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Calanques, Porquerolles… Ces sites qui limitent le tourisme de masse

Des touristes qui font la queue pour se baigner, des serviettes à touche-touche… Voilà les scènes cauchemardesques aperçues dans les Calanques de Marseille et Cassis (Bouches du Rhône) ces derniers mois. Des images volontairement mises en avant au printemps sur le site internet du Parc national de Calanques. Le tout accompagné de légendes tout aussi répulsives : “L’eau dans les Calanques est souvent froide”. “Elles sont exiguës et prises d’assaut pendant la période estivale.” Avec, même, des conseils pour “survivre aux Calanques”.

Première en France, cette campagne de “démarketing territorial” entend clairement décourager le tourisme local, qui explose depuis le début de la pandémie. La calanque d’En-Vau a ainsi reçu jusqu’à 3 500 visiteurs par jour à l’été 2020. Et presque autant lors de week-ends d’hiver.

Le Parc national va même plus loin pour refroidir ses visiteurs : à partir de février 2022, ces derniers devront réserver leur entrée sur Internet, avec des jauges de visiteurs quotidiens, apprend BFMTV. Un système inédit en France, où les espaces naturels sont libre d’accès. Seuls 400 à 500 personnes par jour pourront circuler dans le massif.

Le parc des Calanques menacé

L’île de Porquerolles, dans le Var, vient aussi d’instaurer des quotas de visiteurs : 6 000 par jour dès juillet et août 2021… contre 12 000 certains jours l’an passé. Mais là, sans système de réservation par internet. La mairie met en avant des soucis sanitaires ou d’évacuation des déchets.

Mais c’est aussi la nature qui est menacée par ce tourisme de masse. Des barbecues pourtant interdits sont organisés dans les Calanques. Les promeneurs érodent les sols et déchaussent des arbres. Ils peuvent aussi piétiner des plantes rares. Ou perturber la nidification des oiseaux. Les ancres des bateaux, enfin, arrachent les herbiers sous-marins, détruisant par exemple la posidonie, pourtant très utile contre le réchauffement climatique.

Pour contrer ces impacts environnementaux, les initiatives “anti-tourisme”, nouvelles en France, se développent d’ailleurs depuis plusieurs années dans d’autres pays.

À lire aussi : Des solutions pour sortir du tourisme de masse

D’autres initiatives à l’étranger

Comme les Calanques, de nombreux sites d’exception sont en effet ravagés par le tourisme de masse. Un phénomène accentué par les réseaux sociaux : quelques photos idylliques postées sur Instagram suffisent parfois à ruiner un espace protégé.

Aussi, dans l’État du Wyoming, aux États-Unis, l’organisme de promotion du parc de Jackson Hole a lancé une campagne invitant les visiteurs à géolocaliser leurs photos de manière générique plutôt que l’endroit exact.

Classé au patrimoine mondial de l’Unesco, le site de Puerto Princesa, aux Philippines a lui carrément retiré certains espaces particulièrement menacés de ses cartes touristiques.

La Nouvelle-Zélande a pour sa part lancé une campagne baptisée “ Do Something New ” qui met en scène un personnage dont la mission est d’arrêter les touristes peu créatifs, et un concours incitant à prendre des photos originales avec le hashtag #DoSomethingNewNZ.

Promouvoir d’autres destinations

Les Pays-Bas réfléchissent aussi à interdire les visites du quartier rouge d’Amsterdam et, dans une compagne de communication, incite les touristes à se tourner vers d’autres villes, avec des slogans comme “Vous vouliez aller à Amsterdam ? Découvrez Groningen”.

Et voilà aussi peut-être l’une des solutions au tourisme de masse : faire la promotion de nouvelles destinations.

Avis aux visiteurs, sous la bannière “Marseille expérience” , la cité phocéenne développe d’ailleurs des parcours alternatifs. Comme une croisière en Histoboat, un catamaran électrique, à la découverte des 2 600 ans d’histoire de Marseille.

À lire aussi : Comment l’Islande et les Baléares ont réussi à encadrer le tourisme de masse

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