Partager la publication "En Arizona, les techniques ancestrales des peuples autochtones contre la sécheresse"
Les lacs Powell et Mead, qui fournissent de l’eau à quelque 40 millions d’Américains, sont en souffrance. Malgré d’importantes chutes de neige en ce début d’année en Arizona, le “megadrought” (ou méga-sécheresse) devrait se poursuivre cette année 2023 dans l’État du sud-ouest des États-Unis, qui accueille notamment le Grand Canyon et dont la capitale est Phoenix. Il s’agit du pire phénomène d’aridité depuis 1 200 ans dans l’Ouest du pays, selon les scientifiques.
Le niveau du fleuve Colorado baisse dramatiquement et les autorités ne cessent de mettre en garde la population sur les conséquences de la sécheresse et la nécessité d’économiser l’eau. Elles réfléchissent aussi à mettre en place des mesures de restriction envers les entreprises qui, jusque-là, puisaient à loisir dans les fleuves, lacs et rivières de l’État. Le gouvernement fédéral a même suggéré qu’il pourrait y avoir une réduction de 20 % de l’allocation d’eau du fleuve Colorado pour l’Arizona en 2023. Mais il reste un autre problème : aux États-Unis, il n’y a aucune restriction d’usage de l’eau lorsque vous possédez un terrain. Vous pouvez donc creuser comme bon vous semble et pomper toute l’eau que vous souhaitez…
Permaculture et arbres fruitiers contre la sécheresse en Arizona
Pour les particuliers avec jardin et les petits agriculteurs, l’heure est aussi à l’apprentissage de la sobriété hydrique face à cette sécheresse historique. Et à la (re)découverte de techniques ancestrales, comme le rapporte le New York Times. Les techniques de permaculture se développent rapidement. Irrigation au goutte à goutte, compostage et collecte des eaux de pluie… autant de solutions à la popularité croissante pour construire des écosystèmes durables. Finies aussi les pelouses d’herbe verte, bien trop gourmandes en eau.
The Urban Farm, une sorte d’université de la permaculture basée à Phoenix, éduque le grand public aux techniques pour faire pousser de la nourriture dans un climat sec. Elle donne des cours, promeut l’implantation de certains arbres fruitiers… et défend la régénération des sols. Après des décennies d’utilisation de pesticides et d’exploitation intensive des champs, l’Arizona redécouvre l’importance d’un sol en bonne santé – et vivant – pour s’adapter face à la sécheresse.
La pandémie comme déclic pour retrouver une agriculture locale durable
Dans le désert Sonora, plus grande zone désertique en Amérique du Nord qui s’étend entre l’Arizona et le Mexique, le Centre Ajo pour une agriculture durable aide les citoyens à cultiver des plants adaptés aux conditions très sèches, rapporte le New York Times. À commencer par les Natifs Américains qui vivent dans la réserve Navajo. Celle-ci s’étend sur une surface un peu plus grande que l’Île-de-France. On n’y trouve pourtant qu’une seule épicerie avec des fruits et légumes frais…
Une partie de ceux qui se sont mis à faire pousser des plants et cultiver la terre ont eu le déclic durant la pandémie. Pendant cette période, on ne trouvait plus aucun produit frais en magasin dans la réserve, les grandes villes s’accaparaient tout. Boîtes de conserve, céréales et sodas étaient le quotidien des habitants de la région. Certains ont donc décidé de créer des potagers. Et comme la ressource en eau est chère, la meilleure solution était de retrouver les technique de “dry farming”, agriculture sèche, utilisée depuis des milliers d’années par les Natifs Américains.
Le retour en force de l’agriculture sèche grâce aux savoirs ancestraux
On parle d’agriculture sèche dans le cas d’une agriculture qui ne nécessite aucune pratique d’irrigation en terrains arides ou semi-arides. Dans ce cas, les précipitations annuelles suffisent pour assurer la croissance des cultures. La plus importante règle est de choisir des plants adaptés au sol et au climat. Pour cela, les savoirs ancestraux navajo aident grandement à faire les bons choix sur la base du principe de l’interdépendance des cultures.
Ainsi, dans le désert de Sonora, agaves et figues de barbarie poussent à l’ombre d’arbres indigènes comme le mesquite et le palo verde. On trouve également des arbres fruitiers comme le grenadier et le figuier. Résultat : ce système de culture est non seulement sobre en eau mais permet aussi la régénération des sols. Et, en plus de permettre aux populations locales de manger plus sainement avec davantage de fruits et légumes frais, ils y trouvent aussi une nouvelle source de revenus en revendant leur surplus.