Partager la publication "Ce boulanger cuit son pain dans un four solaire"
Pour faire un délicieux pain solaire, choisissez un jour sans nuages. Pétrissez les ingrédients classiques – farine, levain, sel, eau – et faites lever la pâte. Quand elle est prête à cuire, rendez-vous dans le jardin. Orientez les miroirs de votre concentrateur solaire de façon à ce qu’ils dirigent les rayons à l’intérieur du four, à travers sa vitre.
Quand la température atteint 270 °C, enfournez les miches. Au bout d’une heure environ, le pain est cuit, sa croute craque. Un régal dû à une technologie pleine d’avenir, et pourtant low-tech !
Cet article a initialement été publié dans WE DEMAIN n°33, disponible en kiosque et sur notre boutique en ligne.
Cette recette est celle d’Arnaud Crétot, qui vit à Montville, un village de Seine-Maritime situé à une vingtaine de kilomètres de Rouen. Avant de devenir boulanger solaire, ce jeune homme de 33 ans formé à Polytech Nantes était ingénieur en thermique énergétique. “En 2010, pendant mes études”, raconte-t-il, “j’ai fait une année de césure pour créer l’association ‘Les vagabonds de l’énergie’ et faire le tour du monde des énergies durables.”
Cette année-là, l’étudiant visite des usines et des labos de recherche dans une vingtaine de pays… En Inde, il rencontre le Canado-Finlandais Eerik Wissenz, qui construit alors un concentrateur solaire dans l’État du Gujarat. Arnaud Crétot s’intéresse de près à cet appareil. Et en 2014, il devient directeur technologique de Solar Fire Concentration (SFC), la société créée par Eerik Wissenz. Il perfectionne les fours solaires vendus par SFC et participe au volet humanitaire de l’entreprise, aussi bien en Tanzanie, qu’aux Philippines.
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70 % de pain cuit au soleil
En travaillant avec des femmes qui torréfient les cacahouètes au Kenya grâce à l’énergie du soleil, l’idée lui vient d’en faire autant… en Normandie, sa terre d’origine. Qu’importe si la météo y est nettement plus grise qu’en Afrique ! En 2018, Arnaud crée Neoloco. Il se met en quête de matières premières produites dans le coin (lin, chanvre, miel), choisit aussi des graines qui pourraient être cultivées dans la région, mais ne le sont pas encore, comme les noisettes.
“L’idée, c’est de participer à reconstituer des filières locales, de créer des débouchés”, explique-t-il.
Dans sa maison de Montville, Arnaud compose des mélanges pour l’apéro, des barres au miel, avec des graines torréfiées dans un concentrateur. Le tout est distribué dans une soixantaine de points de vente.
“En parallèle, je me suis intéressé aux techniques artisanales de boulangerie”, raconte l’ingénieur. “J’ai commencé à faire du pain au feu de bois. Pendant le confinement, j’ai testé le pain cuit à la machine solaire et ça marche super bien ! La cuisson avec un concentrateur est très intuitive, comme celle avec un four à bois. Quand ça chauffe trop, on détourne certains miroirs.”
Arnaud fait du pain une fois par semaine. Les clients commandent à l’avance la production, qu’ils peuvent retirer dans quatre points de vente. Grâce à ce système, aucune perte ! La quantité de pain dépend de l’ensoleillement : à peu près 120 kg en hiver et 250 kg en été. Et si les nuages normands cachent trop le soleil, il allume son four à bois.
“J’arrive à faire près de 70 % de mon pain avec l’énergie solaire”, se réjouit-il.
Pour lui, le futur du four solaire est radieux : “ Il y a plein d’applications possibles, dans toutes les industries où l’on a besoin de chaleur : la céramique, la production de vapeur… C’est une technologie très simple, faite de miroirs et d’acier, mais c’est vertigineux de penser tout ce qu’on peut faire avec.”
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Où acheter du pain solaire ?
- De la ferme à l’assiette, 355 rue Victor Hugo, à Sotteville-lès-Rouen
- Contre-poids (épicerie vrac), 120 rue des Bons Enfants, à Rouen
- Ferme du Vieux Puits, à Pissy-Pôville
- Ferme de la mi-voie, à Bosc-Guérard-Saint-Adrien
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