Partager la publication "Bovetti : la success story d’un chocolatier français bio et équitable"
Le chocolat coule à flot, une odeur de noisettes fraichement torréfiées enrobe les locaux… À quelques jours de Noël, la trentaine d’employés de Bovetti ne chôment pas. Située en Dordogne, à Terrasson-Lavilledieu, non loin de Brive-la-Gaillarde, cette chocolaterie a été créée dans un garage, il y a 30 ans, par Valter Bovetti. Un cuisinier originaire du Piémont italien. Aujourd’hui toujours 100 % artisanale, l’entreprise produit des centaines de milliers de tablettes chaque année, dont un tiers durant la période de Noël.
Son chiffre d’affaires dépasse les 5 millions d’euros en 2021 et l’entreprise a été rachetée en 2020 par le groupe Natimpact, fédération de PME de l’agroalimentaire bio. Ses 450 références sont désormais exportées dans une trentaine de pays. Bovetti connait d’ailleurs un certain succès dans les restaurants japonais ! La clé de cette success story mondiale ? Des produits savoureux bien sûr, mais aussi un effort de transparence, et la volonté de tendre vers le bio et l’équitable.
En arrivant dans la boutique, les confiseries de Noël sont à l’honneur. Entre les mendiants, rochers ou orangettes, trônent sapins, Pères Noël ou bonhommes de neige en chocolat. Ainsi que l’un des produits emblématiques de l’entreprise, qui a participé à sa renommée internationale. “Valter Bovetti a inventé la première pâte à tartiner sans huile de palme au monde, il y a plus de 10 ans”, fait valoir Régis Franchi, directeur de Bovetti, qui a pris la relève de la chocolaterie, depuis la retraite de son fondateur il y a environ un an. Une démarche qui, à l’époque, n’était pas évidente, mais que le chocolatier a trouvé logique, les palmeraies étant l’une des principales causes de déforestation.
Depuis une dizaine d’années également, la chocolaterie a emprunté le chemin du bio et de l’équitable. “Aujourd’hui, sept produits sur dix ont les deux labels, bio et Max Havelaar”, souligne Régis Franchi. Et la chocolaterie s’est fixé l’objectif de l’être à 100 % d’ici 2023.
“Lorsqu’on mange du chocolat, la première chose c’est de se faire plaisir. Mais, si derrière le produit n’est pas bon pour la planète ou les gens, ce n’est pas dans nos valeurs”, ajoute-t-il. Le chocolat labellisé commerce équitable protège en effet les producteurs de cacao. Car le premier échelon est aussi le plus vulnérable. Si le monde du chocolat peut faire rêver, il est aussi très hostile. Travail des enfants, déforestation, extrême pauvreté…
“Dans le cacao, notre ‘socle de sécurité’ est fixé à 2 400 dollars la tonne, afin de rémunérer justement les producteurs. Et ce minimum de prix n’est pas négociable”, explique Blaise Desbordes, directeur général de Max Havelaar. “De plus, nous soutenons le bio. Donc, si la fève est équitable et bio, le prix passe à 2 700 euros la tonne.” À titre de comparaison, le prix moyen de la tonne en Côte d’Ivoire, zone où vont se fournir les confiseurs de masse, est d’environ 2000 euros.
Pour toute la gamme de chocolat conventionnelle, la chocolaterie Bovetti met d’ailleurs un point d’honneur à ne pas importer de fèves de Côte d’Ivoire. Car si le pays assure plus de 40 % de l’approvisionnement mondial en cacao, les producteurs vivent largement en dessous du seuil de pauvreté, avec moins d’1,90 dollar par jour.
“Par ailleurs, pour attaquer la pauvreté à la racine, nous avons mis en place la prime de développement social”, poursuit le DG du label Fairtrade. “En plus de payer un prix juste, les entreprises qui souhaitent être labellisées sont dans l’obligation d’ajouter un surprix de 10 % pour constituer une sorte de cagnotte. À la fin de l’année, les paysans décident comment utiliser cet argent. Ils peuvent ainsi améliorer leur culture, leur stockage, le transport, etc.” Ainsi, depuis que la chocolaterie Bovetti a été labellisée il y a dix ans, elle a versé 75 000 euros de prime de développement.
Une démarche qui se répercute nécessairement sur le prix final pour le consommateur. Une tablette de chocolat au lait classique bio et équitable de Bovetti coûte 3,95 euros. Contre 1,90 euros pour un produit similaire chez Lindt par exemple. Un écart justifié par les labels, ainsi que le côté artisanal.
“Il faut recréer du lien dans notre consommation. Si vous mettez un visage sur les producteurs, si vous avez une conscience du produit, les consommateurs sont prêts à payer un peu plus”, assure Blaise Desbordes de Max Havelaar. Une affirmation que confirment les chiffres du commerce équitable. Malgré la crise sanitaire, ce marché a poursuivi sa progression avec une croissance de 12 % en 2020 (tous labels confondus).
Dans cet esprit de transparence, la chocolaterie Bovetti propose également aux clients de visiter son musée du chocolat. L’un des plus anciens de France, qui accueille chaque année environ 50 000 visiteurs, aussi bien particuliers que scolaires. Un moyen de faire découvrir plus précisément la provenance du cacao, son histoire, la démarche équitable de la chocolaterie, ainsi que les différentes étapes pour passer du fruit aux tablettes que nous connaissons.
Enfin, le musée donne une vue imprenable sur les ateliers de production, où l’on peut voir la vingtaine d’artisans peindre les moules à la main, emballer ou bien couler des tablettes. “C’est en ouvrant nos portes, en racontant tout cela que nous pouvons lutter contre les grands industriels,” explique le PDG. “Nous avons plein de clients locaux, qui n’ont pas forcément un gros pouvoir d’achat, et qui viennent chez-nous, même si c’est plus cher, parce qu’ils savent comment c’est fabriqué et qu’ils souhaitent consommer local.”
Ce jeudi matin de décembre, plusieurs clients arpentent la boutique, principalement des personnes âgées, accompagnées quelque fois d’enfants, pour faire le plein de gourmandises avant les fêtes de fin d’année.
“Le chocolat c’est super bon pour la santé. Il y a des polyphénols contre la déprime, des antioxydants… Le tout c’est de ne pas en abuser !”, rappelle Régis Franchi. Et s’il est bio, équitable et élaboré en France, c’est encore mieux.
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