Cette start-up utilise la blockchain pour surveiller la qualité des aliments

72 % des Français pensent que les entreprises alimentaires ne sont pas assez transparentes sur la façon dont sont fabriqués leurs produits, selon un sondage réalisé en octobre 2019. Pour inverser la tendance, l’entreprise Connecting Food a créé une plateforme digitale basée sur la blockchain, une technologie de stockage et de transmission d’informations infalsifiables.
 
Son application fournit des informations sur toutes les étapes de fabrication d’un produit. Pour cela, il suffit de scanner le QR code disponible sur le paquet. Par exemple pour la farine “Savoir Terre” de la marque Axéréal, le consommateur peut connaître l’identité des agriculteurs, le lieu de conservation des grains, d’écrasement du blé et de conditionnement de la farine. Pour le jambon “Tendre Noix” d’Herta, il peut suivre le parcours de l’animal, jusqu’au rayon du magasin, et même savoir ce qu’il a mangé.
 

Mais l’entreprise va plus loin et vérifie aussi en temps temps réel si un producteur ou une marque respecte son cahier des charges, par exemple la conformité d’un label “sans OGM” ou “sans antibiotiques”. Si un producteur affirme que ses oeufs ne contiennent pas d’antibiotiques, il doit avoir enregistré un certificat sur la plateforme. Ce document comporte une date de validité qui est vérifiée régulièrement par un logiciel de Connecting Food. S’il n’est plus à jour, une alerte est aussitôt envoyée à la personne responsable de l’anomalie.

La blockchain sécurise toutes ces données puisque personne ne peut les modifier sans en informer tous les acteurs du réseau.

“Si les consommateurs sont en mesure de choisir des aliments de meilleure qualité, les producteurs et les marques vont changer et s’adapter à leur demande”, veut croire Stefano Volpi, co-fondateur de Connecting food. Qui précise : “Nous apportons une solution mais ne donnons pas de leçons.”

Une blockchain entièrement automatisée

Et ce système est entièrement automatisé : les données utilisées sont extraites directement dans les fichiers informatiques des différents acteurs de la filière. Ou transmises par des capteurs (placés sur les oreilles de cochons ou dans les lieux de conservation de grain…). Nul besoin d’intervention humaine donc. “Cela générerait du travail additionnel pour nos clients et serait source d’erreurs”, estime Stefano Volpi.

Cependant, le risque zéro n’existe pas, et les erreurs informatiques sont aussi possibles. Un capteur d’humidité peut très bien tomber en panne. Autre bémol : le système fonctionne pour l’heure surtout pour des produits pas ou très peu transformés. Enfin, il n’est pas sûr que le consommateur ait envie de scanner tous les aliments consommés…

Mais dans tous les cas, l’entreprise assure que le gaspillage alimentaire est évité au maximum : “Un lot d’oeufs comportant des antibiotiques sera tout de même vendu en magasin, mais le consommateur saura où il y a eu un problème dans la filière.”

Pour encourager les agriculteurs et les éleveurs à surveiller la fiabilité des données fournies, Connecting food leur reverse 5 % de son chiffre d’affaires.
 
Une solution d’avenir ? Pour l’heure, 15 marques ont déjà souscrit aux services de la Foodtech et deux nouvelles firmes vont rejoindre la “Connecting food community” au salon de l’Agriculture, du 22 février au 1er mars.  De leur côté, de plus en plus de distributeurs comme Carrefour ou Auchan utilisent aussi la blockchain pour certifier des produits. En 2020, Stefano Volpi veut y croire : “Notre solution décolle !”

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