du collège.

L’établissement n’est pas le premier à se lancer dans l’agriculture urbaine, en plein boom, mais sa particularité est d’associer étroitement les élèves au projet. Pour l’accompagner, Bénédicte Vion, la principale adjointe, a fait appel à l’association de végétalisation Veni Verdi.L’idée était de créer une exploitation agricole qui serve à la fois d’outil pédagogique et d’espace de formation”, explique-t-elle.

Des collégiens qui décrochent des financements

Les collégiens, mobilisés jusqu’aux choix d’aménagement du toit, contribuent même aux recherches de financements. Marie, Jérémie, Martin et Ismaël, alors élèves en classe de 4e, ont défendu le projet à la Fondation de France. Résultat, ils ont obtenu les fonds nécessaires aux premiers achats de matériel, de terre et de semences. À la rentrée, Pauline, Clara et d’autres élèves du Conseil de Vie Collégienne ont démarché les écoles et tracté dans la rue pour faire voter les habitants du quartier en faveur de nouveaux équipements au Budget Participatif de la Ville de Paris. Un vote remporté le 2 octobre avec pas moins de 420 000 euros ! Les deux anciens préaux situés sur le toit seront ainsi prochainement aménagés en serre et en atelier cuisine pour créer tout un espace de production, de la graine au produit transformé : confitures, bocaux de sauce tomate ou de pesto…

Apprendre grâce à l’agriculture urbaine

L’idée est aussi de redonner le plaisir d’apprendre aux élèves à travers ce programme. Certains cours sont déjà prévus directement sur le toit : atelier de signalétique avec la prof de français, cours de pluviométrie avec le prof de maths, initiation à l’évolution de l’agriculture avec la prof d’histoire-géo. Les élèves des classes d’intégration pour non francophones sont parmi les plus impliqués :“Certains vont chercher dans la terre quelque chose qui leur appartient. Ils nous ont même demandé si on pouvait planter des manguiers, des patates douces et du gombo !“, se réjouit la principale adjointe.

À plus long terme, le projet est que les élèves deviennent eux-mêmes formateurs. Ils enseigneront à des salariés d’entreprises comment cultiver et entretenir un jardin dans le cadre d’activités de cohésion d’équipe. “Un moyen de responsabiliser et de valoriser ces enfants de milieux sociaux parfois défavorisés, de leur permettre d’acquérir des compétences de maitrise de la langue, de se créer un réseau de professionnels. Nous en ferons un lieu de partage, de mixité et de rencontre au sein du quartier !”, conclut, enthousiaste, la principale adjointe.

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