Partager la publication "Chat-tastrophe écologique : comment nos félins ravagent la nature"
Les chats sont-ils en train de détruire la biodiversité ? À en croire une vaste étude publiée dans Nature Communications, oui. Intitulée “Synthèse et évaluation globale de l’alimentation du chat domestique en liberté”, ce méta-rapport, qui fait la synthèse de quelque 500 études réalisées à travers le monde, pas moins de 2 000 espèces différentes d’animaux sont consommées par ces félins, “dont 16,6 % sont préoccupantes en matière de biodiversité.”
Dans la synthèse de l’étude, on peut en effet lire que “les chats en liberté (felis catus) sont des carnivores envahissants”. “Nous avons identifié 2 084 espèces consommées par les chats, dont 347 (16,65 %) sont préoccupantes en matière de conservation.” Les oiseaux, les reptiles et les mammifères de petite taille (moins de 5 kilos) sont particulièrement ciblés, représentant 90 % de l’alimentation du chat. “Nos résultats démontrent que les chats sont des prédateurs généralistes extrêmes, ce qui est essentiel pour comprendre leur impact sur les systèmes écologiques et développer des solutions de gestion”, précise l’étude, réalisée par l’université de sylviculture, de faune et d’environnement d’Auburn, aux Etats-Unis.
On savait déjà que les chats tuent plus d’oiseaux que les éoliennes, voilà que nos matous – qui ont été domestiqués il y a 9 000 ans – sont aussi de terribles prédateurs d’autres espèces… au point de mettre en péril le fragile équilibre de la survie de certains animaux. Qualifiée comme “l’une des espèces envahissantes les plus problématiques au monde”, par les auteurs américains de la méta-étude, François Gemenne, chercheur et membre du GIEC, abonde en ce sens. “Oui, le chat est une catastrophe pour la biodiversité, le chien est une catastrophe pour le climat. On n’en parle jamais parce qu’en France, on a plus de foyers qui possèdent un chat ou un chien que de foyers qui ont un enfant”, a-t-il déclaré le 13 décembre 2023 sur LCI.
Concernant les chiens (mais aussi, dans une moindre mesure, les chats), la nourriture que nous leur apportons est pointée du doigt concernant le climat. Selon une étude américaine, publiée dans la revue scientifique Plos One en 2017, la viande fournie aux animaux de compagnie américains dans leur ensemble émettait 64 millions de tonnes de CO2 par an. C’est l’équivalent des émissions de gaz à effet de serre de 13,6 millions de voitures.
Il faut savoir que, même bien nourri, le chat domestique conserve son instinct de chasseur. Il consacre en moyenne 3 heures par jour à la prédation, un chiffre qui monte à 12 heures pour les chats errants, selon l’association France Nature Environnement. D’où un impact réel sur la faune sauvage. Pour avoir une idée de l’impact, un chat domestique avec des propriétaires va chasser en moyenne 27 proies par an. Un chat haret (ou chat errant, revenu à la vie sauvage) chassera, lui, plus de mille proies par an.
Les chats domestiques rapportent majoritairement des petits mammifères, principalement des rongeurs, mais aussi des oiseaux. Les pertes se compteraient en milliards chaque année. C’est d’autant plus inquiétant que, dans des pays industrialisés comme la France, les espèces chassées sont déjà fragilisées par la destruction de leurs habitats, les pesticides, et l’urbanisation.
Parmi les solutions proposées figurent la stérilisation pour limiter la prolifération. Deux avantages à cela : éviter la reproduction anarchique des animaux et limiter leur envie de vagabonder. “En cherchant un partenaire, ils s’aventurent dans la nature, hors du jardin, et peuvent alors s’attaquer à des espèces en danger”, explique Anne-Laure Dugué, responsable du programme “Oiseaux en détresse” à la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux).
Et de préciser : “Arrêtez de laisser sortir votre chat juste après qu’il a plu, c’est là que les oiseaux sont les plus vulnérables”. L’utilisation de colliers avec clochettes est une solution complémentaire. En les rendant moins discrets, on altère leur capacité de prédation. C’est déjà chat…
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