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Comment la France pourrait devenir le pays des low-tech

Quelle place pour les technologies dans le monde à venir ? Depuis le début de la crise sanitaire, nombreux sont ceux qui ont imaginé un possible “monde d’après”. C’est le cas d’experts des low-tech – des technologies simples, durables et accessibles à tous.

Dans le cadre de la 41e Rencontre des agences d’urbanisme du réseau Fnau, en décembre 2020, ces experts ont construit un récit prospectif sur l’évolution de nos sociétés d’ici 2040. Parmi eux, Philippe Bihouix, auteur de L’âge des low-tech, ou encore Quentin Mateus du Low-tech Lab. 

Pour se projeter dans un futur désirable, ils interrogent la place des savoirs et techniques. Leur récit mise sur un essor progressif des low-tech, propulsé par la crise du Covid-19.

Des low-tech pour doper la créativité

Tout commence donc en 2020, alors que le sens du progrès technique est remis en question. Premier constat, dans cette sortie progressive de la crise du Covid : “le tout technologique accapare les débats”. Intelligence artificielle, numérique, avions à hydrogène, 5G… Autant d’innovations high-tech qui sont censées répondre aux défis écologiques et à la relance économique. 

“L’innovation ne doit pas être capturée par la technologie, elle est aussi sociale, organisationnelle, institutionnelle, citoyenne“, écrivent-ils.

Selon les experts, la démarche low-tech “questionne en premier lieu les besoins. À quel point le recours aux technologies est-il indispensable ?” Elle met aussi “les individus en capacité d’agir dans la société. Elle permet une réappropriation des outils, parce qu’ils sont moins complexes, et favorise la créativité humaine”, plaident les experts. 

Selon eux toutefois, le low-tech n’exclut pas le high-tech. “La démarche low-tech remet la technologie à sa juste place. Elle cherche son utilisation juste et suffisante, un mix technologique équilibré entre technologies simples et complexes.”

À lire aussi : Low-tech Lab : “Les low-tech permettraient de lutter contre les maux du XXIe siècle”

Un musée des objets inutiles en 2040

Les experts imaginent aussi une société dans laquelle l’école est transformée. Elle “invite chacun à (re)prendre de l’autonomie sur sa vie”. Le rapport aux objets a lui aussi totalement changé.

La surconsommation n’est plus la norme. “On a substitué à des objets périssables, fragiles, complexes, irréparables, des objets plus robustes, réparables et accessibles”, imaginent-ils. La production s’est relocalisée et la réparation s’est généralisée. 

Une sécurité sociale alimentaire voit le jour.

En 2040, “on a remis du sens dans nos vies”, imaginent les auteurs.

“La convivialité, l’humilité, l’effort, l’adaptabilité et un rapport au monde plus concret sont devenus le nouvel idéal de vie.”

Pour en arriver là, nos sociétés auront cependant traversé des crises. Des canicules, une crise des “gilets verts” ou encore la “crise sanitaire de la Covid-36”, imaginent-ils. Avec, pour finir, l’ouverture du “Musée des objets inutiles du début du XXIe siècle” courant 2040. 

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