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Avion post-covid : ce collectif toulousain imagine l’aéronautique de demain

En plein cœur de l’été, et alors que certains ont repris le chemin des aéroports, un collectif toulousain réfléchit à l’avenir de l’aéronautique, à son impact écologique et social.

Économistes, scientifiques, salariés du secteur, think tank, syndicats… Divers acteurs se sont réunis au sein du collectif PAD, pour “Pensons l’Aéronautique pour Demain”. Créé en août 2020, ses membres sont principalement basés à Toulouse, la capitale de l’aéronautique. 

“Notre objectif est de réfléchir à la sobriété dans l’aéronautique, un mode de transport qui doit se ré-interroger sur sa façon de fonctionner ; sur la gestion de ses aéroports ; sur le fait que, sans mesures correctrices, dans 15 ans, il sera l’un des plus gros contributeurs au réchauffement climatique…”, explique Chantal Beer-Demander, présidente de l’Union française contre les nuisances des aéronefs et du Collectif contre les nuisances aériennes de l’agglomération toulousaine, membres du PAD. 

Diminuer le trafic aérien et diversifier l’emploi

Si la crise sanitaire a durement touché le secteur, elle peut aussi être le moment de se réinventer, estime le collectif. 

“Aujourd’hui, l’aéronautique doit faire face à des problématiques importantes au niveau environnement et emploi”, analyse Bruno Jougla, salarié dans un grand groupe aéronautique et membre du collectif de salariés de l’aéronautique ICARE, faisant partie du PAD. “Le trafic aérien, hors période Covid, est sur des taux de croissance de 5 à 6 % par an au niveau mondial. Donc il y a un vrai challenge pour arriver à une réduction des émissions carbone. Concernant l’emploi, pour le département de la Haute-Garonne, il y a eu une perte de 5 000 emplois, sans compter les intérims.” 

Le but du collectif PAD est ainsi de repenser le secteur, notamment en se posant la question de la sauvegarde des emplois, de leurs diversifications ou de leurs reconversions. 

“Le vrai débat est de savoir si l’on essaie de reconstruire un secteur à l’image de ce que l’on a connu avant la crise ? Ou, est-ce que l’on en profite, avec tous les investissements nécessaires, pour faire quelque chose de différent, plus en phase avec l’enjeu du climat ?”, se demande Bruno Jougla. “Airbus, par exemple, est capable de faire autre chose que des avions. Par exemple de construire des chauffes-eaux solaires”, ajoute Chantal Beer-Demander. 

À lire aussi : Vacances post-Covid : revenge travel ou slow tourisme ? 

Des propositions concrètes pour repenser le secteur de l’aéronautique

Pour le collectif, les alternatives souvent présentées pour “verdir l’aviation”, notamment les biocarburants ou encore l’avion à hydrogène, ne sont pas suffisantes. “Les entreprises et les gouvernements veulent reconduire le modèle pré-Covid avec des ruptures technologiques qui permettraient de baisser les émissions carbone tout en maintenant une croissance du trafic. Selon nous, cela n’est pas assez pour avoir un réel impact”, explique Bruno Jougla. 

Pour réfléchir à des solutions, le collectif s’est réuni tout au long de l’année. Le 31 août, date d’anniversaire de sa création, il publiera un rapport contenant diverses propositions pour diminuer le trafic aérien tout en protégeant l’emploi. “Nous avons formulé des propositions sur le court terme, avec des projets concrets. Et des propositions plus sur le long terme, avec des investissements qui pourraient être faits pour le futur”, détaille Bruno Jougla.

À lire aussi : J’ai fait Paris-Venise en train, et la planète me dit merci 

Ces propositions seront présentées lors des Assises de l’aviation organisées par le collectif PAD et l’association Notre Choix, du 17 au 19 septembre à Toulouse, et les 25 et 26 septembre à Paris.

Au programme : plus de 80 intervenants, 16 tables rondes, des ateliers ou encore des animations pour réfléchir à l’évolution du secteur. L’évènement aura lieu en présentiel, gratuitement mais sur inscription. Certaines tables rondes seront également rediffusées en ligne, accessibles à tous. 

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