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Dans les Alpes, deux truies en altitude pour un restaurant zéro déchet

C’est une transhumance assez atypique qui a eu lieu début juillet au-dessus de Chamonix. Deux truies sont montées s’installer pour l’été dans un restaurant d’altitude. Il s’agit de l’établissement des Deux Aigles, situé sur le domaine de La Flégère, à 1 900 mètres d’altitude face au Mont-Blanc, qui vise le zéro déchet. Pour y monter, les deux cochons, deux femelles nommées Copine et Paupiette, ont tout simplement… emprunté le téléphérique de la Compagnie du Mont-Blanc !

Une fois arrivées, il leur a fallu une petite marche, bien escortées, sur les sentiers pour enfin arriver à destination. Mais que viennent faire ces cochons en altitude ? Ils ont pour mission de manger les détritus alimentaires du restaurant. “Le site de La Flégère devient le premier site (peut-être de France !) sans déchets alimentaires !🥳 Merci aux fous!!!”, se réjouit le restaurant sur sa page Facebook. “L’hiver, nous faisons le compost, mais en été, nous n’avions pas de solution. Ce projet un peu fou nous permet d’apporter une réponse”, explique à WE DEMAIN Jules Ducroz, gérant des Deux Aigles.

Objectif zéro déchet en altitude au-dessus de Chamonix

C’est un festin quotidien pour elles. Épluchures et restes de nourriture des assiettes non terminées des clients finissent dans l’estomac des deux truies. “Copine et Paupiette mangent 10 kg de restes alimentaires par jour”, précise la page Facebook des Deux Aigles. Cela permet au restaurant de devenir un établissement zéro déchets. Un geste pour la planète mais aussi un atout pour le restaurant d’altitude qui évite ainsi de devoir descendre de lourdes poubelles dans la vallée.

“Le plus drôle est que nous n’avons pas assez de déchets pour les nourrir alors nous récupérons aussi les restes alimentaires de deux autres restaurants situés non loin, le Serac et le refuge de la Flégère. Et peut-être d’autres à venir”, précise Jules Ducroz. Les deux truies disposent d’un abri de 16 m2 et d’un parc de 200 m2, entouré de bois. “Pour créer la clôture, la Compagnie du Mont-Blanc a été d’une grande aide : elle a payé le bois et des employés sont venus nous prêter main-forte sur leur temps libre pour la fabrication”, ajoute le gérant.

Réduire l’impact sur la planète, un geste après l’autre

Outre ce premier été en altitude pour les deux cochons, les Deux Aigles ont déjà mis en place de multiples actions pour réduire leur impact sur la planète et atteindre le zéro déchet. “Nous sommes locavores et essayons d’être bio au maximum. Si nous ne pouvons pas nous passer des bouteilles d’eau en plastique en raison de notre localisation, nous ne proposons pas de boissons type Coca-Cola ou Orangina… On évite aussi les petits contenants et réduisons au minimum les emballages alimentaires”, souligne Jules Ducroz.

Installées depuis une petite quinzaine de jours, les deux truies s’acclimatent parfaitement, après quelques déconvenues les premiers jours. “Comme elles finiront à l’abattoir à la fin de la saison, nous avions besoin de deux animaux tatoués et bagués. Or, nous n’avons trouvé que deux cochons roses disponibles. Et en altitude, avec le beau temps, elles ont souffert de quelques coups de soleil à leur arrivée. Mais nous les avons soignées et depuis tout va bien.”

Côté cohabitation, tout se passe parfaitement aussi. Le bouquetin voisin passe régulièrement faire un petit coucou près du parc des deux truies. Et le chien du restaurant, Onyx, est devenu très copain avec les cochons. Un bel été en point d’orgue…

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